Une vaste campagne de leur d’arrestation bat son plein dans la plaine de la Rusizi. Ils sont accusés de rouler pour l’opposition burundaise. Le service national de renseignements (SNR) burundais est pointé du doigt.
<doc6423|left>Lundi10 décembre 2012. A Mutarule, localité de la chefferie de la plaine de la Rusizi dans la région du Sud, Kivu à moins de 6 km de la frontière burundaise, la peur se lit sur les Congolais d’origine burundaise. Motif : des arrestations massives s’opèrent dans les rangs des populations kirundophones. Un sage de la région ne décolère pas: « On nous accuse d’être de mèche avec les opposants du pouvoir de Bujumbura rentrés en clandestinité au Congo après les élections de 2010. »
Parlant bien le kirundi, ce père de 10 enfants affirme sans ambages que des agents du Service national de renseignements du Burundi sont signalés dans les régions à forte concentration des populations kirundophones. « Ils traversent la frontière burundaise vers la RD Congo grâce à la complicité des Agents nationaux de renseignement du Congo (ANR) », remarque-t-il. Leur mission, continue-t-il, c’est de mâter ou tout au moins d’arrêter tout Congolais d’origine burundaise. « On nous accuse de soutenir et d’abriter les éléments des FNL», fait-il savoir. Pour étayer ses propos, il donne un à un l’identification de dix Congolais d’origine burundaise qui sont déjà interpellés et puis conduits à la prison centrale d’Uvira.
Une autre source locale indique que ces personnes arrêtées pourraient être extradées au Burundi. « Nous craignons que ces gens risquent d’être tués une fois arrivés au Burundi », indique-t-il avec stupéfaction.
D’après une source à l’intérieur de cette maison de détention, quelques prisonniers sont conduits pendant la nuit à l’extérieur de la prison et prennent une destination inconnue. « Personne n’est revenu, jusqu’à maintenant. Ces prisonniers pourraient être assassinés », signale-t-elle.
Les informations reçues à Mutarule indiquent aussi que mêmes les Congolais de la communauté des Banyamulenge subissent pour le moment des tracasseries de la part de certains éléments de l’armée congolaise. Ils sont accusés de collaborer avec la rébellion du M23.
Les services de renseignements congolais s’en lavent les mains
Interrogé à ce sujet, un agent de l’ANR rencontré à Uvira dit ne pas être au courant de telles informations. Il affirme que les services de renseignement et de sécurité congolais sont là pour protéger toute personne établie légalement en RD Congo.
Pour preuve : le degré d’alerte de la policie a été revu à la hausse pour assurer la sécurité de la population de la plaine de la Rusizi. Toutefois, il reste évasif sur la question des agents du service national de renseignements burundais qui franchissent la frontière congolaise pour chasser les Congolais d’origine burundaise.
Un officier de la police qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat a fait savoir que les services de sécurité et de défense de la RD Congo ont reçu un ordre venu de Kinshasa de faire taire toute voix de l’opposition à la fois burundaise et congolaise dans la région de la plaine de la Rusizi. Le SNR rejette catégoriquement les allégations. Interrogé par Iwacu, Télesphore Bigirimana, son porte-parole, nie toute implication de son institution dans les affaires internes de la RD Congo. Pour lui, il s’agit tout simplement d’une diversion.