L’ancien vice-président de l’OLUCOME a été tué il y a 29 mois. Les bourreaux ne sont pas encore identifiés. Le test ADN de certains officiers de la police demandé par le FBI se fait toujours attendre. Trois questions clefs pour comprendre l’affaire Manirumva
Quand et comment Ernest Manirumva a été tué
Ernest Manirumva a été tué dans la nuit du 8 avril 2009. D’après des sources fiables, les criminels auraient utilisé le code 102 pour le tuer: « Les tortionnaires introduisent progressivement un couteau dans le corps de l’individu. Quand il perd conscience, on le réanime ensuite pour le faire parler ». Son corps a été retrouvé le matin à son domicile situé à Mutanga sud. Il était étendu près de sa voiture dans son garage. Il portait une chemise jaune et un pantalon en tissu de couleur kaki. Une chaussure manquait sur son pied droit. Sur son corps, plusieurs coups de couteau et des plaies béantes étaient visibles. Un dossier vide maculé de sang a été retrouvé sur son lit. La porte de son bureau situé à Kigobe était défoncée et certains dossiers sur lesquels il travaillait ont été volés.
Quid des tentatives pour identifier les bourreaux
Trois commissions ont été mises sur pied mais seule la troisième a produit un rapport. Toutefois, le contenu de ce rapport reste jusqu’à présent secret et se trouverait chez le procureur général de la République.
La première commission n’a pas pu travailler parce qu’elle avait été mise sur pied par le directeur général de la police alors qu’il n’en n’avait pas les prérogatives, selon la société civile.
La seconde commission a été mise en place le 22 avril 2009 par Elysée Ndaye, ancien procureur général de la République. Elle était dirigée par Stany Nimpagaritse et aurait dû rendre son rapport le 22 mai.
La troisième commission a été nommée par le même procureur le 2 octobre 2009. Son président était Adolphe Manirakiza, premier substitut général près la Cour d’Appel de Bujumbura. Le 29 août 2009, la famille d’Ernest Manirumva a procédé à la levée de deuil définitive.
Qui sont les suspects
Dans la correspondance de l’ambassade des Etats-Unis à Bujumbura adressée au procureur général de la République le 26 juillet 2010, le FBI recommande d’interviewer et prendre les échantillons d’ADN de quelques personnalités. Cela intervient après le rapport que le FBI a produit le 09 juillet 2010 après l’interview menée avec un certain Havyarimana, qui affirme être témoin de ce meurtre.
Le FBI précise qu’il est prêt à envoyer deux de ses agents à Bujumbura pour participer aux interviews et conduire le test des échantillons d’ADN. Ces personnes citées par le FBI sont général Adolphe Nshimirimana, le patron du Service National des Renseignements, colonel David Nikiza, ex-commissaire de police dans la région ouest, général Gervais Ndirakobuca, directeur-adjoint de la police nationale et major Désiré Uwamahoro. Ces quatre hauts gradés de la police sont cités par Havyarimana dans le rapport produit par le Bureau Fédéral d’Investigation.
D’autres personnes citées dans la correspondance adressée au procureur général de la République sont:
– Capitaine Pacifique Ndikuriyo. Cet officier de police a été éliminé à son domicile situé à Mutakura.
– Nininahazwe, décrit dans le rapport du FBI comme un commissaire municipal adjoint à l’époque, qui a demandé à Havyarimana d’aller chez Gervais Ndirakobuca
– Ndikumana, adjudant major selon le rapport, qui est lui aussi venu voir Havyarimana
– Jean Marie Niyonzima, officier de police selon le rapport du FBI, qui a intimé l’ordre de confisquer le fusil de Havyarimana
– Tous les membres de l’unité de police dirigée par Ndirakobuca, présents au moment du meurtre