Vendredi 22 novembre 2024

Politique

Des sympathisants de Rwasa traqués

Une dizaine est incarcérée depuis début mars au sud et au centre du pays, accusée d’avoir tenu des réunions non autorisées. Le porte-parole d’Agathon Rwasa parle d’une chasse à l’homme.

Salvator Nzobonimpa, admis à l’hôpital de Musema après avoir été attaqué à la machette
Salvator Nzobonimpa, admis à l’hôpital de Musema après avoir été attaqué à la machette

Les faits remontent au dimanche 5 mars 2017 dans la zone Kazirabageni de la commune Nyanza-lac. Des sympathisants d’Agathon Rwasa, dont Gordien Habarugira, chef des Fnl en commune Nyanza-lac, Léonidas Manirakiza, chef des jeunes au sein des Fnl dans la même commune, Pascal Ndayikeza, chargé de l’idéologie dans les régions de Buragane et Moso, Antoine Ngiriyabandi, Etienne Mboneye, André Ndayisaba, Gérard Niyonsaba et Jean-Marie Ndayisaba, rendent visite à Prosper Bayisenge alias Nkorokoro, leur ami qui a récemment perdu deux enfants. Ils sont accompagnés par Jean-Marie Nimubona, incarcéré actuellement à Nyanza-lac et Aaron Niyokwizigira, des amis upronistes.

Arrivés sur place, ils sont accueillis, selon des témoins, par une vingtaine de sympathisants de Rwasa. Ils passent de bons moments ensemble et chacun rentre chez lui dans le calme. Le lendemain la traque commence. Des agents du SNR, de la police et des Imborekure arrêtent un à un ceux qui sont allés visiter Bayisenge. « Certains ont été arrêtés sur la route, d’autres chez eux et d’autres encore sur leur lieu de travail », confient nos sources. En tout, huit personnes sont arrêtées le 6 mars et conduites au cachot de Nyanza-lac.

Interrogatoire musclé et tortures

Sur place, confient nos sources, ils sont battus à mort, torturés, interrogés sur la teneur de leur réunion, mais tous rétorquent qu’ils étaient là pour une simple visite. Une source proche du cachot témoigne sous anonymat : « Nous entendions des cris, la nuit. C’était insupportable. Les victimes appelaient au secours et demandaient pardon…» Bien plus, d’après des sources concordantes, les victimes reçoivent des coups de barre de fer et d’autres métaux. « L’un d’eux m’a confié qu’il a senti une douleur atroce dans le dos. Ses bourreaux venaient de le frapper avec une barre de fer qui l’a déchiré.»

Jeudi 9 mars 2017, Pascal Ndayikeza est, à son tour, arrêté sur son lieu de travail, au service d’Inspection. « Des gens ont débarqué à bord d’une pick-up et l’ont ligoté. Ils sont allés fouiller chez lui avant de le conduire au cachot. C’est là que nous avons appris que le premier groupe arrêté venait d’être transféré à la prison de Makamba », témoigne une de ses parentés, les larmes aux yeux. Dans la foulée, Gordien Habarugira et un autre sympathisant de Rwasa sont arrêtés dans la localité de Rubindi. M. Habarugira a été également transféré à Makamba, mercredi 15 mars. Ils sont tous incarcérés à la prison centrale de Makamba, accusés de tenir une réunion non autorisée et d’atteinte à la sûreté intérieure. Ils doivent comparaître incessamment.

Arrestations et attaques à l’arme blanche

Le centre du pays n’est pas en reste dans ces emprisonnements. Célestin Sindayigaya, président du Fnl en commune Kiganda, Siméon Vyemo et Berchmans Nibasumba, ont été arrêtés, lundi 13 mars, sur la colline Kayange par Fabien Butoyi, le chef de zone. « Il était accompagné de l’administrateur communal et de policiers. Ils ont fouillé leurs maisons juste après les voir arrêtés », témoigne une source sur place.

Dans la soirée du 14 mars, un certain Salvator Nzobonimpa, sympathisant de Rwasa, habitant la colline de Nyabibuye de la commune de Butaganzwa en province Kayanza, a été attaqué à la machette par des inconnus. D’après ses proches, l’attaque s’est passée à 400m de son domicile vers 20h. « Il a reçu des coups à la tête et sur les bras. » Ce qui est bizarre, s’étonne notre source, c’est que la victime avait sur lui 600 mille Fbu et des téléphones portables, mais ses agresseurs n’ont rien volé. Salvator Nzobonimpa est en train de recevoir des soins à l’hôpital de Musema.

Aimé Magera : « Il n’y a aucun argument pour les arrêter. C’est de l’abus du pouvoir. »
Aimé Magera : « Il n’y a aucun argument pour les arrêter. C’est de l’abus du pouvoir. »

Pour Aimé Magera, porte-parole d’Agathon Rwasa, c’est la chasse à l’homme contre les membres du Fnl qui continue. « Presque toutes les victimes sont accusées de tenir des réunions illégales sans plus de précision ou d’explication. Il n’y a donc aucun argument pour les arrêter. C’est de l’abus du pouvoir. »

Il soutient que ces arrestations ne visent qu’à provoquer leurs membres pour justifier une répression massive : « Nous avons des preuves que des listes de nos membres à arrêter sur tout le territoire ont été dressées. » Et de demander à la communauté internationale la libération pure et simple de leurs membres et la protection du peuple burundais en général et les Fnl en particulier, cibles du pouvoir depuis des années.

Même son de cloche de la part de Lazare Ndereyimana, 1er secrétaire du parti Uprona en province Makamba, qui assure que les deux membres de sa formation politique n’ont pas commis de délit. «Ils répondaient à une invitation d’un voisin qui avait perdu les siens. Nous demandons donc à la justice de les relâcher.»

Contacté Jean Claude Nduwimana, administrateur de la commune Nyanza-Lac, n’a pas voulu s’exprimer. «Le dossier est au niveau de la justice. Je n’ai pas le droit de dire quoi que ce soit.» Même son de cloche de la part de Gad Niyukuri, gouverneur de la province Makamba. Toutefois, il demande à ses administrés de ne pas se cacher derrière les partis politiques lorsqu’ils commettent des crimes. «La responsabilité est individuelle.»

Forum des lecteurs d'Iwacu

9 réactions
  1. kibwa

    Le titre de cet article est trop politique car dans les faits Rwasa n’a pas de sympathisants.
    Il est fonctionnaire du CNDD-FDD c’est tout. On lui a collé un panier de voix et porte le sobriquet de dépité. Les courtisans en face de lui disent qu’il est honorable mais ça change rien. KIBWA

    • Traduit du kirundi

      @kibwa
      C’est vrai qu’il a l’air bien dépité, le pauvre. Aimé Magera avec!

    • DUCK

      abayoboke arabafitse, ariko arabayovya kandi ntaco abamariye, nkuko nawe ntaco yimariye. Nivyo koko, yarabaye igikoresho ca gouvernement.

  2. MUGISHA

    Cher compatriote, vous qui utilisez ces moyens de communication modernes, nous constatons que nos dirigeants ne pensent qu’à eux et ce qu’ils font soi-disant pour nous ni ukuduhuma amaso. Prenons un exemple pour notre jeunesse : comment peut-on enseigner dans une classe de 80 élèves ? Comment pouvons-nous accepter que la jeunesse se fasse manipuler : JRR, JDBU (Orthographe ?), Sans échecs, Imbonerakure,… Ne jouons pas le jeu de ces politiciens mafieux. Réfléchissons à deux fois quand nous écrivons : militons pour casser ce cercle infernal de violence qui ne sert qu’à une minorité depuis des décennies. Faisons émerger les meilleurs parmi nous et chacun de nous en connaît au moins deux. Deux multipliés par 200 = 400. Ce nombre d’hommes intègres suffiraient pour redresser le pays. Ne jouons pas le jeu de ceux qui continuent à nous maintenir dans la précarité.

  3. jean

    Il y a quelque chose qui ne va pas bien ici: Est-ce que le malheureux papa n’a que des membres du FNL comme amis et voisins pour le consoler? Où étaient les autres voisins, que je m’imagine sont nombreux?

    • Jules M.

      @Jean,

      Umve ivyo uyu nawe ariko aravuga. Il y avait d’autres qui appartiennent au CNDD FDD. Ikiri ukuri nuko hafashwe abari mumigambwe ubutegetsi butinya. Cela etant dit, l’etat n’a rien a faire mumigenderanire abantu bafitaniye… ngaha mu Burundi ntategeko rihana umuntu kubera adafise abagenzi bava muri CNDD FDD. Jewe mbona uyu yiyise Jean yahurudutse muvyo yavuze.

  4. Mafero

    Quand les personnes se reunissent, pour le gouverneur de Makamba, c’est un crime. Donc c’est normal que les agents publics se mettent a les torturer. Il doit avoir reussi avec fracas a l’academie de la jungle ce monsieur!

  5. minani

    c’est comme cela que le pays vit. la peur, la faim, l’exil, la prison la mort c’est le quotidien du citoyen burundais. Mais que le CNDD FDD sache qu’un jour il ne sera pas au pouvoir. et toutes ces gens auteurs de crimes abominables contre les fnl et autres personnes seront jugés.

    • Congo

      Il ne faut pas se tromper d interlocuteur : qui est-ce qui doit protéger la population et ses biens?c’est d abord la police, l armée et après le cndd fdd. En 1972 aucune question n a été posée à l armée, ce fut de même en 1993. Dans d autres pays l armée sort pour des pluies torrentielles. On paie toujours les avantages des militaires mais jusque quand ils vont s abreuver du sang des innocents?

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