Une cinquantaine d’hommes armés ont mené une attaque sur la colline Higiro et la position militaire de Ndubura en commune Rugazi. Panique au sein de la population. Le ministre de la Défense nationale, parle d’un anéantissement de ces groupes armés à plus de 99%.
<doc4481|right>«Nous avons été réveillés par un bruit de fusils qui nous parvenait distinctement, ce samedi. Il venait de notre localité de Higiro», témoigne Espérance Nyabenda, en ramassant les douilles. Cette mère d’un enfant explique que l’avancée des rebelles était spontanée, à telle enseigne que certains parents n’ont pas pu fuir avec leurs enfants.
Selon elle, l’incident est survenu sur la colline Higiro et dans les environs. Celle-ci est située dans le secteur de Kibuye 1, frontalière à la Kibira. Difficile d’y arriver car
on doit suivre un chemin escarpé, sur une montagne se trouvant dans cette grande forêt. Le trajet est très long car il dure presque une heure à pied. Un silence de cimetière y règne. Il est souvent rompu par des cris d’oiseux survolant d’un
arbre à l’autre. Après presque une heure de marche ce lundi, nous rencontrons deux jeunes garçons qui viennent de prendre certains objets ménagers non récupérés sous les coups de feu. Ils sont un peu effrayés par notre présence.
Après avoir décliné notre identité, ils acceptent de témoigner.
D’après eux, l’attaque a eu lieu samedi matin vers 7 heures du matin. « Le ciel couvert de nuages, de brouillard et le climat froid mêlé de quelques gouttes de pluie qui tombaient, n’ont pas empêché ce groupe de plus de cinquante personnes d’avancer », s’étonnent ces garçons. Selon eux, ces agresseurs étaient armés de fusils, en tenues militaires et portaient des sacoches. Pourtant, nos sources nous
supplient d’arriver au centre Higiro pour constater les dégâts.
La population a vidé les lieux
Au centre Higiro, à proximité de la Kibira, certains hommes qui y sont restés ont leurs visages très tendus. A la simple vue d’une présence douteuse, ils brandissent
les machettes. « C’est pour éviter que ces hommes armés s’infiltrent parmi nous », lance Tite Gahungu, qui vient de remettre aux militaires de la position de la place, une grenade ramassée sur les lieux où se sont déroulés les combats.
A Higiro, la vie était paralysée ce lundi. Plusieurs douilles étaient éparpillées. Des bananeraies ont été coupées, deux maisons complètement brûlées. A l’exception
de quelques hommes qui montent la garde à Higiro, les autres ont pris fuite vers Ngando, une localité située à plus de cinq kilomètres de Higiro. Aucun enfant.
Timidement, trois femmes viennent chercher de la nourriture pour leurs enfants et
sont vite reparties. «Le commissaire de police à Bubanza nous a intimés l’ordre de ne pas retourner dans nos ménages avant que la situation se normalise », révèle Judith Harerimana. Cette quadragénaire estime qu’elle peut mourir à tout moment
puisqu’elle sera obligée d’aller dans les champs afin de nourrir ces cinq enfants.
Un bilan confus
Pour Pascal Nkunzimana de Higiro, ces agresseurs ont attaqué plusieurs localités, y compris une position militaire de Ndubura, proche de la Kibira. « Ils entonnaient des champs religieux et prétendaient être des combattants des FNL», ajoute-t-il. D’après lui, les tirs venaient de partout et ont duré presque 7 heures. Tite Gahungu, un habitant de Higiro, affirme qu’il était difficile de les différencier avec les militaires de l’armée régulière. Pour lui, 14 d’entre eux ont été capturés. « Ils s’étaient cachés dans les vallées de Rugomero, Gakara et Rubuye», indique-t-il. D’après lui, la plupart
étaient originaires des provinces Mwaro, Ngozi et Bujumbura rural.
Tite Gahungu raconte que cinq fusils ont été saisis, lors des ces affrontements. « Une personne a été blessée à la jambe et un militaire au niveau du genou », explique-t-il. Les habitants de Higiro, qui ont collaboré avec les militaires pour repousser l’attaque, parlent de onze morts, côté des hommes armés. Pourtant, ils ont seulement montré une seule tombe.
La panique est toujours imprimée sur les visages de ces habitants qui se sont réfugiés à Ngando. Ils demandent aux forces de l’ordre de renforcer la sécurité autour de la Kibira, car selon eux, il est évident que cette grande forêt abrite des hommes armés. Ils lancent un appel aux bienfaiteurs pour leur apporter à manger à partir du lieu de refuge.
Jacques Kenese, gouverneur de la province Bubanza indique que la situation est calme. D’après lui, les rapports reçus de l’administration à la base montrent que tous les habitants sont retournés dans leurs ménages. Concernant 14 hommes armés capturés, le gouverneur n’en sait rien : « C’est aux forces de l’ordre de savoir où sont ces personnes. » Jacques Kenese estime que ces « bandits armés » se sont trompés de période. Selon lui, la population n’acceptera plus d’héberger des hommes armés car la guerre est terminée. Et de préciser que la sécurité sera renforcée surtout dans cette période de célébration du cinquantenaire de notre indépendance
<doc4482|right>« Ils sont anéantis à plus de 99% »
Pontien Gaciyubwenge, ministre de la Défense nationale, affirme que ces bandes armées ont été bien combattues par les forces de défense et de sécurité en collaboation avec la population. « Sur un effectif qui est parvenu à entrer dans les collines de Nyenkarange, Bugume, Higiro, ils ont été détruits à 99%», déclare-t-il. Il rassure que la Kibira n’est pas occupée : « C’est un endroit très sacré, toujours contrôlé par nos forces de défense et de sécurité. »
Quelquefois, explique-t-il, quand des gens tendent des embuscades sur des axes, ils se retranchent toujours dans des milieux réellement inaccessibles. Néanmoins, il
estime que ce sont des voleurs de type « Bitaryumunyu », un bandit qui s’est toujours retranché vers la RDC, base arrière de ces bandits armés. Il précise que l’armée se prépare toujours à rechercher l’ennemi, de commun accord avec le Congo.