Depuis le samedi 22 juin 2024, la compagnie de téléphonie mobile Lumitel a appliqué de nouveaux tarifs pour les services de monnaie électronique Lumicash. Certains agents déplorent une hausse des prix pour les transactions, alors que leurs commissions n’ont pas été revues à la hausse.
Les mauvaises nouvelles continuent de hanter le quotidien des Burundais. Dans un communiqué de presse daté du 22 juin 2024 et signé par son Directeur Général, la société Lumitel a annoncé une augmentation de ses tarifs pour les transferts électroniques d’argent sous le label Lumicash. Les raisons avancées incluent les investissements nécessaires pour maintenir des services de qualité, l’optimisation du système de sécurité, la mise à jour du système pour intégrer des innovations numériques, et le paiement des commissions aux partenaires, super agents, agents et banques, tout en essayant de maintenir un service abordable malgré un environnement économique défavorable marqué par l’inflation.
À titre d’exemple, un retrait de 10 000 BIF nécessitait auparavant le paiement de 580 BIF, alors qu’avec la révision des tarifs, ce coût s’élève désormais à 696 BIF. Un agent Lumicash à la Gare du Nord en zone Gihosha a souligné : « Pour un dépôt de 5000 BIF, les agents Lumicash recevaient une commission de 77 BIF. Mais avec les nouveaux tarifs, rien n’a été ajouté aux commissions. »
Les agents de transfert d’argent électronique à la Gare du Nord constatent déjà l’impact de ce changement sur la clientèle. « Certains clients nous accusent de l’augmentation des tarifs. Ils ne croient pas que c’est une décision de la société Lumicash et pensent que c’est une arnaque », regrette un agent Lumicash. Celui-ci craint que cette situation ne réduise progressivement sa clientèle, affectant ainsi son gagne-pain.
Les prix de retrait et de transfert d’argent via Lumicash ont considérablement changé, ce que déplorent certains clients rencontrés au centre-ville. « Avant d’augmenter les prix, Lumicash ne tient pas compte de la cherté de la vie qui atteint des niveaux alarmants, affectant durement les citoyens », a témoigné un client.
Le Directeur Général de l’Autorité de Régulation et de Contrôle des Télécommunications (ARCT), Dr Samuel Muhizi, a confirmé que Lumitel notifie préalablement à l’ARCT ses offres tarifaires. Interrogé sur la validité des raisons avancées par Lumicash, Dr Muhizi a expliqué que plusieurs paramètres peuvent influer sur les tarifs, tels que les redevances, les commissions aux super agents et agents, les frais d’interconnexion, ainsi que les charges de maintenance et de sécurité du système.
Les agents Lumicash menacent de suspendre leurs activités à partir du dimanche 30 juin 2024 si leurs commissions ne sont pas revues à la hausse, nous a confié une source parmi ces agents. Face à cette situation, certains attribuent cette hausse des tarifs à la pression fiscale croissante et à la dépréciation récente du BIF.
1. Vous ecrivez:« Certains agents déplorent une hausse des prix pour les transactions, alors que leurs commissions n’ont pas été revues à la hausse… »
2. Mon commentaire
Ici c’est encore une fois le jeu de l’offre/supply en anglais (= combien de gens veulent du travail) et la demande (= le nombre d’employes dont les entreprises ont besoin pour faire le boulot). Dans un Burundi ou il y a un grand taux de chomage, les employeurs vont avoir beaucoup de pouvoir de negociation/bargaining power.
« Even in thick urban labor markets in high-income countries, the share of workers who are likely to leave in response to a hypothetical 10 percent wage cut is much smaller, perhaps 20 to 30 percent, and is often lower for women. In developing economies, it is lower still. This suggests that employers have wide latitude to set wages. A higher wage helps recruit and retain workers, but the market does not dramatically constrain companies’ wage decisions and different employers can make different choices. That is, employers exercise monopsony power — the labor market analog of demand-side monopoly power that gives sellers a degree of control over pricing… »
https://www.nber.org/reporter/2024number1/monopsony-power-labor-markets
Lumicash tout comme les autres plateformes de transfert et de paiement eléctronique sont dans un marché concurenciel. Ils peuvent modifier les grilles tarrifaires en fonction du marché. Les usagers ne devraient pas se lamenter car, il existe d’autres moyens, offrant les memes services que Lumicash. Ecocash, eNoti, Akaravyo et Akabirya sont entre autres des moyens de transfert et les commissions sont attrayantes