Dans la course pour le pouvoir, les politiques ont recours à des proverbes dans leur communication. Acher Niyonizigiye, consultant en leadership, préconise une communication non-violente pour une réussite des élections de 2020.
Que doit-on entendre par les proverbes d’incitation à la violence ?
Il s’agit des proverbes qui justifient explicitement ou implicitement les actes de violence que l’on peut commettre contre un individu ou les membres d’un groupe donné. Ils jouent le rôle d’apaisement de la conscience de la personne en passe de commettre un acte répréhensible. Ce sont des proverbes utilisés de façon abusive.
« Ubike imbuto mbike imbeba » (« Garde ta semence, je garde des souris ») est un proverbe qui évoque un règlement de compte. Cela signifie que puisque tu m’as fait du mal, je ferai tout pour m’attaquer à ta propre vie. « Uwutambana na mukeba ntakubita urugohe » (« Celui qui danse avec sa rivale ne dort pas »). Le rival est celui qui te veut du mal. Ainsi si tu fermes les yeux, il passera à l’acte.
Pourquoi a-t-on recours à ces pratiques ?
Primo, c’est un sentiment d’égoïsme. C’est une volonté d’atteindre son objectif coûte que coûte. En plein processus électoral, ils visent l’élimination de l’adversaire avant la fin des échéances. En principe, un bon leader devrait abandonner ses intérêts pour ne pas déstabiliser les autres.
Secundo, c’est une autojustification pour commettre un forfait qui est réprimé par le Code pénal et le Code électoral.
Que peuvent être les conséquences pour la société ?
Les frustrations s’installent et conduisent à des actes de vengeance. Les gens subissent des répercussions des situations dont ils ne sont pas responsables. C’est la société qui est déstabilisée. Si c’est un leader politique ou religieux de haut niveau, qui encourage ses partisans à faire le mal, le spectre de la violence devient large. Ce sont des violences de masse.
Les gens ont des connexions émotionnelles. S’il y a des crimes, ceux qui partagent l’identité peuvent se sentir directement visés. Ils peuvent se venger, s’ils en ont l’opportunité. C’est cela qui a causé des violations massives. Le pays peut être déstabilisé pendant plusieurs années. C’est une remise en cause de la stabilité déjà acquise.
En plein processus électoral, que faut-il faire pour prévenir l’irréparable?
Les Burundais ont eu des blessures émotionnelles graves. Certains sont exilés, ont perdu les leurs ou vu leurs biens saccagés. Une retenue serait sage pour ne pas retourner le couteau dans la plaie. C’est comme une bombe à retardement.
Les leaders politiques doivent s’abstenir de tout acte ou parole violente. La violence commence dans les pensées, se transmet par la bouche. Ainsi la violence physique est proche. Il faut utiliser un langage pacifiste de telle sorte que même les adversaires politiques puissent se sentir en sécurité. Présenter leurs projets de société en toute sérénité. Le gagnant et le perdant des élections resteront des enfants d’une même nation.
La Ceni doit s’impliquer pour corriger les dérapages avant qu’il ne soit trop tard.