Lundi 23 décembre 2024

Culture

Des coopératives pour la promotion du livre burundais

22/01/2018 5

Les Burundais ont du mal à faire éditer leurs livres. De plus, les ouvrages disponibles ne sont pas connus à l’intérieur du pays. Le président de l’Association des écrivains du Burundi met en place des antennes pour en venir à bout.

Photo de famille des participants

Ce sont des structures pour encourager l’écriture et pallier les difficultés liées à l’édition, la diffusion et à la vente des livres d’auteurs burundais, a déclaré Joseph Butoyi, président de l’Association des écrivains du Burundi, ce samedi 20 janvier. C’était à l’occasion de la mise en place de la coopérative des écrivains, section Bujumbura mairie.

Selon lui, la maîtrise de la langue implique la compréhension d’autres matières. Sur ce, il exhorte les Burundais en général et les jeunes en particulier à aimer la lecture : «Non seulement elle cultive, confère des connaissances mais aussi il s’agit d’une thérapie ».

Cet enseignant de philosophie soutient que son initiative permettra de redynamiser la littérature et la société. Le niveau chute considérablement dans l’enseignement : «Notre coopérative vient pallier ce défi».

M. Butoyi compte créer des clubs de lecture et d’écriture (Clecs) au sein des écoles. En plus, il envisage faire de même dans des communautés. «Il faut que les lettrés lisent aussi».

La lecture leur permettra d’enrichir les débats. Dans les bars, le soir après les heures de travail, ils en font beaucoup. Et de déplorer qu’ils sont nourris des ragots. «Ils se contentent des superficialités».

En outre, cette coopérative va remédier aux difficultés de l’édition. Il souligne que le travail d’éditeurs coûte cher en Europe. Et de plus, dit-il, ils sont très exigeants : «Ils ne publient un auteur que lorsqu’ils sont rassurés que son livre sera lu à priori dans son pays. Ce sont des hommes d’affaires».

Pour contourner cet obstacle, les écrivains et les passionnés du livre se cotiseront pour soutenir le livre au Burundi. «Nous allons mettre ensemble nos moyens pour rendre disponible les livres dans tout le pays».

«On écrit dans une langue que l’on maîtrise»

Ce président de l’Association des écrivains indique que l’édition se fera à l’interne. Des éditeurs burundais contribueront. Avant d’en arriver là, il insiste sur les ateliers de lecture et d’écriture pour apprendre aux écrivains en herbe les techniques d’écriture.

Il évoque l’organisation des concours de lecture et d’écriture à travers tout le pays : «Ils promeuvent de telles initiatives». Il assure que la coopérative des écrivains décernera chaque année différents prix : «meilleur enfant lecteur, meilleure femme lectrice et meilleur lecteur en général».

D’après Diomède Mujojoma, écrivain, toute personne peut écrire. Il suffit qu’il ait cette passion et qu’il aime la lecture. «Que la langue ne soit pas une barrière. On écrit dans une langue que l’on maîtrise». Un pays est éclairé par des écrivains.

Il compare un pays sans écrivains à un arbre sans racines : «Ce sont les écrivains qui pérennisent la tradition, la culture par le biais de leurs textes».  Ils éduquent la société.

M. Mujojoma exhorte les écrivains à produire des textes en kirundi. Cela pour que les Burundais qui ne comprennent pas le français puissent aussi lire. Et de demander aux parents de pousser leurs enfants à lire dès le bas âge.

Cédric Irakoze, jeune passionné du livre, regrette que les Burundais n’en achètent pas. Et pourtant, dit-il, c’est une richesse incomparable. «Tu le lis, ton enfant le lira, ton petit enfant, etc».  Il leur demande de changer de culture. «La lecture en est une. Faisons-la notre culture». Les peuples qui lisent beaucoup dominent ce monde.

Les coopératives des écrivains existent et d’autres sont en cours de création dans certaines provinces à l’intérieur du pays. Notamment Ngozi, Muyinga et Rumonge.

Forum des lecteurs d'Iwacu

5 réactions
  1. igent

    très belle initiative, sa nous redonne le moral à nous la jeunesse

  2. Jereve

    Vous avez oublié une chose : écrire et lire au Burundi, c’est dangereux. Car la liberté d’expression n’est garantie que sur le papier. Ecrire, c’est réveiller les consciences sur les réalités de la vie de toute la communauté. Et comme ces réalités ne sont pas toujours roses, il y a risque de déplaire aux autorités. Vous risquez la mort ou la prison. Ou dans le meilleur des cas l’exil, le seul endroit où l’on peut écrire et lire librement sur le Burundi.

  3. kirosi

    Haaaa, warundi! Des cooperatives pour promouvoir les pensees de Moliere, Montesquieu, et consorts alors que la faim, le chomage, le manque d’eau potable, etc., devraient interpeller tout le monde.

  4. Laurent Niyonkuru

    Très belle initiative. « La lecture nourrit l’âme, comme le pain nourrit le corps »!
    Mutubwire tubafashe!

  5. Jean-Claude NDIKUMANA

    Cela me parait tres important car les ecoles surtout les colleges communaux sont en ruine aussi de lecture et ecriture. Lorsque j’enseignais aux Lycees techniques de NYAKARAMBO et St Luc (en Mairie), je pleurais en lisant les reponses obtenues dans un examen! Il me semblais que presque la majorite de la classe ne savait pas ecrire, conjuguer et differencier les mots. Cela sera un parcours de longue haleine mais si les jeunes ecrivains s’y impliquent ils pourront. Peut etre qu’il faut ecrire et lire plus de textes poetiques, proverbes et chansons. Les Burundais n’ont pas cette culture de lecture mais aussi les jeunes. Il y avait une periode peut-etre 2000-2011, beaucoup de jeunes commencaient a se mobiliser pour la lecture et dans la rue on pouvait voir que la plupart porter toujours des livres dans la main, cela car les examens nationaux de 10e et annees terminales portaient une rubrique sur la culture generale et l’etude des textes se cotait sur beaucoup mais aujourd’hui, les jeunes portent des ecouteurs dans leurs oreilles seulement. On dirait une transition de la lecture a l’ecoute!!! Mais moi aussi, je dois faire le cours de l’ecriture pour connaitre les ponctuations

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