Les cendres des volcans sont fertiles, dit-on. Le 13 mai 2015, sur les ruines fumantes des radios brûlées, qui aurait pu penser une seule seconde que les médias burundais rayonneront de nouveau ?
Décapitée, traumatisée, avec une centaine de journalistes sur les routes de l’exil, toute une profession, à part quelques rescapés de la furie destructrice, était donnée pour morte.
Et pourtant, des graines appelées « Yaga » ont germé. Doucement. En toute discrétion. Grappillant la moindre petite parcelle de liberté rescapée de l’anéantissement et de la censure.
Yaga des jeunes, engagés, prudents. Instruits par le passé, avec intelligence, ils slaloment à merveille en terrain miné. Sur leur blog, professionnels, ils savent manier des thèmes explosifs, l’air de rien, avec tact et beaucoup d’humour. Et ça passe.
La nouvelle a fait l’effet d’une bombe de bonheur. Dans la douceur printanière de Paris,Yaga, cette plateforme regroupant une centaine de jeunes blogueurs burundais, remporte le deuxième prix francophone de l’innovation dans les médias décerné par l’OIF .
C’est une grande reconnaissance à la résilience, au talent et au savoir-faire de cette jeunesse burundaise qui a su innover, investir les réseaux sociaux, pour mieux parler à la jeunesse. Cette jeunesse qui refuse de se taire pour revendiquer sa liberté de parole.
Rien ne sera plus jamais comme avant. Les Burundais ont déjà goûté à la liberté d’expression. Difficile, impossible de les sevrer totalement de leur amour des médias.
Bref, au Burundi, les médias plient, mais ne rompent pas. Mieux, ils innovent et remportent des prix internationaux.
Des graines, je vous dis !