Le 16 octobre de chaque année, c’est la Journée mondiale de l’alimentation. Au Burundi, malgré la décision du gouvernement de revoir à la hausse les subsides pour les lycées à régime d’internat, dans certaines écoles, les élèves ne mangent pas à leur faim. Ce qui ne favorise pas la réussite. Reportage.
« Les subsides ont passé de 1 400 BIF à 2 000 BIF par jour pour chaque élève. Et 200 g de riz, 300 g de farine de manioc et 250 g de haricot est la quantité prévue pour un élève par jour », indique Jean-Bosco Nzisabira, directeur de l’Ecole technique secondaire de Kamenge (ETS). Il précise que cette décision qui concerne toutes les écoles à régime d’internat a été prise à l’issue d’une réunion, en juillet 2024, des directeurs des écoles avec le ministre de l’Education nationale de la Recherche scientifique.
Il estime que cet argent alloué à chaque élève par jour est suffisant. Néanmoins, il reconnaît que pour pouvoir nourrir ses élèves, son école a déjà initié quelques ajustements : « Il y a environ deux ans que les élèves ne prennent plus du petit déjeuner. Ils ont droit seulement à deux repas par jour. Le déjeuner qui est servi à 14 h et le dîner à 20 h »
Avec 2 450 élèves internes, le repas habituel est constitué de pâte de manioc, du haricot et du riz. Selon le directeur, pour essayer d’améliorer le plat, des légumes tels que les choux et les amarantes sont mélangées aux haricots. « Des fois, nous leur servons de la patate douce à la place de la pâte de manioc pour varier la nourriture », ajoute M. Nzisabira.
Il précise que l’internat de l’ETS compte beaucoup d’élèves et les prix des denrées alimentaires ne cessent d’augmenter. Sans dévoiler le montant, il affirme que son école doit beaucoup d’argent à ses fournisseurs. « Vous pouvez vous rendre au marché et vous trouvez que le prix d’un même produit a doublé en l’espace de quelques jours. C’est cela la cause de ces dettes. Heureusement, le ministère en est au courant et comprend la situation. », explique-t-il.
Il s’agit donc d’une situation liée à la cherté générale de la vie. « Nos élèves comprennent cette situation. Heureusement, à l’ETS, nous cultivons quelques légumes et nous avons d’autres sources de revenus pour contribuer à la bonne alimentation des élèves », mentionne-t-il, sans donner de détails sur ces sources de revenus.
Une situation en peu différente au Lycée Musema, de Kayanza. Contacté, Pontien Kubwayo, son directeur, se réjouit de la hausse des subsides pour l’alimentation des élèves. Cependant, il trouve que ce montant reste insuffisant vu la flambée des prix des denrées alimentaires sur le marché. « Nos élèves mangent trois fois par jour. Le matin, ils prennent de la bouillie. A midi, on leur sert soit la farine de manioc ou de maïs avec du haricot mélangées aux légumes. Le soir, ils mangent le riz et le haricot. », précise-t-il avant d’ajouter qu’ils mangent aussi quelques fois de la patate douce.
Il craint néanmoins qu’avec la montée du prix du sucre, on risque d’arrêter le petit déjeuner. « Quand ils nous ont donné les subsides, le prix d’1kg de sucre était encore à 3 500BIF. Mais, aujourd’hui, il est à 8 000BIF. »
Il demande que les subsides soient encore revus à la hausse en tenant compte des prix du marché ou que le gouvernement se charge de ravitailler les écoles à régime d’internant comme on le fait pour les militaires et les policiers.
Les élèves se plaignent
Malgré les assurances du directeur de l’ETS Kamenge, les élèves se plaignent de la quantité de nourriture servie. Aux environs de 14 h, à l’approche du déjeuner, tous les élèves ont leur esprit tourné vers le réfectoire. Les yeux sont rivés en effet vers le réfectoire en attendant le signale. Chaque élève a son assiette. « Si tu n’as pas de parents pour prendre soin de toi et t’envoyer l’argent de poche, tu risques de mourir de faim », lâche un élève, tout en surveillant ses collègues. Quand alors l’heure du déjeuner arrive, c’est l’alerte générale. Avec la sonnette, en première ligne, des garçons courent, se bousculent pour entrer les premiers.
Laver leurs assiettes n’est pas leur préoccupation. Pour ne pas perdre du temps, ils passent juste en peu d’eau sur leurs assiettes.
Les filles assistent impuissamment, elles dénoncent le comportement de certains garçons. « Ils sont gloutons. Quand on sonne, ils entrent en courant et dévorent presque tout dans un laps de temps. Souvent, on ne trouve rien sur les tables après leur passage. C’est vraiment difficile », témoigne une jeune écolière.
Elle signale par ailleurs qu’il fut un temps où le directeur d’internat faisait passer les filles dans le réfectoire en premier en cachette, à travers une porte à l’arrière pour qu’elles puissent se servir le repas en l’absence de ces garçons. « Nous prenions des seaux avec des assiettes dedans comme si nous nous y rendions pour puiser de l’eau au robinet », raconte-t-elle. Ce qui a provoqué, selon elle, une forte contestation de la part des garçons qualifiant cette stratégie d’injuste. « Un jour, ils sont entrés dans le réfectoire via les fenêtres. », témoigne-t-elle.
Une alimentation équilibrée est essentielle pour réussir
« 250 g de haricot, 300 g de farine de manioc et 200 g de riz ne constituent pas une alimentation équilibrée pour un élève adolescent », analyse Probe Nizeyumukama, nutritionniste. Il estime qu’il faut une amélioration au niveau de la composition et de l’équilibre nutritionnels des aliments.
Il indique que bien que le haricot apporte des protéines, il faut ajouter d’autres sources de protéine comme des œufs, du poisson ou de la viande pour un meilleur équilibre.
Pour les glucides, à côté de la farine du manioc et de riz, il serait idéal d’inclure des céréales complètes pour plus de fibres et de nutriments.
M. Nizeyumukama déplore que dans le plat des élèves il manque de fruits et de légumes. « Or, les fruits et les légumes sont essentiels pour les vitamines, les minéraux et les antioxydants. »
Il est d’accord que les aliments servis dans les écoles à régimes d’internat apportent certains nutriments essentiels. Toutefois, cette alimentation reste déséquilibrée et peut conduire à des carences nutritionnelles et à des problèmes de santé à long terme. « Pour un élève adolescent, il est crucial d’adopter une alimentation variée et équilibrée, incluant des fruits, des légumes, des sources de protéines variées et des graisses saines afin de soutenir sa croissance et son développement. », souligne-t-il.
D’après ce nutritionniste, l’absence de fruits et de légumes peut entraîner des carences en vitamines et en minéraux essentiels, comme la vitamine C, le calcium et le potassium. « Bien que le haricot apporte des protéines, il ne contient pas tous les acides aminés essentiels. L’absence d’autres sources de protéiques (viande, poisson, produits laitiers) peut limiter la qualité des protéines. Une consommation élevée de glucides, sans suffisamment de protéines et de graisses, peut entraîner des fluctuations de la glycémie, affectant l’énergie et la concentration. », précise-t-il.
Il fait savoir qu’afin qu’un élève adolescent puisse étudier efficacement, une alimentation équilibrée est essentielle. « Un petit-déjeuner nutritif aide à améliorer la concentration et la mémoire. On peut citer les céréales ou leurs dérivés, le lait ou le yaourt, les fruits, les œufs ou les smoothies. »
Selon toujours ce nutritionniste, la quantité de nourriture qu’un élève adolescent devrait manger par jour dépend de plusieurs facteurs, notamment l’âge, le sexe, le niveau d’activité physique et les besoins individuels. « Les adolescents peuvent avoir des besoins énergétiques fluctuants. Il est donc important de manger en fonction de la faim et de la satiété. »
Cette photo m’a un peu choqué à la vue du matériel rudimentaire utilisé pour la cuisson. Il faut essayer de me comprendre car à l’époque où je faisais le secondaire et l’université, les cuisines étaient en général équipées de grosses belles casseroles électriques en inox à la marque Muvero (allemande, je crois). C’est pour cela d’ailleurs que les garçons qui mangeaient beaucoup se voyaient affublés du sobriquet ou surnom muvero.
Çà ne m’aurait pas surpris si l’ETS était situé dans un coin perdu à l’intérieur des terres, sans eau ni électricité; mais là l’école est en plein centre d’une ville moderne. Désolé, je ne m’attendais pas à y voir une cuisine du Moyen-Age.
Je ne voudrais pas généraliser, mais en référence à cette photo, je peux conclure que l’équipement n’a pas évolué avec le temps. Ajouter aussi que le menu du jour est assez maigre, toujours par comparaison de l’époque où on mangeait assez bien dans les internats. Bref, nous sommes sur une courbe qui descend dangereusement.
Vous écrivez en légende de la photo » A l’ETS Kamenge, les élèves n’ont que deux repos; celui de 14h et celui de 20h » . Et les repas c’est quand?
Cuisine d’un établissement scolaire c’est honteux,une cuisine scolaire pourrait désigner plusieurs problèmes,tels que l’hygiène,une mauvaise qualité des repas.
ou sont les indagalas,imikeke