Mariées à des Tanzaniens, une cinquantaine de Burundaises sont chassées depuis la fin du mois de février. Pour cause, elles n’ont pas de permis de séjour. Elles ne savent pas à quel saint se vouer.
« Je vivais en harmonie avec mon époux, un Tanzanien. Seulement, il devait payer chaque année, un impôt de 150.000 Shillings parce que je n’avais pas de permis de résidence », se lamente Thérèse Kampayano, l’une des expulsées. Elle vit actuellement dans un campement provisoire à vingt-cinq kilomètres du chef-lieu de la province Muyinga, au centre de négoce de Murama en commune Muyinga. Elle n’en revient pas d’avoir abandonné derrière elle, ses enfants, son mari et tous ses biens. Avant d’être chassées, la plupart de ces Burundaises vivaient depuis plusieurs années dans les localités de Rukukumbo, Gicaca, Bukiriro, Gihahe dans le district de Kagera. Seules, celles qui ont des nourrissons ont pu rentrer avec eux. Toutefois, ils devront retourner en Tanzanie lorsqu’ils auront atteint la majorité (18ans) : « Un enfant né en Tanzanie obtient d’office la nationalité tanzanienne. » Ces femmes trouvent injuste la décision des autorités tanzaniennes. Notre seul péché, expliquent-elles est d’avoir aimé des hommes n’ayant pas la même nationalité que nous. De plus, elles racontent qu’elles étaient marginalisées par leurs voisines Tanzaniennes. Elles étaient plutôt bien traitées par leurs maris. Nombreuses de ces femmes sont originaires des provinces de Ngozi et Karusi. Elles ne veulent pas y retourner de peur d’être rejetées. « Je me sens aujourd’hui plus Tanzanienne que Burundaise. Mon vœu est de retourner vivre en Tanzanie. Ma famille compte plus que tout et je veux vivre auprès d’elle », implore M. Marie Thérèse Kampayano qui y vivait depuis plus de vingt ans.
L’administration burundaise compatit
Emmanuel Ndoriyobija, chef de la Colline Murama reconnaît que la question des femmes mariées à des Tanzaniens devrait être traitée minutieusement : « C’est un phénomène qui fait objet de discussions lors des entretiens entre les autorités administratives de Muyinga et tanzaniennes sur le bon voisinage. Mais le gouvernement tanzanien continue à chasser les résidents illégaux. » Pour lui, l’impôt payé pour toute femme sans permis de résidence mariée à un tanzanien devrait être supprimé. Amuri SELEMANI, administrateur de la commune MUYINGA regrette de voir ces femmes expulsées quelques jours après la rencontre du 23 février 2012, avec les autorités tanzaniennes à KOBERO au poste de douane à la frontière. Les deux parties s’étaient convenues de suspendre ce genre d’expulsion en attendant de trouver une issue privilégiant la dignité humaine. Pétronie Sindabahaga, gouverneur de la province de Muyinga, promet de se saisir de la question et de se concerter avec les autorités tanzaniennes pour prendre des mesures conséquentes. Toutefois, elle conseille aux Burundaises qui veulent faire leur vie avec des Tanzaniens de remplir toutes les formalités nécessaires afin de vivre légalement avec leurs époux. Entre-temps, ces femmes en espoir de retrouver leurs époux, demandent avec insistance au gouvernement burundais d’intervenir auprès du gouvernement tanzanien pour solliciter leur naturalisation ou à défaut négocier pour elles un permis de séjour.