Après plusieurs informations faisant état d’un affrontement entre deux groupes des FNL dans l’Est de la RDC, les reporters d’Iwacu se sont rendus à Runingu, Kiliba et Sange. En effet, le choc a été sanglant. Récit.
<doc6727|left>Le processus de destitution d’Agathon Rwasa commence en janvier 2013 en RDC (République Démocratique du Congo). Néanmoins, d’après nos informations, certains combattants comme Rogacien Negamiye, chef d’Etat-major adjoint s’y oppose. Ce dernier travaille avec certains Congolais pour perturber ce plan de destitution. C’est le cas d’un certain Kilolo, un combattant Maï-Maï du grade de colonel. Toutefois, Kilolo est arrêté à Sange le 2 janvier par les agents de l’ANR (Agence Nationale de Renseignements). Nos sources en RDC affirment qu’il est alors emprisonné au camp militaire de Kiliba.
Le 4 janvier, selon toujours les informations recueillies en RDC, le groupe d’Aloys Nzabampema, chef d’Etat-major, hostile à Rwasa, et de son adjoint Rogacien Negamiye, pro Rwasa s’affrontent. Le bilan est lourd. Rogacien, connu sous le nom d’Abdallah en RDC et trois agents de transmission de Nzabampema sont tués.
Aloys Nzabampema est blessé au niveau de l’abdomen et des cuisses. Il est vite évacué par d’autres combattants vers les hauts plateaux de Sange pour être soigné. Entre-temps, Kilolo, le combattant Maï-Maï pro Rwasa est libéré. Il est obligé d’aider les Forces Armées de la République Démocratique du Congo et les agents du SNR burundais pour mener des attaques sur les positions militaires du FNL parce qu’il connaissait leurs emplacements.
|{Les nouveaux dirigeants du FNL selon le communiqué : Ambassadeur Isidore Nibizi, président / Cossan Kabura, vice-président / Aloys Nzabampema, chef d’Etat-major général / Nestor Nizigama et Paul Abayisenga, chefs d’Etat-major adjoint}|
D’après nos sources au Congo, les FNL de Nzabampema sont alors contraintes à se replier et installer leur Etat-major dans les hauts plateaux de Mwushuri, dans la collectivité des Bavira. Comme Iwacu l’a constaté, c’est dans les hautes montagnes, entre Uvira et Kiliba, à plus de quarante kilomètres de la RN5, route Uvira-Bukavu. Des coups de feu et crépitements d’armes lourdes se faisaient attendre jusque ce mercredi dans ces localités.
Les principales causes de la destitution de Rwasa
Malgré la dénégation des proches d’Agathon Rwasa, le chef rebelle a été destitué lundi 14 janvier 2013 par le bureau politique et l’Etat-major de son mouvement.
Selon un communiqué du FNL conjointement signé par le chef d’Etat-major et le nouveau président de ce parti, Rwasa est accusé de « démissionnaire. »
Ce communiqué précise qu’il n’a pas été en mesure de « cimenter l’unité du parti depuis plus d’une année. » Par ailleurs, ses anciens compagnons reprochent à Agathon Rwasa d’avoir détourné les fonds du parti et semé des divisions et du désordre entre les combattants.
Plus grave, les signataires de ce document accusent Rwasa d’entretenir « des relations avec le pouvoir de Bujumbura au moment où les militants du FNL sont tués chaque jour sans aucune défense. »
Dans ce communiqué, Rwasa est accusé de « s’ériger en incontestable dictateur dans la gestion du parti et de se réfugier derrière la parole de Dieu pour endormir la conscience des membres. » Aloys Nzabampema et Ambassadeur Isidore Nibizi précisent que plusieurs pistes de solutions aux problèmes qui minent le parti ont été proposées sans succès. Pourtant, les « nouveaux dirigeants » du FNL reconnaissent que ce changement n’est pas une fin en soi mais un nouveau démarrage des activités. Ils s’engagent à combattre militairement le pouvoir de Bujumbura.
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||Commentaire||
<doc6728|right>Les conséquences pour le FNL
Même si ce changement est qualifié « d’affabulation » selon une certaine opinion, ce communiqué va dérouter les membres du FNL. Certains vont se ranger du côté d’Agathon Rwasa, d’autres vont servir le nouveau maître. Déjà, le fait que des responsables de l’Etat-major se sont affrontés cela signifie que les FNL sont divisés.
Or, le parti FNL connaissait déjà plusieurs ailes. Cette situation ne fait que l’affaiblir davantage.
La tentative d’éviction de l’opposant historique par le pouvoir ne date pas d’aujourd’hui. Il y eu déjà d’autres tentatives. Le service national de renseignements et le pouvoir de Bujumbura avaient peur d’Agathon Rwasa parce qu’il représentait une grande force au sein de l’opposition. Ils avaient lancé plusieurs équipes à ses trousses mais ne parvenaient pas à le localiser. Ce dernier « coup d’Etat » dans le parti FNL va encore fragiliser Rwasa.
Des combattants loyalistes au leader historique vont se sentir abandonnés. Ils risquent d’être totalement désorganisés et perdre le moral. D’autant plus que leur chef ne communique plus. Ou alors par envoi d’une cassette aux radios locales. Son absence prolongée va asséner un coup dur au moral des rebelles, laissés à eux-mêmes sans leader.
Cette division des membres du parti de Rwasa va sûrement profiter au parti au pouvoir. Les assassinats des membres du FNL risquent de redoubler d’intensité. Le prétexte est tout trouvé : ce sont des rebelles ou terroristes qui viennent de déclarer officiellement la guerre.
Certains observateurs voient la main du pouvoir derrière ces sanglantes divisions. En effet, des informations concordantes font état de la présence des éléments de la FDN et du SNR qui ont franchi la frontière congolaise depuis ce lundi. Ils sont passés par la frontière de Vugizo pour traquer les FNL qui se cachent dans les hauts plateaux. La scission des FNL arrange le Cndd-Fdd. Rwasa constituait une alternative pour les élections de 2015 …
Les nouveaux dirigeants du FNL rejoindront-ils l’ADC-Ikibiri ? Que deviendrait cette alliance, sans le parti FNL qui avait obtenu 14% dans les communales de 2010 ? Questions pour le moment sans réponse…