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Des Imbonerakure aux allures de milice ?

05/05/2013 Commentaires fermés sur Des Imbonerakure aux allures de milice ?

Depuis juin dernier, des habitants de Bubanza et Cibitoke sont battus pendant la nuit. Les victimes accusent les Imbonerakure. Le président de la ligue des jeunes du parti présidentiel balaie du revers d’une main ces allégations.

<doc4695|left>Cassien Hatungimana a été contraint de quitter Gihanga, sa commune natale. D’après lui, 18 membres de la ligue des jeunes du parti présidentiel l’ont battu dans la nuit du 4 juillet de cette année vers 21 heures 15 minutes: « Ils portaient de longues vestes noires et avaient des gourdins et des fers à béton », affirme-t-il. Selon lui, ces jeunes se sont mis à le tabasser en l’accusant d’appartenir au parti FNL. Ce père de trois enfants révèle que ces Imbonerakure lui ont dit qu’ils ont une mission d’assurer la sécurité sur l’étendue de la commune Gihanga.

Cassien Hatungimana assure avoir eu la vie sauve au moment où ces jeunes partageaient 135 mille Fbu qu’ils venaient de tirer de sa poche : « J’ai profité pour fuir et je me suis caché dans un buisson. » Comme Iwacu l’a constaté, son bras droit est bandé. « Je suis presque invalide», déplore-t-il. Il se souvient avoir identifié certains de ses tortionnaires comme Bigirimana, Dieudonné, Claude et Ngingi. Curieusement, témoigne-t-il, l’OPJ (Officier de Police Judiciaire) a émis des mandats d’arrêt, mais Guillaume Magorwa, commandant de la brigade Gihanga, a refusé qu’ils soient arrêtés. Ne sachant plus à quel saint se vouer, M. Hatungimana à dû quitter son domicile : « Ma femme est retournée chez elle avec trois enfants en attendant que le climat soit détendu. »

« Ils se substituent à la police »

Serges Niyinganza de Gihanga indique que ces membres de la ligue des jeunes l’ont arrêté dans la nuit du 15 juillet dernier. « Je rentrais d’un cabaret vers 22 heures, raconte-t-il. Arrivé à 300 mètres de son domicile, Serges Niyinganza a été arrêté par un groupe de huit Imbonerakure. « J’ai reconnu un certain Fréderic et après lui avoir expliqué que je ne constitue pas de danger, il m’a laissé partir », soutient-il. Pour lui, ces Imbonerakure se substituent à la police sans associer les jeunes des autres partis.

Jean Berchimans Ndacayisaba de la commune Rugazi a été arrêté par ces jeunes. D’après les témoignages des voisins, il a été emprisonné au cachot de la commune sans être inscrit dans le registre des détenus pendant cinq jours. Sa famille s’inquiète.

Jules Boma, le responsable du parti UPD Zigamibanga à Bubanza, a été battu par des Imbonerakure. Selon ses dires, l’incident s’est produit dans la nuit du dimanche 17 juin 2012. « Je rentrais à la maison vers 23 heures », explique Jules Boma. Arrivé à proximité du domicile d’un certain Nkuruma, poursuit-il, sept personnes, portant de longues vestes, m’arrêtent. « Elles m’ont déshabillé, ligoté et ont commencé à me tabasser », indique-t-il.

Après ce passage à tabac, Jules Boma affirme que ces criminels ont tenté de l’étrangler à l’aide d’une corde. « Je me suis alors évanoui », précise-t-il. Cependant, cet infirmier a pu identifier un des agresseurs, un certain Dieudonné, un jeune Imbonerakure de Bubanza. Cet habitant du quartier Matonge estime faire les frais de son appartenance politique : Ces malfaiteurs ne m’ont rien volé. Ils ont appelé quelqu’un en précisant que la mission est accomplie.»

Après trois semaines d’hospitalisation, Jules Boma est rentré chez lui. Néanmoins, il craint toujours pour sa sécurité: « Ces Imbonerakure ont entonné des chansons devant mon domicile mardi, mercredi et jeudi de la semaine dernière, vers une heure du matin. »

Eloge Niyonzima a été battu dans la nuit du 26 juin de cette année. Ce correspondant de la Radio Publique Africaine (RPA) à Bubanza accuse lui aussi certains membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir de l’avoir battu. Il déplore la libération d’Elie Ndikumana et de Jean de Dieu Mayondi, depuis le 1er juillet. Car, selon lui, ils sont responsables de son agression. M. Niyonzima signale que certains de ses témoins ont été intimidés.

D’autres personnes tabassées par les Imbonerakure ont peur de témoigner. Toutefois, elles citent certains noms comme Iréné, Mani, Munezero et Mbonigaba, tous de Bubanza. Ces victimes ne portent pas plainte parce que les autorités locales soutiennent ces jeunes.

Pour Ernest Bimenyimana, membre du réseau des observateurs nationaux des droits de l’Homme, la ligue des jeunes se comporte comme une milice. Ils font des rondes nocturnes, arrêtent et tabassent des gens. Il demande à l’administration et aux forces de l’ordre de juguler cette tendance aux conséquences funestes.

<doc4694|right>La ligue des jeunes nie les faits

Malgré tous ces exemples, Denis Karera, président de la ligue des jeunes du Cndd-Fdd réfute toutes les allégations. Il estime que ce sont des propos mensongers. « Nous sommes étonnés et inquiets de constater que certaines personnes salissent les Imbonerakure en les accusant de déstabiliser la sécurité », déclare-t-il. Pour lui, ce sont des informations diffamatoires et provocatrices sans aucun fondement.

Interrogé par Iwacu, Philippe Nzobonariba, secrétaire général et porte-parole du gouvernement, n’est pas au courant de ces actes commis par les Imbonerakure. Il nous a renvoyés au ministre de l’Intérieur qui organise souvent des réunions avec les gouverneurs des provinces. Nous avons tenté de le contacter sans succès.

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