Lundi 23 décembre 2024

Editorial

Des « cotisations » et un arrêté troublants

14/08/2014 9

Antoine KaburaheCette semaine, deux faits ont retenu mon attention. D’abord les plaintes de certains habitants dans quelques localités du pays qui dénoncent la collecte de 500 Fbu au profit du parti au pouvoir. Ensuite, la mesure apparemment impopulaire qui fixe l’ouverture des débits de boissons à 18 heures.

Une précision évidente : chaque citoyen a le droit de cotiser pour le parti ou l’association de son choix. C’est un droit fondamental. Ainsi, que des personnes cotisent pour le Cndd-Fdd ne devrait offusquer personne. Ce qui est gênant, ce sont les contraintes exercées pour lever ces sommes. Ces pressions sont confirmées par plusieurs sources. Là on n’est plus dans la cotisation librement consentie.
Mais dans Iwacu, le porte-parole du parti présidentiel s’insurge contre ces pratiques. Les cotisations du parti, raconte-t-il, sont déposées directement aux différentes permanences provinciales ou locales. M. Onésime Nduwimana fait savoir que « le parti n’a mandaté personne pour faire le tour des ménages, des marchés, etc. »
Très bien dit. Mais attendons voir si ces cotisations sont des actes isolés et limités. La vigilance de la population doit être de rigueur.

La mesure qui fixe l’ouverture des débits de boissons à 18 heures, elle, se révèle complètement impopulaire : les tenanciers des bars, les consommateurs interrogés par Iwacu sont contre l’arrêté. En effet, il porte un coup quasiment fatal aux modestes commerçants, surtout à l’intérieur du pays.
En voulant assainir le secteur, la mesure, à mon sens maladroite, va faire plus de mal que de bien et frapper toute une catégorie de gens qui tentaient de tenir dans une économie moribonde.
Ainsi par exemple, nos reporters ont rencontré les commerçants du petit centre de Bugarama sur le carrefour Bujumbura-Gitega-Ngozi qui vivent de la vente de la bière et des brochettes aux voyageurs. Désespérés, ils disent que leur activité ne survivra pas à la mesure.
Je m’interroge aussi : on nous disait que l’entrée du Burundi dans l’EAC « permettra aux commerçants de travailler 24h sur 24 h », n’est-ce pas ?

Forum des lecteurs d'Iwacu

9 réactions
  1. borntomakelovenotwar

    Vus dites : « Je m’interroge aussi : on nous disait que l’entrée du Burundi dans l’EAC « permettra aux commerçants de travailler 24h sur 24 h », n’est-ce pas ? » Et cela veut dire -« et de boire 24h/24heures » ?! ? Je pense qu’on doit équilibrer les choses, qu’on trouve un moyen de concilier travail et beuveries.

    • Nzobandora

      T’as rien compris:

      Comme dans d’autres pays EAC et même ailleurs ceux qui font le ‘’night shift’’ ont la journée comme temps libre qu’ils devraient gérer librement y compris prendre une à condition que cela n’affecte pas leur travail du soir (ex : retard, gueule de bois, etc.)

      Puis tu oublies aussi que les cabaretiers et restaurateurs font partis des commerçants qui devraient bénéficier de cette avantage de l’EAC et créent de l’emploi leta idatanga.
      Arrêtons parfois de vouloir à tout prix justifier l’injustifiable.

      Noneho dans leur art d’ajouter le pire au pire, nos chers DD viennent d’instaurer une taxe de la mairie pour les parkings des bars, resto et hôtels alors qu’ils viennent de réduire fortement leur chiffre d’affaire à cause de la mesure Bazombanza et le faible pouvoir d’achat des burundais en général.

      Je pense sincèrement qu’il ya peu de personnes qui comprennent où l’on est entrain de mener ce pays.

  2. Terimbere

    Un gouvernement OUT OF TOUCH!!!!
    On dirait que l’on est dirige par des etrangers!!!! Je veux dire de la mesure en rapport avec les heures de boissons alcolisees!
    Avec ce coupures d’electricites, ajoute a cela le reste du pays qui n’a pas acces a l’electricite, demandez a ce qu’on ouvre a 18h signifie quoi d’autre?
    Est-ce que le gvmt a eu a penser a ces milliers de Burundais dont leur emploi est desormais en danger?
    A-t-il eu le temps de penser au manque a gagner qui sera occasionne par le manque de consommation dans ces cabarets et donc a l’OBR aussi????

    Quant aux cotisations, que voulez-vous que l’on fasse? Que celui qui n’a pas de choix paye, en tout cas, la vie ou la prison coute plus cher que ca!
    Ne vous fatiguez pas, continuons a denoncer cela, la bonne cause finira par triompher!
    Courage!

  3. Jereve

    Cet arrêt va pousser vendeurs et consommateurs d’alcool dans la clandestinité. Ce qui va énormément arranger certains. Car la prohibition profite toujours aux corrompus, mais pas à l’état. Sur les cotisations: en fait, les gens qui les perçoivent travaillent clandestinement mais sous le contrôle d’une autorité légale (CNDD FDD). Inutile de se poser la question à qui profite cette confusion légalité-clandestinité. Bref, certains sont prêts à tout faire pour que rien ne change.

  4. Ntangorane

    Du pain béni pour les débits de boissons qui ne paient pas d’impôt. Munsi y’igitanda!

  5. Uwarugwanye

    J’ai eu l’occasion de lire beaucoup de récits sur le mobutisme. Vers les derniers jours de son règne, Mobutu pourtant mourant se permettait de narguer la communauté internationale et la Belgique en particulier. Les mesures, décisions, ordonnances, arrêtés ou décrets qui tombent en cascade à Bujumbura nous rapprochent de l’anarchie caractéristique du système mobutiste de 1993-95. Le comble du pire, l’autorité est absente. Le Burundi va droit dans le mur.

  6. Mutima

    Sans être opposé à une certaine flexibilité, je ne crois pas que quelqu’un veuille qu’on permettre la vente de l’alcool 24h sur 24h. Le principe de l’encadrement de la vente de l’alcool devrait seulement se limiter aux heures permises selon les catégories de vendeurs. Mais la consommation de l’alcool est la seule responsabilité du client! Ce n’est ni la responsabilité des autorités administratives, judiciaires ou sécuritaires, ni celle des vendeurs non plus.

    Comment pourrait-on alors encadrer la vente de l’alcool? Tout vendeur devrait être classé dans une catégorie à laquelle le gouvernement devrait jumeler un type de permis. Il pourrait y avoir plusieurs catégories telles que :

    – Les restaurants sans permis de vente d’alcool : ceux-ci ne devraient en aucun cas vendre une seule boisson alcoolisée mais ils auraient implicitement le droit de vendre des jus, des limonades, des boissons gazeuses telles que des Fanta, etc. Cette catégorie comprendrait par exemple les vendeurs ambulants de nourritures (beignets, arachides, friandises, …), ainsi que les restaurants qui choisiraient librement de ne pas vendre d’alcool, ni d’en permettre la consommation sur les lieux. Ils ne devraient pas à mon avis être tenus d’avoir un permis;

    – Les restaurants avec consommation d’alcool : à ceux-ci on devrait accorder un permis qui les autoriserait à vendre l’alcool, et à en permettre la consommation aux clients sur les lieux de leur commerce, selon des heures de début et de fin bien déterminées. De 11h00 (même s’ils ouvrent avant) jusqu’à leur fermeture (qui ne devrait pas dépasser 23h00) me paraît raisonnable;

    – Les vendeurs et grossistes d’alcool : cette catégorie inclurait les vendeurs de boissons, c’est-à-dire les kiosques, les grandes surfaces, les épiciers, les supermarchés, les boutiques, etc. qui vendraient de l’alcool, sans pour autant en autoriser la consommation sur place. Pour ceux-ci, l’heure de début pourrait être à partir de 6h00 jusqu’à leur fermeture, sans dépasser 23h00 s’ils sont autorisés à ouvrir jusqu’aux petites heures du matin ou s’ils sont ouverts 24h00 sur 24h00;

    – Les resto-bars, bars, boîtes de nuit, les organisateurs de fêtes comme les mariages, soirées dansantes, la Bonne Année, etc. Pour les 3 premiers, de 15h00 à 2h00 (jusqu’à 4h00) du matin me paraît raisonnable. Pour tous les autres, tant qu’ils auront acheté leurs boissons chez les grossistes pendant les heures permises, qu’ils auront reçus les permis requis, et qu’ils assureront et garantiront la quiétude du voisinage de l’endroit où se tient leur fête, on pourrait leur accorder d’aller jusqu’à 6h00 du matin.

    Évidemment, ce ne sont que des suggestions, et la liste des catégories et les conditions ne devraient être déterminées que par l’autorité compétente. Aucun de ces vendeurs ne devrait non plus être autorisé à vendre de l’alcool aux mineurs (moins de 18 ans).

    Quant à la consommation, chaque individu est libre de faire de sa vie ce qu’il veut. Je sais qu’il y en a qui vont invoquer l’éducation, les religions, les bonnes mœurs, et je-ne-sais-quoi encore!… C’est une opinion!… Mais à mon avis, tant qu’une personne ne trouble pas l’ordre public et ne met pas en danger la sécurité des citoyens, elle a le droit de consommer l’alcool comme il veut!… C’est aussi ça la liberté… Mais c’est aussi mon opinion!…

    Il y a quand même certaines dispositions qu’on doit faire respecter… On ne consomme pas d’alcool en public! Si c’est chez soi, c’est correct… Pas dans la rue!… Si c’est dans le privé, c’est correct! Et si c’est en public, cela devrait être strictement dans les lieux désignés pour ça, ou dans des endroits disposant d’un permis. C’est permis à l’intérieur d’un bar, d’un restaurant, sur le lieu d’une fête avec permis, dans un pique-nique, un concert, un match, etc… Pas dans la rue!… Pas dans la voiture, tant en conduisant qu’en étant passager!… C’est une question de sécurité… Les boissons non alcoolisées ne devraient être soumis à aucune condition.

    Pour le cas de Bugarama M. Kaburahe, je crois qu’on devrait leur accorder un statut spécial leur permettant de vendre leurs brochettes avec leurs boissons, mais ils ne devraient en aucun ouvrir les bouteilles d’alcool avant de les vendre à leurs clients. Si c’est de l’Urwarwa ou autres boissons sans bouchon scellé, il n’est pas question qu’on les autorise à vendre cela! Comme ça la violation de la loi incomberait uniquement au client. Mais… c’est une simple suggestion.

    Dans certains pays, on n’est même pas autorisé à avoir une bouteille d’alcool ouverte (même pleine!) à l’intérieur de sa voiture, sauf dans le coffre de celle-ci!…

    Dans tous les cas, tout doit être pensé et élaboré en tenant compte du soutien de l’activité économique et de la sécurité de la population.

    • Vuvuzela

      Merci Mutima! Uragerageje vraiment.

  7. Meddina

    Bonjour Monsieur Antoine Kaburahe.
    La cotisation de 500 fbu ne m a pas etonne du tout.Une cotisation est une source de revenus pour faire fonctionner un parti politique.Je suis au courant des autres personnes qui ont cotise plus.Qu il y a des lamentations concernant les 500 fbu, c est normal.Ce sont des jaloux de l opposition qui en font un probleme.Ces jaloux ne doivent pas t etonner.C est la nature humaine….Les jaloux ont du plaisir a critiquer.Les chiens aboient et la caravanne passe.
    Concernant l ouveture des bistrots a 18h…C est eduquer la population.
    Ici chez nous, les gens ont deja pris une habitude de boire d une facon exageree.L alcool tue et devient un handicap sinon une excuse pour les gens capables t qui ne veulent pas travailler.J ai deja vu des jeunes qui sont souls a 11h….Il faut une discipline
    Un diplomate francais de 1962 a ecrit dans son livre que parmi les souvenirs qu il a gardes des burundais c est qu ils aiment la boisson.Est ce que c est un compliment?Mieux vaut que nous ayons au moins assez d heures pendant la journee pour mieux travailler et reflechir…..Les gens qui vont dans les bistrots avant 18 h sont connus il faut qu on les aident a se ressaisir.Peut etre ce qui serait etonnant c est cette question.Pouquoi la decision d ouvrir les bistrots est actuellement a 18h?Pourquoi la decision n etait pas la depuis longtemps?La decision aurait pu notamment sauver les jeunes garcons de l alcolisme apres s etre mis a boire dans les bistrots avant la rentree des mamans qui quittent le travail vers 17h30 et ainsi arriver vers 18h a la maison ou les jeunes qui ont passe l apres midi dans les bistrots d a cote rentrent aussi.C EST UNE BONNE DECISION QUI VIENT APPUYER L AUTRE QUI INTERDIT LES CABARETIERS DE SERVIR L ALCOOL AUX MINEURS.

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