Lundi 23 décembre 2024

Environnement

Des substituants au charbon, une solution à la déforestation

05/09/2021 Commentaires fermés sur Des substituants au charbon, une solution à la déforestation
Des substituants au charbon, une solution à la déforestation
Un stand du charbon dans le quartier Bwiza

Le bois de chauffage et le charbon de bois sont utilisés à plus de 95% au Burundi. C’est très inquiétant d’après les environnementalistes. Ils proposent des produits substituants au charbon pour protéger l’environnement contre la déforestation.

Plus de 200.176 tonnes de charbon ont été utilisées en 2016 contre 177.792 tonnes en 2011, soit une augmentation de 12.58%. Le charbon et le bois de chauffage restent les principales sources d’énergie pour la cuisson des aliments au Burundi.

Cette utilisation à grande échelle du charbon et du bois entraîne la déforestation avec de graves conséquences sur l’environnement, notamment l’érosion des sols et les effondrements.

Des mesures pour protéger l’environnement expliquent la hausse du prix du charbon

Les consommateurs du charbon déplorent la flambée continuelle du prix du charbon et demandent au gouvernement de rendre accessibles et à moindre coût les autres sources d’énergie pour la cuisson comme le gaz et la tourbe.

« Il y a deux ans, j’utilisais mille BIF par jour pour la cuisson des aliments. Mais actuellement, même deux mille BIF ne suffisent pas. Pourtant, je reste convaincu que le charbon reste bon marché comparativement aux autres sources d’énergie », explique T.M., habitant de la commune de Ntahangwa.

A côté de lui, E.K., grossiste en charbon indique que le prix du charbon grimpe au jour le jour suite aux mesures mises en place pour la protection de l’environnement. « Le charbon n’est plus disponible en grande quantité que dans les provinces les plus reculées, notamment Cankuzo et Rutana. Ce qui le rend de plus en plus cher à cause des frais de transport », ajoute-t-elle.

Les substituants au charbon existent et bon marché

« Au Burundi, on n’utilise quasiment que du bois. D’après une étude que j’ai réalisée, ce n’est qu’au Burundi et en République démocratique du Congo que du bois et du charbon de bois sont utilisés dans les grandes villes», fait savoir Pr Nkengurutse Jacques, enseignant à l’université du Burundi.

Pr Jacques Nkengurutse: “ La déforestation entraîne l’exacerbation des effets du changement
climatique.”

Pour Nkengurutse, actuellement au Burundi, les forêts représentent 10% du territoire. Pourtant, une étude effectuée par l’Office burundais pour la protection de l’environnement (OBPE) montre qu’en 2020, le Burundi avait besoin des forêts sur 38% du territoire pour satisfaire ses habitants en besoins énergétiques. Soit un déficit de 28%.
Le professeur Nkengurutse indique qu’il faut innover des technologies permettant de réduire la consommation et augmenter la rentabilité même en utilisant le bois. Il propose deux solutions pour pallier ce défi.

D’une part, l’utilisation des ustensiles de cuisson qui consomment moins d’énergie notamment les braseros dénommés Ziganya amakara et la carbonisation du bois avec de nouvelles techniques. D’autre part, utiliser les substituants au charbon notamment le gaz, la tourbe ou les briquettes combustibles. A cela s’ajoutent des séances de sensibilisation pour le changement de mentalité.

« Même les classes les plus nanties utilisent encore du charbon, suite au manque d’information. Pourtant, le constat est que les briquettes combustibles et le gaz sont moins chers que le charbon », ajoute-t-il.
Il y a deux ans, le gouvernement du Burundi a exonéré le gaz. Cela a permis la baisse du prix du gaz jusqu’à 12%, ce qui le rend moins coûteux comparativement au charbon, précise-t-il.

Pr Nkengurutse affirme que grâce à ces outils, une quantité de bois ne sera pas utilisée et une surface de forêt importante sera préservée. Il souligne en outre que la déforestation entraîne l’exacerbation des effets des changements climatiques.

Des réserves de tourbe abondantes

Avant, les clients se plaignaient de la fumée dégagée par la tourbe arguant que ça pourrait avoir des effets sur la santé. Mais actuellement, avec les briquettes combustibles, ce n’est plus le cas, affirme Ndayiteho Jinny Ange, chef de service planification et exploitation de la tourbe au sein de l’Office national de la tourbe (ONATOUR).
Il indique également que les briquettes combustibles de tourbe sont moins chères par rapport au charbon. Le prix d’un kilo est de 472 BIF.

M. Ndayiteho souligne que d’après les études faites, le Burundi dispose 57 millions de tonnes de gisements de tourbe. Ils sont concentrés dans les marais des plateaux, Gitanga entre les communes Matana et Ryansoro, Gisozi en province Mwaro, Matana en province Bururi, ainsi que dans la vallée de l’Akanyaru (Buyongwe) en province Ngozi.
D’après lui, environ 416.159,835 tonnes de tourbe ont été déjà exploitées par l’Onatour depuis 1977, soit plus ou moins 0.73% des réserves.

L’Onatour indique qu’il produit essentiellement sur commande. Comme il n’en reçoit pas beaucoup, la quantité produite reste minime. Il assure qu’il pourrait produire plus, si la demande s’accentue. Il confie qu’actuellement les principaux clients sont l’armée, Fomi et Buceco.


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