Le Conseil des ministres de la semaine dernière a adopté le projet de loi portant révision du code de procédure pénale. Un projet décrié.
Des réactions fusent de partout. Jugé déjà anticonstitutionnel par des professeurs de droit, certains habitants de la capitale épinglent ce projet de loi qui permet la perquisition de nuit et sans mandat. « Déjà que nous sommes terrorisés quand on vient fouiller de jour dans nos quartiers et qu’on embarque nos enfants, qu’adviendra-t-il quand ils viendront toquer à nos portes vers minuit ? » s’interroge une femme du quartier Nyakabiga. « Et s’il venait la nuit, sans mandat dans l’obscurité ? » demande un jeune étudiant, visiblement inquiet. Et un homme rencontré en plein centre-ville de Bujumbura de faire remarquer que cette loi risque de permettre à des bandits, se faisant passer pour les forces de l’ordre, de s’engouffrer dans les maisons des particuliers.
Ce projet de loi a été défendu au Conseil des ministres par la ministre de la Justice, Aimée-Laurentine Kanyana. Elle reconnaît que le Code de procédure pénale actuel est récent, datant d’avril 2013. Néanmoins, selon la ministre, une évolution de la criminalité au Burundi a été constatée de telle sorte qu’il faille introduire de nouvelles règles dérogatoires au droit commun de la procédure pénale. Elle spécifie que cela se fera en matière de perquisition où certaines infractions graves limitativement énumérées par la loi, le mandat de perquisition ne sera pas requis et la perquisition de nuit sera autorisée.
On fouillera également dans les mails
Ce projet de loi va plus loin en introduisant également la perquisition numérique permettant de perquisitionner dans les systèmes informatiques et d’y saisir des données. Il prévoit aussi la perquisition en ligne opérée du poste d’officier de police judiciaire, vers le système où l’infraction a été commise ou vient de se commettre.
Selon le Secrétaire général et porte-parole du Gouvernement, Philippe Nzobonariba ce projet tend donc à poursuivre les efforts de la modernisation de la justice pénale. Cela pour faire face aux nouvelles manifestations de la délinquance et de la criminalité. C’est dans ce cadre qu’il y aura des techniques particulières de recherche comme l’observation, l’infiltration, la livraison surveillée, les interceptions de correspondances par voie des télécommunications. La captation des données informatiques ainsi que la sonorisation et la fixation d’images dans certains lieux et véhicules ne seront pas en reste.
Ce projet de loi a été adopté par l’exécutif présidé par le président Nkurunziza. Il sera donc soumis au vote du Parlement.
Que disent les textes ?
La Constitution burundaise consacre la liberté et l’inviolabilité du domicile des citoyens. En son article 28, elle dispose que toute femme, tout homme a droit au respect de sa vie privée et de sa vie familiale, de son domicile et de ses communications personnelles.
Le Code de procédure pénale en vigueur dessine comment on doit procéder à une perquisition. L’article 85 stipule que les autorités compétentes peuvent procéder à des perquisitions moyennant exhibition d’un mandat de perquisition dûment signé par l’autorité compétente.
Article 88 de ce Code indique que sauf en cas de flagrance ou de menace grave à l’intégrité physique des personnes, les visites des lieux et les perquisitions ne peuvent avoir lieu avant six heures et après dix-huit heures.
Restriction de liberté en état d’exception
Toutefois, la Constitution, en son article 115, octroie au président de la République la latitude de proclamer par décret-loi l’état d’exception. Et prendre toutes les mesures exigées par ces circonstances, après consultation officielle du Gouvernement, du parlement, du Conseil de sécurité et de la Cour constitutionnelle. Selon toujours cette disposition, il en informe la nation par voie de message. Cela « lorsque les institutions, l’indépendance de la nation, l’intégrité du territoire ou l’exécution de ses engagements internationaux sont menacés d’une manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics est interrompu. » L’Etat d’urgence est donc un régime d’exception, face à des situations exceptionnelles qui ne peuvent être consacrées de façon permanente.
>>Réactions
Armel Niyongere : « Une façon de légitimer les violences policières. »
En tant que juriste et défenseur des droits de l’homme, il se dit surpris et choqué. Pour Armel Niyongere, c’est vraiment une façon de légitimer les violences policières. « Comme nous faisons le monitoring des violations des droits de l’Homme, nous avions constaté que beaucoup d’exécutions, disparitions forcées, violences sexuelles, tortures etc., sont effectuées la nuit. » C’est en violation du respect de la dignité humaine et aussi contraire à la loi fondamentale qui est la Constitution. « Tout cela montre que le gouvernement du Burundi autorise l’impunité des policiers et des jeunes Imbonerakure. »
Pierre Claver Kazihise : « Des mesures qui rassurent qu’il s’agit des forces de l’ordre en service. »
Le président de Société civile citoyenne, Socic, estime que cette décision de perquisitionner la nuit et sans mandat aura des mesures d’accompagnement pour éviter que des personnes mal intentionnées n’en profitent. « Des mesures qui rassurent qu’il s’agit des forces de l’ordre en service. »
Tatien Sibomana : « Cette loi ouvre la brèche aux abus de tout acabit. »
En tant que juriste et ayant exercé comme procureur, cet acteur politique se dit abasourdi par cette loi. Selon lui, elle ouvre la brèche aux abus de tout acabit. Nous allons assister aux viols, aux assassinats ciblés, aux enlèvements… « Surtout que les victimes ne seront pas en mesure d’identifier leurs bourreaux avec ce problème d’électricité.» Pour Tatien Sibomana, le gouvernement expose, notamment les quartiers qui ont contesté la candidature de Nkurunziza, à la merci des Imbonerakure et de la police. Il en appelle à la responsabilité de tout un chacun. « D’autant que cette loi va préjudicier tout le monde. »
Jean de Dieu Mutabazi : « Il faut pouvoir arrêter un terroriste à n’importe quelle heure. »
Pour le président du parti Radebu, cette loi est nécessaire pour dissuader et combattre certains terroristes qui profitent de la nuit pour commettre leurs forfaits. « Il faut pouvoir arrêter un terroriste à n’importe quelle heure. » Selon Jean de Dieu Mutabazi, ces perquisitions sans mandat et de nuit se font même dans d’autres pays mais dans des cadres exceptionnels pour éviter l’un ou l’autre abus.
Mutabazi, le chantre du pouvoir.
Mutabazi, vous etes ridicule! On vous a jamais entendu parler la misere de la population, la penurie du sucre, le carburant ainsi de suite… mais tu pretends etre un representant du peuple en tant que president d’un parti politique.
Mais quand il s’agit de defendre les interets du CNDD, tu es premier a te faire leur porte parole.
On donne carte blanche aux forces de police, SNR et autres Imbonerakure qui avaient déjà le droit de vie ou de mort sur ceux qui sont censés en désaccord avec le 3è mandat de Président Fondateur à tout faire, quand elles veulent où elles veulent et sur qui elles veulent et comment elles veulent.. ! Ainsi la boucle est bouclée. Qui dit mieux en matière de violation de droits de la personne humaine ?
@Jean de Dieu Mutabazi :Vous voulez faire du Burundi une republique bananière.Qui vivra verra!Malheur aux Gondwanais!
Jean de Dieu (Jean du Régime DD) Mutabazi est le chef de l’opposition alimentaire.
Il est payé pour justifier tous les errements du pouvoir et non pour donner un avis personnel.
L’avez vous entendu piper un mot sur la misère crasse qui frappe les barundi.
1.File d atte te pour le fuel
2. Délestage sauvage
3.Absence de sucre
Non il ne dit rien.Et il se vante d’avoir un parti (Sans membres il est vrai)
Mr Rurihose, qui est content de voir sa population se meurt , n’a pas de carburant, n’a pas de sucre, d’électricité, de travail, de devises ??? Qui est contre le développement communautaire ??? Je ne veut pas de ta réponse car elle est en vous .
De toute façon le Burundi n’est pas un Etat de droit. Une loi de plus ou de moins ne changera rien à la descente aux enfers.
1.Les 3 soeurs italiennes ont été assassinées en plein jour
2. La députée Hafsa Mossi mêmement
3. Le journaliste Bigirimana a été enlevé en plein jour
4.Le sénateur Ntasano aussi enlevé en plein jour.
Il y a pourtant un article quelque part dans la constitution qui exige de faire des enquêtes.
Les a t on fait?
De grâce ne nous parle pas de lois au Burundi
Mutabazi, caisse de raisonnance du pouvoir: il n’a jamais mis en cause les abus du pouvoir! Buyoya disaient que c’etaient des bandits.
C’est cela qui restait pour boucler la boucle sur ce petit pays qui se meurt à petit feu!!!. Désormais, la voie est ouverte pour tous les abus.
dans les pays civilisés on fait des perquisitions de nuit tout en faisant extrêmement attention à la quiétude des citoyens. Dans un pays sans police comme le Burundi où on a fait porter l’uniforme à un ramassis de bandits……on assiera à beaucoup de casses.
Heureusement que cette loi ne duera pas longtemps, tout comme ses initiateurs…….
KIBWA
@kibwa
Ramassis vous-même! Quel langage!
Je ne soutiendrai jamais l’arbitraire vis-à-vis de qui que ce soit, mais aussi je ne traiterai jamais gratuitement quelqu’un d’ordure.
@Banza
Mon interpretation est que le terme « ramassis » est certes pejoratif, MAIS IL NE VEUT PAS DU TOUT DIRE ORDURE.
(Voir ramassis dans le dictionnaire Larousse).