Institutions consensuelles, nouveau cadre de dialogue, réhabilitation des partis politiques, organe neutre et indépendant de gestion des partis, unités de protection pour les leaders politiques en exil, entre autres propositions issues de la session de Ngurdoto.
Les participants aux pourparlers inter-burundais de Ngurdoto recommandent notamment la mise en place d’une commission électorale indépendante comprenant des membres burundais et étrangers. Ils plaident pour la mise en place d’un «mécanisme arbitral indépendant» qui tranchera en cas du contentieux électoral. Ils demandent que le Conseil national de communication (CNC) «s’interdise de toute interférence dans la couverture médiatique des processus électoraux».
Les opposants estiment que des «institutions consensuelles» sont nécessaires pour la mise en œuvre des voies de sortie de crise contenues dans leur proposition. Ils mettent également l’accent sur le mécanisme conjoint de suivi et d’évaluation de l’application des propositions soumises au facilitateur. Leurs membres devraient être des Burundais et des étrangers. Et les Nations Unies en assurera la présidence.
En plus, les participants au dialogue proposent des missions internationales pour l’observation policière et militaire du processus électoral. «Les leaders politiques rentrant d’exil devraient bénéficier des unités de sécurisation».
Ils évoquent la réhabilitation des partis politiques «fragmentés», des médias «fermés ou détruits» et des organisations de la société civile suspendues ou radiées.
Ils exigent la levée des mandats d’arrêt émis ainsi que la libération «inconditionnelle» des prisonniers politiques et d’opinion dont les manifestants de 2015. Ils proposent la mise en place d’un organe indépendant de gestion des partis politiques pour le respect des règles qui les régissent. Celui-ci s’investirait de surcroît dans la création d’un fonds de financement de ces partis.
«Un document aux antipodes de la Feuille de route de Kayanza»
Pour les partis politiques qui ont boycotté ce round, les propositions qui en sont sorties ne diffèrent en rien de celles de la 4ème session de décembre 2017.
Jean de Dieu Mutabazi, président du parti Radebu, soutient que leurs propositions s’écartent beaucoup de l’esprit de la Feuille de route de Kayanza. Or, celle-ci donne des propositions pour une bonne préparation des élections de 2020.
Il s’étonne que les participants au dialogue de Ngurdoto exigent des unités de sécurité constituées de militaires et policiers étrangers pour rentrer. «Cela est incompréhensible d’autant plus que la sécurité d’une bonne partie des signataires est assurée par des Burundais».
M. Mutabazi accuse certains d’entre eux de tenir un double langage. «Parmi eux, il y en a ceux qui reconnaissent les résultats des élections de 2015 et qui ont même participé au référendum constitutionnel». Il est incompréhensible que ces derniers proposent la mise en place d’un gouvernement de transition.
Même son de cloche pour le parti Uprona. «Pas mal de leurs recommandations sont difficilement applicables», indique Olivier Nkurunziza, secrétaire général de ce parti. Il s’en tient notamment à la recommandation de la mise en place des institutions consensuelles. «Ce serait faire une marche en arrière car le Burundi est dirigé par des institutions issues des élections».
Au sujet de l’implication des étrangers dans la Ceni, Olivier Nkurunziza n’y va pas par quatre chemins : «Cette commission ne serait plus indépendante». Il tolère plutôt la présence des observateurs étrangers. Quant à la levée des mandats aux politiques, le secrétaire général de l’Uprona soutient que justice soit faite.