Samedi 23 novembre 2024

Les billets d'Antoine Kaburahe

Des juges face à leur conscience

07/06/2020 Commentaires fermés sur Des juges face à leur conscience
Des juges face à leur conscience

Nous avons reçu plusieurs messages d’encouragement de magistrats burundais choqués par la décision prise par « la Cour d’appel de Ntahangwa. » Tristes, ces magistrats regrettent la décision prise par trois de leurs collègues et estiment que l’opprobre ne devrait pas retomber sur tout le corps. « Nous savons que ces journalistes sont innocents », disent-ils.

Par honte ou par méchanceté, ou les deux à la fois, les trois magistrats ont lu leur verdict le jeudi 4 juin en l’absence des journalistes et de leurs avocats. Il paraît que ce n’est pas illégal, mais par courtoisie ou humanité, souvent les juges préviennent au moins les avocats des détenus. Les trois juges n’ont pas eu ce courage.

Au Burundi, il est rare que les noms des juges soient publiquement cités et pourtant rien ne l’interdit.  Que ce soit pour les juges ou pour la police, il faut briser cet anonymat si confortable. Ainsi, dans la terrible affaire qui déchire les Etats-Unis après le meurtre de Georges Floyd, les médias ne parlent pas de « la police de Minneapolis », mais de « Derek Chauvin » un policier de Minneapolis. Certes, la « Justice » et la « Police » sont des institutions mais l’injustice a toujours un nom et un visage. Les actes ne sont pas posés par des corps éthérés, mais des hommes en chair et en os, responsables, qui savent ce qu’ils font. En pesant de tout son poids sur le cou de l’Afro-Américain Georges Floyd, le policier blanc Derek Chauvin savait ce qu’il faisait.

En confirmant le verdict contre nos quatre collègues, Yvonne Kwitonda, Jean-Marie Nibigira et Alain Christian Nijimbere savaient qu’ils maintenaient injustement en prison quatre innocents. Ils savaient que le petit Dylan serait privé de sa mère Agnès durant deux ans et six mois.

Vendredi soir, Yvonne Kwitonda, Jean-Marie Nibigira et Alain Christian Nijimbere sont rentrés dans leurs familles, ont certainement cajolé, joué avec leurs enfants. Le même soir, quatre innocents regagnaient leur cellule, pour leur 226ème nuit en prison. La même nuit, les 3 juges ont-ils bien dormi, une fois seuls avec leur conscience ?

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