Le passé ne passe pas au Burundi : «Il affecte d’une manière ou d’une autre le quotidien des victimes et de leurs familles», a expliqué Aloys Batungwanayo, expert dans la gestion des mémoires. C’était ce mercredi 13 juin lors de la présentation d’une étude sur la mémoire et la vie quotidienne des victimes des crises que le Burundi a connues.
Ce travail a été commandité par la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) et l’ONG ’’American Friends Service Committee’’.
Selon lui, certaines victimes adoptent la résilience et enseignent aux autres la non-violence. D’autres entretiennent l’esprit de vengeance en transmettant ’’la mémoire blessée’’.
D’autres encore vivent au quotidien leur traumatisme. M Batungwanayo rapporte que certaines victimes de 1993 ne peuvent pas acheter des produits des vendeurs qu’elles soupçonnent être les bourreaux des siens. «Je préfère rentrer à la maison les mains vides», a-t-il appris.
Térence Mushano, vice-président de l’AC-Génocide Cirimoso, estime que cette étude aidera les Burundais à panser les blessures du passé. C’est une occasion aux victimes à demander que la justice leur soit rendue : «On peut surmonter les douleurs mais l’oubli reste impossible. Sans la justice, la réconciliation est impensable».
Pour le président de la CVR, Mgr Jean-Louis Nahimana, cette enquête permettra à sa commission de prendre connaissance de ce dont les victimes ont besoin pour l’aboutissement du processus de réconciliation.
Et aussitôt d’indiquer que seule la vérité ne suffit pas : «Les experts doivent se mettre ensemble pour proposer des solutions adaptées à la réalité burundaise».
Signalons que cette étude a été menée dans six provinces.