La multiplication de nouveaux plants pour reboiser la Kibira et la traque de ceux qui dépassent ses limites, deux objectifs de plus d’une centaine de riverains de ce parc national.
« Jusqu’en 2007, nous avions déjà planté plus de 400 mille nouveaux plants dans la Kibira », signale Marie Nduwimana, de Bugarama, commune et province Muramvya. Elle est à la tête de l’association Dukingirikibira (Protégeons la Kibira).
La priorité est accordée aux espèces sauvages comme les caliendra, le prunus africana (Umuremera). « Ce sont surtout ces mêmes espèces que nous utilisions comme médicaments quand nous étions réfugiés dans cette forêt durant la guerre ». Elle précise que plus de 500 mille de ces espèces ont été plantées.
Pour avoir des semences, ils aménagent des pépinières faites de ces essences sauvages. « Ce sont les hommes de l’association qui cueillent les graines, car ils sont capables de grimper ». Et pour les particuliers, 1 kg est acheté à 10000BIF.
Mme Nduwimana fait savoir que l’usage des sachets est prohibé dans leurs pépinières. « Nous utilisons les écorces de bananiers. C’est à l’aide de ces derniers que nous confectionnons une petite cuve dans laquelle nous mettons de la terre. Ensuite, on y met une graine ».
Après le repiquage, poursuit-elle, ils vont servir de fumier pour le jeune plant. Elle indique que dans certaines zones riveraines de la Kibira, ils préfèrent y planter des eucalyptus. Et d’expliquer : « Pour éviter que des gens continuent à s’y introduire à la recherche du bois de chauffage. Mais ils peuvent s’en servir pour faire du charbon ou dans la construction».
Protection de la Kibira
Le respect des limites de ce patrimoine compte beaucoup chez ces ‘’gardiens de la Kibira’’. « En cas de dépassement, nous avertissons l’administration. Des comités de surveillance ont été créés sur chaque colline ».
Pour ne pas toujours se rabattre sur cette forêt, ils cultivent des champignons, des légumes, des fruits, etc.
Ces habitants reconnaissent qu’ils ont été responsables de la destruction de la Kibira. En 1993, c’était leur lieu de refuge, selon André Kabura, habitant de Bugarama. « Nous y avons passé des années, on mangeait ses fruits, ses amarantes, ses champignons, etc. On abattait les arbres pour se construire des huttes, trouver du bois de chauffage, des médicaments traditionnels, faire la chasse, etc ».
Quant à Epimenie Nibizi, directeur des forêts au ministère de l’Environnement, elle encourage ces riverains et les invite à redoubler d’efforts pour protéger ce patrimoine.