Le Programme des Nations Unies pour le développement au Burundi, PNUD Burundi s’est associé à une vingtaine de femmes venues des quatre coins du pays pour célébrer ce vendredi 29 mars 2019 la journée internationale de la femme. Une occasion pour ces femmes de témoigner de l’amélioration de leurs conditions de vie grâce à l’appui du PNUD
Au total 25 femmes étaient rassemblées, par un début d’après-midi ensoleillé. Toutes sont des preuves vivantes de la capacité qu’a la femme d’entreprendre et de se projeter pour le bien de sa famille à condition de recevoir un coup de pouce.
Elles disent avoir reçu un coup de main de la part du PNUD qui a radicalement changé leur vie. Leurs témoignages sont intenses, poignants, pleins d’espoir.
Comme celui de Césarie Mbayahaga, 37 ans. Du jour au lendemain son mari la chasse elle et ses 5 enfants du domicile conjugal. Il décide de prendre une seconde épouse. Délaissée, Césarie raconte son calvaire. « Je pouvais aller de maison à maison à la recherche du sel. Difficile de continuer à nourrir mes enfants dans ces conditions. Je ne parle même pas du mépris et du dédain que je suscitais dans l’entourage. »
Puis vient une coopérative nommée Ineza ya Bose (L’intérêt général) soutenue par le PNUD. Très vite, elle se lance dans la vannerie. 7 ans après, cette femme indique être sortie du trou. Mieux, elle est une fierté et une inspiration pour sa communauté. Elle s’est acheté deux parcelles, des chèvres et une moto. « Je suis également grossiste dans la vente d’huile. J’achète plusieurs bidons d’huile de palme pour les revendre à ceux qui viennent d’autres provinces environnantes ». Aujourd’hui elle vit avec son mari qui a quitté l’autre femme. « Maintenant, on vit ensemble dans le respect mutuel »
Marie, elle est originaire de la province Kirundo. Depuis 1972, elle a passé 44 ans en litige foncier. Vulnérable, elle ne peut pas se payer un avocat. « J’ai subi l’emprisonnement et toute sorte d’abus judiciaires avant de rencontrer le PNUD qui m’est venu en aide, » assure-t-elle. Elle dit avoir bénéficié d’une aide juridique grâce à cette agence, associé au ministère de la Justice. Ensemble ils l’ont aidée à retrouver sa propriété. « Maintenant je peux en louer une partie et cultiver l’autre. »
Micheline quant à elle est une veuve qui élève seule ses enfants. « Je pouvais passer deux jours sans préparer de la nourriture pour mes enfants,» indique-t-elle les larmes aux yeux. « Des fois, mes enfants me disaient que si leur papa était encore en vie, ils mangeraient à leur faim. Et là, je me sentais inutile…» Une vie malheureuse qui prendra fin le jour où elle intègre l’association Twige Tumenye (Apprenons et Réussissons) appuyée par le PNUD.
L’association aide les vulnérables à bénéficier d’une formation en métier. Micheline se met à la couture qui va changer sa vie. « Grâce à mon métier, je nourri mes enfants et les envoie à l’école sans grandes difficultés. »
Jacqueline Nahimana, originaire de la province Rumonge bénéficie d’un microcrédit de la Coopec MCPA soutenue par le PNUD grâce à laquelle elle monte son affaire. Cette veuve a pu acheter une machine à coudre et créer une petite entreprise de couture « Maintenant je suis spécialiste dans mon domaine et j’ai plusieurs clients chez moi. Je peux nourrir mes enfants et les scolariser. »
Une autre qui a fait le déplacement de la colline Musave, province de Kayanza est Jacqueline Nzopfindekuye, jeune fille de 27 ans. Orpheline, ses parents meurent alors qu’elle n’est qu’en 9ème année secondaire. Les autres membres de sa famille refusent de s’occuper d’elle. Elle est recueillie par une maman, elle aussi démunie. « Grâce au PNUD, j’ai investi dans une petite entreprise de fabrication d’objet d’art à base de corne de vaches. » Grâce à son travail, Jacqueline a pu s’acheter une vache. « Maintenant je suis en train de mettre un peu d’argent de côté pour m’acheter une parcelle. »
Le Représentant Résident a.i du PNUD, Alfredo Teixeira estime qu’à l’occasion de cette journée, il y a lieu de s’interroger. « Que faisons-nous au quotidien pour que personnellement et collectivement les filles et les femmes puissent avoir plus de temps de s’éduquer, s’informer, s’affirmer et participer à la gestion communautaire ? Donnons-nous les mêmes chances à nos garçons et à nos filles pour leur permettre de poursuivre leurs études et avoir du travail dignement et de fonder une famille librement ? »
Le thème international de la journée est « penser équitablement, bâtir intelligemment, innover pour le changement. » Pour M. Alfredo Teixeira les femmes doivent être soutenues non seulement en tant que bénéficiaires mais également en tant que actrices de développement, capables de penser, d’innover.
Un Drame
Au cours de cette cérémonie, un petit sketch dramatique a été joué. Les acteurs ont brossé un tableau caricatural des conditions de vie de la femme rurale soumise à tous les travaux ménagers et champêtres. Son mari quant à lui rencontre ses amis dans un bar où ils se livrent à une activité qui leur tient à cœur : boire de l’alcool. En rentrant à la maison, l’homme trouve toujours un prétexte pour battre sa femme.
Cette situation resterait toujours ainsi sans l’aide des associations financées parfois par des organisations comme PNUD. Lorsque la femme rurale a une source de revenus, elle devient autonome et gagne le respect de son mari et de sa communauté.
Le secrétaire permanent au sein du ministère de la Justice, qui a participé à ces cérémonies, s’est félicité du rôle du PNUD dans l’autonomisation de la femme.