L’Association de lutte contre le Chômage et la Torture affirme avoir documenté des centaines de parcelles appartenant à des veuves et à d’autres personnes vulnérables qui ont été spoliées de 2014 à 2023. Parmi les auteurs, elle pointe du doigt des officiers supérieurs des forces de défense et de sécurité.
« Plus de 252 parcelles appartenant aux veuves, aux orphelins et aux vulnérables spoliées de 2014 à 2023 », dénonce l’Association de lutte contre le Chômage et la Torture au Burundi, Aluchoto, dans sa déclaration du 10 mai 2024 signée par Vianney Ndayisaba, coordonnateur exécutif national. L’association fait savoir que « la situation de la spoliation des parcelles devient alarmante au Burundi ». Elle déplore aussi que les auteurs de ces crimes ne soient pas inquiétés. De surcroit, poursuit Aluchoto, parmi les spoliateurs figurent des officiers supérieurs de la Police nationale, de la Force de défense nationale du Burundi et du Service national de renseignement qui étaient pourtant chargés de la protection et de l’encadrement de la population. « Des cas de violation des droits humains et de torture, notamment la spoliation des parcelles et autres biens appartenant aux veuves, aux orphelins et aux vulnérables, sont également perpétrés par certains agents, cadres de l’État et certaines personnes dites riches », accuse Aluchoto.
Un cas à Mutimbuzi
Cette organisation se dit fortement préoccupée par la spoliation d’une propriété foncière de la veuve Jeanne Tunuguru sise à Rubirizi-Karombo, zone Rubirizi de la commune Mutimbuzi en province de Bujumbura par un agent de la police en connivence avec d’autres personnes tous soutenus par certains hauts gradés de la Police nationale et du Service nationale des renseignements.
L’Aluchoto salue les efforts du gouverneur et du procureur de la République dans la province de Bujumbura pour avoir essayé d’arrêter toute activité des dits spoliateurs à travers leurs différentes correspondances. Néanmoins, elle regrette le manque de respect manifesté envers le président de la République « qui avait instruit par le biais de son chef du Cabinet civil dans une correspondance dont l’objet était la suspension de la vente et des activités de construction dans la propriété litigieuse qui, non plus, n’a jamais été respectée. »
L’Aluchoto demande alors au président de la République de veiller au respect strict des différentes mesures prises par la présidence de la République par toutes les personnes qu’elles concernent. À la justice burundaise, elle la supplie de traiter avec célérité les dossiers de spoliation des terres appartenant aux veuves, aux orphelins et aux vulnérables pour éradiquer l’impunité et mettre fin à ces crimes dégradants.
Aluchoto lance également un appel au Comité de l’ONU contre la torture et au Haut-commissariat des Nations-unies aux droits de l’Homme et à l’ONU Femme de suivre de près de tels crimes commis à l’égard des veuves, des orphelins et des vulnérables, en l’occurrence Jeanne Tunuguru ains que de protéger les victimes et les témoins de ces crimes. « Qu’il en soit ainsi pour toute autre violence basée sur le genre, la torture et les traitements cruels, inhumains ou dégradants afin de contribuer à l’éradication de ce fléau devenu une atteinte aux droits de l’Homme au Burundi. »