Vendredi 22 novembre 2024

Politique

« Des discours annonçant la fin de l’existence d’un groupe donné peuvent provoquer des violences »

16/04/2020 Commentaires fermés sur « Des discours annonçant la fin de l’existence d’un groupe donné peuvent provoquer des violences »
« Des discours annonçant la fin de l’existence d’un groupe donné peuvent provoquer des violences »

En période électorale, des discours qui menacent de mettre fin à l’autre groupe peuvent provoquer des violences. Fabien Nsengimana, consultant indépendant en leadership et démocratie, conseille un langage rassembleur afin de construire une société juste et démocratique.

Que peut-on comprendre par un discours annonçant la fin d’un autre groupe ?

Ce sont des discours apocalyptiques à l’encontre d’un groupe donné. Ces discours déclarent l’imminence de sa fin. C’est une façon de nier son existence ou de menacer de le faire disparaître. Il s’agit également d’un langage provocateur, violent, qui éloigne l’autre groupe ou ses membres. Ceux qui l’utilisent peuvent chosifier de déshumaniser leurs concurrents. Et par là, il devient facile de les exterminer. Ce qui crée un malaise chez les personnes indexées.

Pour quelle finalité est-il utilisé ?

Ce langage est utilisé, le plus souvent, dans un contexte de compétions politiques. L’exploitation de ce langage pour se bâtir des alliances ou s’attirer une certaine sympathie de ceux avec qui ils partageant les mêmes visées.

Quid des risques pour la société ?

Il y a des gens qui ont été agressés verbalement par le passé. Même aujourd’hui, des situations pareilles existent et les conséquences sont énormes. Si de tels discours sont développés contre un groupe de plusieurs personnes, la colère monte et toute la raison est perdue. Des violences s’ensuivent. On s’adonne d’abord à la violence verbale qui, par la suite, peut dégénérer en violence physique.

L’histoire du Burundi nous relate comment les gens se sont agressés verbalement et en sont arrivés à des tueries. Un tel langage conduit à des violences de masse et à la destruction de la société.

En cette période électorale, quel est le comportement que doivent adopter les des acteurs politiques ?

La campagne doit se focaliser sur des programmes. Un programme politique bien pensé est l’une des alternatives de solutions aux problèmes que connaît la société. Ces alternatives sont variées suivant les acteurs qui les présentent. Que la campagne électorale s’articule autour de ces alternatives de solutions me semble logique. Les candidats peuvent rivaliser dans la présentation des solutions aux problèmes bien identifiés, de la base au sommet. Il faut aussi que l’orateur soit une personnalité irréprochable, un rassembleur, un citoyen responsable. Un programme, si bon soit-il, s’il n’est pas présenté par la personne qu’il faut, il n’aura pas les effets positifs escomptés.

Et pour les Burundais en général ?

Nous sommes fils et filles d’un même Père qui est Dieu. Et par voie de conséquence, nous sommes appelés à vivre dans la fraternité indépendamment de nos différences. Que les différences soient ethniques, régionales, professionnelles ou religieuses, nous répondons à la même humanité. Nous restons soumis à cette même règle d’or de l’humanité : « Ne fais pas à autrui ce que ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse. » Il est plus que nécessaire de tenir des discours rassembleurs pour bâtir une société juste et démocratique.

Propos recueillis par Jérémie Misago

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