Les élèves non-voyants et malvoyants du Lycée Notre Dame de la Sagesse viennent de passer plus de trois mois sans bénéficier de la part du ministère de tutelle du papier pour écriture en braille. Le directeur de cette école se dit impuissant face à ce problème qui n’est pas le seul.
Cela fait 5 ans que cet établissement accueille les élèves aveugles et sourds-muets. Le directeur de cette école, l’abbé Elie Sakubu, se dit dépassé bien qu’il affirme avoir rencontré pas mal de problèmes insurmontables. «Cette année scolaire est spéciale avec le problème de manque de matériel didactique. Si je n’étais pas un homme d’Eglise j’aurais déjà rendu le tablier.»
Il se dit inquiet pour ses élèves : «Je les côtoie tous les jours et je me demande si réellement ceux qui devaient fournir ces cartons de papier braille sont conscients de leurs souffrances. Parfois je me demande ce qu’ils vont devenir si rien ne change», se lamente-t-il.
D’après l’abbé Elie Sakubu, ces élèves non-voyants et malvoyants viennent de passer plus de trois mois sans papier braille. «La société est injuste envers ces élèves. Ils avaient la chance et la capacité d’étudier et de réussir dans la vie mais leurs rêves risquent de se volatiliser et de se transformer en cauchemar», fait-il comprendre.
Pour ce directeur, il sera difficile pour ces élèves de réussir tant qu’ils continuent de s’asseoir en classe sans prendre des notes ni de réviser les cours comme les autres élèves valides alors qu’ils passeront les mêmes examens.
«Parfois je me demande à qui on va attribuer leur échec. Quand ils travaillaient dans des conditions plus ou moins acceptables, ce sont des élèves brillants malgré leur handicap», indique-t-il tout en montrant leur palmarès pour le trimestre passé.
L’abbé Elie Sakubu fait savoir qu’il revient au ministère de tutelle de fournir ce matériel didactique un peu spécial. «J’ai essayé à maintes reprises de plaider leur cause et comme réponse, on me réplique qu’un appel d’offre pour la fourniture de ces papiers a été lancé mais comme constat amer, trois mois après, ce marché n’a pas encore été conclu», regrette-t-il.
«Nous sommes très défavorisés !»
Ces élèves handicapés réclament les mêmes droits que les autres élèves sans discrimination. Selon Emmanuel Sindayigaya, élève de la 9ème année, le système d’enseignement en vigueur n’est pas tendre avec ses camarades malvoyants et non-voyants.
«On nous oublie en tout. Nous passons les mêmes examens alors que nous n’avons pas le même temps de révision. Les infrastructures et même le système d’enseignement ne sont pas appropriés à notre handicap», lance-t-il avant de signifier qu’il est obligé de prendre des cours de rattrapage.
Même son de cloche chez Marc Nduwayezu son compagnon de classe : «Suivre les cours en écoutant seulement et prendre les notes quand les autres sont en train de réviser nous expose à un échec. Il faut au moins que chacun d’entre nous ait son livre adapté à son handicap», propose-t-il. Selon lui, il faudrait davantage de support et de manuel en braille.
Francine Niyonkuru, élève malvoyante à cette école réclame plus d’encadreurs spécialisés et dévoués. Il arrive que ces derniers se retrouvent avec une semaine de plus de 36 heures. «Malheureusement, le salaire n’est pas en fonction des efforts fournis», se lamente Générose Hakizimana, encadreuse chargée de la traduction en braille des cours.
En attendant que le ministère de l’Education remédie à ce problème, le directeur appelle toute âme charitable à voler au secours de ces élèves. Il se dit inquiet: «Si la situation perdure, ces élèves risquent de rentrer chez eux et devenir des mendiants».