Des déchets ménagers sont en train de réinvestir petit à petit la rivière Nyabagere récemment canalisée. Une situation déplorable, selon l’ABUTIP.
Sur la RN1 (Bujumbura-Kayanza), à plus ou moins 50m du bureau communal de Ntahangwa, plusieurs sortes de déchets s’amoncellent dans la rivière Nyabagere. Des bouteilles en plastique, des morceaux d’habits… obstruent le passage de l’eau. Des troncs d’arbres, des palmiers à huile déracinés dans les montagnes, durant la saison pluvieuse, détruisent les bordures du caniveau. Certains blocs en béton armés servant à atténuer le débit d’eau ont cédé, d’autres courent le même danger.
Les alentours de cette rivière se transforment en décharge publique au vu et au su de l’administration à la base. Des écorces de maïs, des restes d’aliments pourris en provenance des petites gargotes environnantes, des cheveux en provenance des salons de coiffure avoisinants … finissent dans la Nyabagere.
Au marché de Kamenge, la situation est similaire. Des tas d’immondices se forment dans sa partie sud, à quelques mètres de la Nyabagere. Il faut, en outre, ajouter les déchets ménagers provenant de certains ménages des quartiers Kavumu, Heha, Gituro, etc.
Pour prévenir des inondations en cas de fortes pluies, plusieurs travaux ont été réalisés sur cette rivière : construction d’un canal en forme de trapèze, des terrassements, un radier en béton armé et des parois en maçonnerie de moellons. Sur plus de 3km, des ponts comme celui menant à la Paroisse Guido Maria Confort communément appelée dit « Chez Buyengero », des dalots, ont également été érigés.
L’administration interpellée
« Une fois la réception définitive prononcée, les ouvrages construits sont remis aux communes qui en assurent l’entretien », rappelle Catherine Bucumi Sommer, directrice générale de l’Agence burundaise pour la réalisation des travaux d’intérêt public (ABUTIP). Pour elle, c’est la population, en concertation avec l’administration locale, qui doit entretenir régulièrement ces ouvrages. « Notre agence implique les communautés locales dans le suivi des travaux. Nous comptons sur les comités de suivi pour continuer la sensibilisation des riverains sur la nécessité d’entretenir les canalisations ». Et de déplorer qu’à Kamenge, des riverains jettent des déchets ménagers dans la Nyabagere : « C’est regrettable. Nous interpelons l’administration à jouer pleinement son rôle dans la protection de ces infrastructures ».
Espérance Hakizimana, chef de zone Kamenge, affirme que des réunions sont régulièrement tenues : « Nous sensibilisons les chefs des quartiers, la population à la protection de cette rivière.» Elle se dit convaincue qu’avec cette canalisation, il n’y aura plus d’inondation.
Quant à Eddy-Paul Hakizimana, administrateur de la commune Ntahangwa, il met en garde les pollueurs: « Quiconque sera attrapé en train de déverser des déchets dans cette rivière sera sérieusement punie.»