Des morts, des malades négligés, des bébés qui meurent avant accouchement… Les services hospitaliers sont décriés.
« Ma sœur ne serait pas morte. À 6h du matin, elle s’est rendue à l’hôpital car elle saignait beaucoup. Ce n’est qu’à 14h qu’ils nous ont annoncé que dans les stocks, il n’y avait plus de sang », raconte en larmes le frère de la défunte.
Le ministre de la Santé avait promis d’améliorer la qualité de l’accueil. Or jusqu’aujourd’hui, sa mauvaise qualité fait des victimes dans certains hôpitaux publics de Bujumbura, notamment des femmes enceintes.
Elles sont nombreuses qui, avant ou après accouchement, perdent la vie. « Beaucoup de femmes et enfants meurent à petit feu et en silence. J’ai perdu mon enfant à cause de la négligence des médecins. Ma femme était prête pour l’accouchement, mais on devait provoquer les contractions. Elle a passé toute une journée et aucun médecin n’est venu pour voir comment son état s’améliorait. J’appelais tout le temps les médecins, mais ils me disaient que tout va bien. Le lendemain ma femme a commencé à se sentir mal. J’ai donc mis la pression sur les médecins. Mais c’était trop tard, l’enfant était déjà mort », fait savoir E.M.
Les citadins déplorent la qualité des services des hôpitaux publics. « On était dans des activités caritatives. Soudain, une femme enceinte est venue, elle était dans un état critique. Elle criait : ‘’Je vais mourir.’’ Un infirmier est venu lui dire : ‘’Les morts, on les voit souvent ici, alors calme toi.’’ C’est absurde, c’est inhumain !», témoigne P.G.
« La santé de mes malades sera mon premier but »?
«Je m’engage solennellement à consacrer ma vie au service de l’humanité. Je pratiquerai ma profession avec conscience et dignité. La santé de mes malades sera mon premier but », peut-on lire dans le serment prêté par les médecins en tenant dans la main le drapeau du pays.
Sylvain Habanabakize, porte-parole du cadre d’Expression des Malade au Burundi (CEMABU), assure que les médecins brisent ce serment : « Le rôle des médecins est de prendre soin de leurs patients, dès l’accueil jusqu’au docteur dont ils ont besoin. Mais les médecins des hôpitaux publics ne respectent pas le serment d’Hippocrate. Nous recevons beaucoup de malades qui se plaignent des services des hôpitaux publics.»
Léonard Bivahagumye, directeur des soins au Centre hospitalo-universitaire de Kamenge dit Hôpital Roi Khaled, rejette ces accusations : « Depuis quelque temps, le Centre hospitalo-universitaire de Kamenge essaie de construire une bonne image. Notre accueil est ainsi admiré par nos patients et par tout le monde.» Et d’ajouter : «Nous avons reçu de telles accusations entre 2014 et 2015. Et nous avons sanctionné les coupables. »
Jean-Bosco Girukwishaka, porte-parole du ministère de la Santé, affirme être au courant des négligences des médecins : « Nous avons reçu nombre de plaintes concernant ces négligences, surtout concernant des femmes et des enfants qui meurent avant ou après accouchement. Nous avons organisé des réunions avec les responsables des hôpitaux. Nous avons constaté que c’était le manque de places pour accueillir les patients. Nous avons donc commencé à construire d’autre places.»
Le porte-parole du CEMABU demande aux personnes habilitées de mettre en place une loi qui punit les responsables des victimes de ce genre de comportement du personnel soignant.
« Soudain, une femme enceinte est venue, elle était dans un état critique. Elle criait : ‘’Je vais mourir.’’ Un infirmier est venu lui dire : ‘’Les morts, on les voit souvent ici, alors calme toi.’’ C’est absurde, c’est inhumain !», témoigne P.G. »
Cela donne la chair de poule!
On pense tout de suite au jour où cela nous arriverait!