Le 12 février 2024, dans sa présentation du rapport annuel de la Commission nationale indépendante des droits de l’Homme (CNIDH), le président de la commission a informé les députés qu’il a visité plusieurs cachots du pays. Leur surpopulation interpelle notamment au niveau des cachots de la Police judiciaire et des parquets.
Sixte Vigny Nimuraba, président de la CNIDH, a confié devant les députés au Palais des congrès de Kigobe que par exemple lors d’une visite au cachot du Commissariat de police de Kirundo au chef-lieu de la province le 8 août 2023, celui-ci contenait 175 détenus dont 3 enfants alors qu’il n’a qu’une capacité d’accueil de 30 personnes. « Donc, un dépassement de 623 % », a-t-il déploré. En date du 19 septembre de la même année, dans le cachot du Commissariat de la mairie de Bujumbura, la CNIDH a découvert un cachot de 398 détenus alors qu’il ne devait pas dépasser 46 personnes, soit un dépassement de 865 %. Le 25 du même mois, le cachot du Commissariat de Kabezi de 2 m sur 2 m détenait 16 personnes.
Des détenus relaxés
Le président de la CNIDH a fait savoir que sa commission a effectué 355 visites dans les cachots des différentes provinces du pays en 2023. Elle a trouvé plus de 4 700 personnes détenues. « Parmi elles, 1 324 ont été relaxées suite à la demande de la CNIDH », s’est félicité Nimuraba. Il s’agit de 1 052 hommes, 147 femmes, 120 garçons et 7 filles, soit 28,15 % des détenus. « Une partie était incarcérée pour des infractions mineures tandis qu’une autre était jetée au cachot illégalement. »
Sixte Vigny Nimuraba a déclaré que ce sont surtout les cachots qui sont sur les chefs-lieux des provinces qui sont les plus concernées par la surpopulation carcérale. Son explication est que les détenus qui attendent la confection de leurs dossiers se voient être rejoints par d’autres en provenance d’autres cachots.
En 2023, au moins 761 personnes ont déposé leurs plaintes à la CNIDH dont 604 ont été acceptées. « D’autres ont été rejetées, car la CNIDH n’était pas compétente pour les accueillir. Ils ont été toutefois orientés vers des institutions compétentes. », précise Nimuraba.