Le nouveau spécimen de diplôme de baccalauréat contraint les lauréats de faire une nouvelle commande. Devront-ils s’acquitter d’autres frais pour obtenir le précieux sésame? Différents responsables d’universités donnent leur position.
Il y a quelques mois, le ministère de l’Education a exigé l’uniformisation de tous les diplômes de baccalauréat : ils doivent être entérinés par une commission mise en place à cet effet. Une preuve que le diplôme est attribué légalement.
Mais plusieurs lauréats avaient déjà retiré leurs diplômes à 50 mille Fbu, voire 60 mille. Devront-ils de nouveau mettre la main à la poche pour obtenir le « vrai ».
La réponse diffère d’une université à l’autre. Le recteur de l’Université Lumière de Bujumbura, Deo Nimpagaritse, estime que les diplômes devront être payés de nouveau. Il affirme que ce n’est pas la faute à l’université. « L’université avait déjà délivré les diplômes et leur confection demande beaucoup de moyens. »
D’ailleurs, signale le recteur, le coût peut être revu à la hausse, car le format n’est plus le même. Il précise que la somme n’est pas encore déterminée. Le diplôme se paie 50 mille Fbu à cet établissement universitaire.
Même son de cloche à l’université des Grands Lacs. « Le lauréat qui aura besoin du diplôme entériné doit absolument refaire la commande. Et ainsi payer de nouveau puisque les diplômes doivent être confectionnés à nouveau », dixit Abbé Emmanuel Nkurunziza, responsable adjoint des enseignements.
Pour la production de chaque document, explique ce responsable, c’est tout un processus : le personnel, l’encre, les cartons… tout un service qu’il faut payer.
Il fait remarquer que même les universités en feront les frais : « S’il y a des établissements qui ont fait des stocks de diplômes, ils devront être détruits. » Le diplôme se paie 30 mille Fbu sur cet établissement.
A l’Université Espoir d’Afrique, le retrait du diplôme exige désormais le paiement de 50 mille Fbu, depuis la décision d’entérinement, d’après le recteur. Auparavant, le retrait était gratuit.
Lueur d’espoir ailleurs…
Le recteur de l’université du Lac Tanganyika (ULT), Evariste Ngayimpenda, se montre rassurant : « Celui qui a déjà payé le diplôme ne payera pas de nouveau. Ce genre de décision ne devrait pas retomber sur les étudiants. »
Pour lui, il n’y a pas de lien entre les moyens utilisés pour confectionner le diplôme et son paiement. « C’est juste pour contribuer à la croissance, au développement de l’université ».
Cependant, Evariste Ngayimpenda estime que tous les diplômes ne devraient pas être entérinés. Il devrait y avoir « deux systèmes de diplomation », comme le souligne la nouvelle loi portant réorganisation de l’enseignement supérieur : le diplôme de l’université ou le diplôme entériné.
Quand l’Etat a déjà validé les programmes d’une université, explique-t-il, cette dernière est libre de délivrer le diplôme qui sanctionne les compétences de l’étudiant. L’entérinement n’est que la reconnaissance du diplôme par l’Etat. Mais il n’empêche pas la validité du diplôme non entériné.
Le diplôme est délivré à 60 mille Fbu à l’ULT. Le recteur précise que celui qui n’avait jamais retiré son diplôme devra débourser entre 60 et 65 mille Fbu pour avoir le nouveau diplôme.
Même position à l’université Martin Luther King. Bien que la décision ne soit pas encore prise, le vice-recteur, Emery Nimpaye, estime que les lauréats qui avaient déjà retiré leurs diplômes ne devraient pas repayer. « Sauf si le ministère exige de l’université à payer l’entérinement. » Le diplôme s’y délivre à 50 mille Fbu.
Entre colère et désespoir
Certains lauréats sont fâchés. D’autres désespérés. D.N., lauréate à l’Université Lumière, n’en revient pas. De la première promotion, elle a retiré son diplôme à 50 mille Fbu, il y a deux ans. « Payer encore 50 mille ? Ce sont des magouilles de l’université. J’ai payé 50 mille pour qu’on me donne un faux diplôme ? »
J.U., lui aussi lauréat à l’Université Lumière, confie qu’il peine déjà pour avoir les frais académiques, soit plus de 400 mille par an. Il a terminé son cursus grâce au soutien financier d’un membre de sa famille. Il avait retiré le premier diplôme tardivement, faute de moyens. « Comment oserai-je lui demander encore 50 mille ? »
Signalons qu’à l’Université du Burundi, c’est une autre réalité. Au moment où la délivrance des diplômes de baccalauréat est suspendue dans les universités privées, le retrait est possible à l’UB.
Le directeur académique, Paul Hakizimana, assure que le lauréat qui le souhaite peut faire un retrait provisoire du diplôme non entériné. Il coûte 10 mille Fbu. Le retrait définitif du diplôme entériné se paie à 20 mille Fbu.
Entériner un diplôme est un acte de validation dudit document par un organe habilité ou une commission dont les membres sont nommés en fonction de leurs compétences à cet effet. Or les cursus des étudiants de l’UB et ceux des universités privées sont connus et approuvés par le ministère en charge de l’éducation au Burundi. Il serait alors impensable de faire payer doublement un diplôme avec des sommes aussi faramineuses quand on sait que l’obtention d’un diplôme universitaire équivaut à un ouf de soulagement pour l’étudiant, les parents, les voisins ….tous ceux qui apportent leur contribution pour qu’un fils ou une fille de la nation soit déclaré officiellement titulaire de tel ou tel diplôme. A présent il me semble qu’à l’UB le problème ne se pose pas encore et c’est d’autant mieux car c’est à partir de RUMURI ( Le Flambeau ) que nous pourrions envisager une solution : une commission composée de représentants de l’UB d’une part et de représentants des universités privées d’autre part suffirait pour analyser à la loupe tout diplôme présenté (peu importe le format, la couleur…pourvu qu’il soit délivré par une université connue) avant de le valider. La commission se réunirait en fonction du nombre de diplômes présentés pour entérinement et les services de communication se chargeraient des détails. Cela éviterait aux universités de devoir refaire des commandes pour la délivrance de diplômes à leurs lauréats respectifs. Pensons aussi à l’écologie responsable dans tous nos gestes de la vie quotidienne. Imaginons des stocks de papiers- diplôme détruits pour en commander d’autres. Quel gâchis ! Pensons à la peine de nos parents quand il faut acheter le nombre de cahiers exigés pour chaque enfant à charge à la rentrée scolaire ! Enfin pensons à jeter un regard furtif lors de nos joggings ou promenades le week-end en longeant le Lac Tanganyika ! Peut-être que l’industrie du papier n’est pas concerné… mais à mon avis nous y avons tous notre part.
Vous proposez qu’il y ait un comité interuniversitaire qui décide du format et du graphisme du diplôme à chaque fois qu’il y a un diplômé?
À quoi bon résoudre un problème par un autre? Cette solution instaurerait une bureaucratie supplémentaire unitile. Sans oublier que ce n’est pas facile de réunir tout le temps les membres d’un comité.
Tout ce que cela prend, c’est infographiste/artiste pour concevoir l’image du diplôme à imprimer. Un diplôme standard, commun à toutes les université, pour chaque niveau de diplômation (ex. Un seul modéle pour le BAC, un autre pour la maîtrise, et ainsi de suite).
Il va sans dire que la gestion (délivrance, retraits, duplicata, etc.) devrait être confiée à l’État, pour éviter des abus et des désordres.
Les universités n’auraient qu’à transmettre les noms et les détails des lauréats au ministère, et l’étudiant n’aurait qu’à se présenter pour le retirer… gratuitement s’il vous plaît!…
Ce n’est pas qu’une simple solution parce que dans le cas où les universités privées cessent leurs activités (faillites, catastrophes naturelles, incendies, actes criminels, etc.), un ancien diplômé qui aurait besoin d’un duplicata de son diplôme serait rassuré de pouvoir en faire la demande au ministère.
Il faut toujours prévoir et prévenir, autant que faire se peut!
Il faut toujours faire ce qui plait a Gacece. Un point et un trait.
@Gacece Nelly
Il faut faire ce qui est raisonable et être prévoyant! Donnez une meilleure solution et je suis prêt à la supporter. Un point et un trait!
A M. Gacece
Nous semblons dire la même chose sauf que vous commencez par déformer complètement mes propos. S’il vous plaît ! Relisez-moi et relisez-vous ! Loin de moi l’idée de réunir une commission statuant sur le format, le graphisme… de chaque diplome.
Salutations
@Barihuta
À quoi bon réunir un comité d’universitaires pour « analyser à la loupe » et valider tout diplôme de chaque université? Le diplôme est un papier. Et sur un papier, on y trouve des lettres, des mots, et des images. C’est le design du diplôme! Rien de plus, rien de moins!
Le design, le lettrage et le images, c’est un travail qu’on peut confier à un seul infographiste. Pour les mots, ils sont aussi simples que :
« En cette année de 2018, Madame Untelle a rempli les conditions requises pour le programme de Baccalauréat en Mathématiques à l’Université de Rushubi. En foi de quoi, il s’est mérité le titre de Bachelier en Mathématiques du Ministère de l’éducation du Burundi. »
Cela n’est qu’un exemple. Si on doit convenir de réunir un comité formé d’au moins une personne de chaque université pour s’entendre sur une formule à inscrire sur le diplôme dans le but de l’uniformiser « au goût » de tout le monde, je n’y voit aucun problème.
Bien à vous.
Merci à M. Gacece, juste pour vous faire remarquer que mon intervention allait dans le même sens que la vôtre : éviter que le lauréat d’une université paie doublement le retrait de son diplôme au service de scolarité concerné. Les questions de commissions, comités, format, graphisme et autres qui ne sont pas des moindres par ailleurs seraient abordées juste après avoir résolu ce problème qui vient de se poser pour la première fois et dans l’immédiat. N’oublions pas non plus qu’un étudiant qui a peiné tant physiquement qu’intellectuellement pour obtenir son diplôme n’a pas encore vu le bout du tunnel : inutile pour lui d’aller s’épuiser cette fois-ci physiquement ( sous la chaleur écrasante de Bujumbura avec le prix du ticket de bus revu à la hausse au moins une fois les six mois ) en tapant à toutes les portes à la recherche d’un emploi sans « le papier-sésame » en poche.
Pour conclure, mon idée est qu’il faut éviter à tout prix qu’un étudiant qui a déjà retiré son diplôme soit obligé de payer encore une fois pour le même service quel que soit le motif y compris l’entérinement.
A présent je remercie vivement :
-L’équipe d’ IWACU LES VOIX DU BURUNDI pour avoir mis en ligne cet article : « Des lauréats d’universités désemparés »
-M. Gacece pour ses interventions, peu importe les quelques désaccords entre nous deux mais ayant le même but d’après mon humble avis.
-M. Kabadugaritse pour ses interventions que je juge personnellement très pertinentes.
A TOUTES ET A TOUS, chers internautes, merci et bonne continuation. Je me permettrai de revenir vers vous mais pour un autre article et toujours avec IWACU LES VOIX DU BURUNDI.
Barihuta
Mu Burundi amaronko yaradutwaye umutima n’ubwenge ku buryo vyose dusigaye tubivunja mu mafaranga kugira dukunde dushikire ivy’isi. None ubwo tuzobijana mw’Ijuru???!!!
Umuco w’ubuntu n’urukundo vyagiye he?
L’étudiant d’une université privé paie déjà tous les cours et les autres frais afférents!
Pourquoi faire encore payer à un étudiany un coût pour avoir son diplôme, alors qu’il a payé tous les cours qui lui donnent le droit de l’avoir?
Aucune logique! Je peux comprendre que les patrons de ces universités privés sont là pour faire des affaires, mais il ne faut pas le faire en abusant de clients.
Faisons un petit calcul:
– 1 paquet de 200 papiers durs pour diplômes devrait coûter moins de 30$ US; soit environ 55 000 BIF. Notez que j’ai tenu compte des coûts excédentaires dus à l’importation puisqu’un tel paquet coûte entre 18$ et 25$).
– Ajoutons 50 000 de coûts administratifs pour la conception d’un modèle de diplôme (travail qui ne devrait pas prendre plus d’une journée), le sceau, la signature, corrections des erreurs, le travail de secrétariat…
– Ajoutons à cela les coûts liés à l’impression (encre et autres équipements) : disons 250 000 BIF pour imprimer 200 diplômes.
– On a déjà 355 000. Arrondissons à 400 000 BIF.
– Exagérons encore un peu et doublons ce montant puisqu’ils sont « en affaires », qu’il y a d’autres coûts de fonctionnements, de manque de rigueur, etc., etc. Nous avons 800 000 BIF pour 200 diplômes flambant neufs, soit 4 000 BIF par diplôme!
Conclusion, un étudiant ne devraient pas payer plus de 10 000 BIF (Burundi Franc) pour avoir le diplôme qu’il a déjà gagné en payant ses frais de cours.
Cessez et/ou faites cesser ces extorsions!