10 h. Tout a l’air normal en ce samedi matin au siège de l’Eglise adventiste à Kiriri. Un culte est en train d’avoir lieu. Pourtant, la présence de policiers, certains à bord de pick-up, montre que ce samedi n’est pas un jour ordinaire à cette église.
« Un petit groupe de fidèles qui s’étaient retirés de l’Eglise s’est présenté pour perturber le culte et empêcher de prier ceux qui sont restés », raconte une dame en pagne et en lunettes.
Assise dehors, raconte que ce sont des fidèles qui veulent en découdre avec les partisans de l’ancien Représentant légal, Joseph Ndihokubwayo. D’après elle, le conflit dure depuis deux ans.
La dame s’indigne. « Nous sommes tous de la même Eglise. Pourquoi débarquer et vouloir faire sortir ceux avec lesquels ils n’ont pas la même vision du leadership dans l’Eglise ? »
De la dame, nous apprenons que des membres des deux « clans » au sein de l’Eglise ont été embarqués par la police. « La police a dit que c’était pour aller les écouter à tour de rôle ».
En bas des marches de l’église, malgré la reprise du culte, deux hommes se disputent.
« Depuis quand fais-tu partie de l’Eglise ? » demande l’un.
« Depuis 2004 », répond l’autre. « Le pasteur Ndihokubwayo fait partie de l’Eglise depuis sa naissance et tu oses te comparer à lui ? », lui rétorque le premier. « Et qu’est-ce que cela me fout qu’il fasse partie de l’Eglise depuis sa naissance ? », riposte l’autre.
Les partisans du leader actuel, David Bavugubusa, accusent ceux de Joseph Ndihokubwayo, de refuser de se conformer à la décision du ministère de l’Intérieur qui a mis en place les instances actuelles.
Le ministère de l’Intérieur accusé d’avoir mis de l’huile sur le feu
Dans sa lettre datée du 17 avril 2019, le ministre de l’Intérieur, Pascal Barandagiye, avait pris la décision de prolonger la transition du pasteur Joseph Ndihokubwayo en qualité de Représentant légal de l’Eglise Adventiste au Burundi jusqu’à nouvel ordre.
Dans la même lettre, le ministre Barandagiye demande aux leaders de l’Eglise Adventiste au Burundi d’élire un nouveau Représentant légal consensuel afin de vider cette situation le plus rapidement possible.
Dans une lettre du 21 septembre 2020, le nouveau ministre de l’Intérieur, Gervais Ndirakobuca, a approuvé la mise en place d’une nouvelle transition dirigée par David Bavugubusa.
« Là où on s’était attendu à une réconciliation, le nouveau ministre de l’Intérieur a mis de l’huile sur le feu », se plaint un fidèle joint par téléphone avant d’accuser le ministre Ndirakobuca d’avoir eu » un penchant sur l’une des deux parties en conflit. »