Expiration des licences d’exploitation, énormes dettes fiscales… Certaines compagnies de télécommunication font l’objet d’irrégularités nombreuses, mais disent être à l’œuvre pour rectifier le tir.
La licence d’exploitation de certaines sociétés de télécommunication a déjà expiré et pour d’autres, la date d’expiration approche. Son renouvellement coûte 10 millions de dollars américains, environ 20 milliards de francs burundais sur le taux officiel de la banque centrale (BRB).
L’une de ces sociétés a déjà annoncé que son état financier ne lui permet pas de renouveler sa licence d’exploitation et a demandé l’aide du Gouvernement. « Nous avons une dette de plus de 100 milliards de BIF. De plus, nous avons besoin de 10 millions de dollars américains pour le renouvellement de la licence d’exploitation », a expliqué le directeur général de l’Onatel, le 19 janvier, lors de la visite effectuée, à cette société, par la ministre en charge des télécommunications.
Toutefois, la téléphonie mobile contribue énormément dans l’économie du pays, soit 5% du produit intérieur brut (PIB). De plus, elle permet de booster l’inclusion financière car les burundais ont un engouement des services financiers numériques offerts par les compagnies de télécommunication.
La téléphonie mobile était jusque-là en pleine expansion avec 6.829.238 abonnements au premier trimestre de 2020 et elle a atteint 7.716.805 abonnements au troisième trimestre de 2021, soit une augmentation de plus de 10%.
Le taux de pénétration de la téléphonie mobile a évolué dans les mêmes proportions également. Il a passé de 56% au premier trimestre de 2020 à 64% au troisième trimestre de 2021, selon les données de l’Agence de régulation et de contrôle des télécommunications (ARCT).
Les compagnies de télécommunication font le point
Jean-Marie Lacroix, directeur commercial au sein de Smart (Lacell), indique que la licence d’exploitation de Smart va expirer au mois de juin. Mais, précise-t-il, si la licence expire, il y a moyen de la renouveler.
Il rassure que Smart continue de travailler car les démarches pour le renouvellement de la licence sont en cours : « Nous avons commencé les procédures de renouvellement de la licence d’exploitation et elles vont bon train. Bientôt, nous allons soumettre le plan de développement à l’ARCT. »
M. Lacroix ajoute, en outre, que les discussions avec l’Office burundais des recettes (OBR), pour le paiement de leurs dettes fiscales, ont déjà commencé et avancent très bien : « Il y avait certaines erreurs que nous sommes en train de corriger afin de nous entendre sur la somme à payer. »
Il explique que le retard de paiement de ces dettes fiscales est dû en premier lieu à ces irrégularités qui se sont manifestées et en deuxième lieu à des problèmes de retour sur l’investissement. Il confie que la situation n’est pas alarmante.
Selon lui, Smart comme tout autre investisseur doit s’acquitter de ses obligations fiscales. « Nous allons donc payer après la convention avec l’OBR. D’ailleurs, vous ne pouvez pas quitter le pays sans toutefois payer vos dettes fiscales », tient-il à clarifier.
Quant à Privat Kabeba, directeur général de l’Office national des télécommunications (Onatel), la licence d’exploitation a expiré, il y a bientôt une année. « Nous avons soumis la question à la hiérarchie et nous attendons les directives».
Il indique que le Conseil des ministres du 30 septembre a donné des recommandations pour le redressement de cette société : « Une commission a été mise en place pour élaborer une feuille de route et nous espérons que dans les prochains jours, nous aurons les directives. »
Contacté, le chargé de la communication au sein d’Econet Wireless, nous a promis de s’exprimer ultérieurement.
« Les organes chargés du recouvrement ne font pas leur travail comme il faut. »
Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de la lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome), fustige les organes de l’Etat chargés du recouvrement qui ne font pas leur travail comme il faut : « Ce n’est pas compréhensible qu’une société travaille sans payer les taxes et impôts. Il faut que les organes de l’Etat chargés de percevoir les taxes et impôts changent de comportement. »
Cet activiste soutient que ces sociétés doivent honorer leurs engagements. Et l’Etat doit leur demander des comptes en respectant les conventions.
Samuel Muhizi, directeur général de l’Agence de régulation et de contrôle des télécommunications (ARCT), nous a indiqué qu’il ne peut pas s’exprimer du fait que les licences d’exploitation sont encore valides pour ces sociétés.
Sur la question des dettes fiscales, M. Muhizi indique que l’ARCT veille à ce que ces dernières payent leurs dettes. « En cas de non-paiement, d’autres mesures sont prises, notamment le recouvrement forcé. »
Une société quasiment en faillite, comme Onatel est incapable de payer ses dettes fiscales.