{Manifester leur colère, leur souffrance par rapport à leur avenir incertain, dire « Non» à l’humiliation}, sont les justifications d’une manifestation des jeunes militants des partis politiques d’opposition réunis au sein de l’ADC- Ikibiri, ce dimanche 8 avril en face de l’église catholique "Mont Sion" de Gikungu.
<doc3556|left>Il est 8 h 30. Des chrétiens se dirigent vers l’église Mont Sion de Gikungu pour la deuxième messe pascale, la police est là en train de réguler la circulation. Tout semble normal. Mais soudain, une équipe de neuf jeunes gens dont deux filles font irruption sur la route menant vers cette église souvent très fréquentée.
Ils se divisent en trois groupes : l’un se pointe vers la route principale venant de l’hôpital militaire, un autre se met au bord de la route venant de la commune Gihosha et le troisième se tient à une vingtaine de mètres de l’église où beaucoup de policiers étaient rassemblés.
Surpris, ces policiers ne savent que faire mais ces jeunes tiennent fermes avec des pancartes. On pouvait lire sur ces dernières : « BANA B’IMANA, MUSENGERE ABITA ABANDI « MUJERI » BAHINDURE ; TUZOKWIHANGANIRA AKA GASUZUGURO GUSHIKA RYARI ? ADC-IKIBIRI GARUKIRA ABARUNDI ». {(Enfants de Dieu, priez pour la conversion de ceux qui considèrent les autres comme des « Mujeri » ; Jusqu’à quand allons-nous supportez cette humiliation ? ADC-Ikibiri, vient au secours des Burundais).}
Les voitures, les motos, les piétons, … tous s’arrêtent pour lire ces messages. La police s’active, s’agite et les passagers assistent à cette scène inhabituelle. Ils murmurent : « Qui sont ces gens ? Mais ils sont très courageux ».
Un taximan sur place souligne que « compte tenu des propos tenus par le président qualifiant les pauvres de Mujeri, cette action n’est pas surprenante. » Nous tous, précise-t-il, nous devrions dire {Non} à ces propos injurieux et humiliants.
Ces jeunes gens étalent ces pancartes pendant un bon bout de temps. Finalement, ces militants de l’opposition les laissent à même le sol pour que ces messages puissent être lus par plus de fidèles mais la police a vite ramassé ces pancartes.
Par après ces manifestants se sont dirigés vers la Permanence du parti Sahwanya FRODEBU se trouvant à une trentaine de mètres. A ce moment, les éléments de police deviennent de plus en plus nombreux.
Le président de l’ADC-Ikibiri, Léonce Ngendakumana et le porte-parole de cette coalition, Chauvineau Mugwengezo, ainsi que d’autres membres de leurs partis attendent ces jeunes militants à l’intérieur de cette Permanence. Des tapes sonores, des accolades en guise de félicitations pour cette opération sont échangées.
Une action tout à fait normale
Selon Léonce Ngendakumana, cette action est consécutive au discours du président de la République divisant en deux parties la population burundaise : une partie des riches et une autre des pauvres comparée aux chiens errants faméliques « Mujeri ». Pour lui, ces jeunes ont voulu dire « Non » à cette humiliation et attirer l’attention des autres Burundais que « le pays évolue vers une dérive ». Le président de l’ADC-Ikibiri reste convaincu que c’est un droit pour tout Burundais de manifester pacifiquement.
Pour Sylvestre Ntibantunganya, sénateur et ancien président de la République, chaque Burundais a le droit de dire un mot sur ce qui se passe dans le pays.
10 h 30, le climat redevient normal, mais le message est passé.