Le Réseau national des jeunes vivant avec le VIH (RNJ+) vient d’organiser le premier forum national des jeunes et adolescents séropositifs. Une véritable opportunité d’exprimer leurs problèmes.
130 jeunes séropositifs mais des filles et garçons rayonnants, en bonne santé…issus de toutes les provinces du pays. Derrière leur bonne mine, se cachent de sérieux problèmes liés essentiellement au traitement inefficace et à la discrimination.
Mardi 18 décembre, premier jour de ce forum national à Bujumbura qui durera trois jours (18-20 décembre). Toutes les provinces sont représentées. Un point essentiel à l’ordre du jour : échanges des jeunes séropositifs sur les problèmes dont ils font face. Un représentant du Programme national de lutte contre le sida (PNLS) est présent pour noter leurs préoccupations.
Marie-Claire, 18 ans, vient de Ngozi. Née séropositive, elle a perdu ses parents à 3 ans, emportés par le VIH. C’est à 12 ans qu’elle découvre qu’elle est séropositive. Depuis lors, elle a vécu l’enfer. « Mes camarades de classe ne voulaient pas m’approcher. »
Déprimée, cette élève avait pris l’habitude de se réfugier dans une forêt, seule. Elle se montrait rarement. « J’étais même incapable d’aller chercher les antirétroviraux. » Mais depuis qu’elle a intégré le RNJ+, sa vie a changé.
Mireille, 25 ans, de Bujumbura rural, n’a pas connu la marginalisation parce qu’elle n’ose pas révéler qu’elle est séropositive. Prostituée, elle a été contaminée par son client. Mais elle n’est pas prête à abandonner. « La prostitution est le seul moyen d’élever mon enfant. »
Ces jeunes séropositifs s’accordent sur le problème : la discrimination. Nombreux sont ceux qui affirment qu’ils n’osent donc pas avouer leur état de santé. Certains doivent jouer à cache-cache pour accéder aux services de soins.
Réticence des jeunes sur le traitement, le grand défi
4,5% est le taux de séroprévalence chez les jeunes de 15 à 24 ans, soit 4 fois plus le taux de séroprévalence de toute la population burundaise (0,9%), d’après le représentant légal du RNJ+, Fabien Ndikuriyo.
L’Etude démographique de la santé (EDS 2016-2017) montre qu’à peu près 3.500 adolescents âgés de 10 à 24 ans ont été dépistés séropositifs. Moins de 500 ont commencé les ARV.
Le représentant légal du RNJ+ parle de décès inexpliqués des jeunes séropositifs, ces derniers temps. « Plusieurs échecs thérapeutiques sont signalés. La charge virale reste très élevée chez les jeunes. »
Et pour causes : la discrimination des jeunes séropositifs qui entraîne leur réticence à accéder au traitement. Un mauvais accueil du personnel soignant. La communication violente des prestataires. La priorité donnée aux adultes avec une déconsidération des jeunes. Complexe chez les jeunes liés au changement physique dû aux ARV, etc.
M. Ndikuriyo déplore de surcroît des subventions du fonds mondial qui ne tiennent pas effectivement en compte les jeunes et adolescents séropositifs.