<doc516|right>Au sujet des dernières attaques, le porte-parole de l’Armée, ne parle plus de "bandits armés", mais "d’hommes armés". Comment décoder cette évolution du discours du Colonel Baratuza? Lors des précédentes attaques, l’armée, le gouvernement, avaient une réponse toute prête: ce sont des bandits.
Et l’on sait comment on traite un bandit. Mais "un homme armé", qui dit avoir pris les armes pour des raisons politiques, qui n’attaque pas la population civile, il devient un peu difficile de le qualifier. On peut donc comprendre le malaise du porte-parole de l’armée pour parler de ce nouveau groupe. Bon communicateur, il trouve une formule un peu fourre-tout : "des hommes armés".
"Des hommes armés" attaquent et revendiquent donc leur action. Ce n’est pas nouveau. Nous réaffirmons ce que nous avons toujours dit, à savoir que la guerre ne sera jamais une solution pour résoudre les problèmes burundais. Aujourd’hui, l’armée affirme "maîtriser la situation" et ce n’est pas faux. Mais ce qui est vrai aussi, c’est que, malgré tout, ces groupes peuvent avoir une grande capacité de nuisance. Déjà, dans les régions touchées, la population vit dans la psychose de la guerre. La situation est encore limitée mais, très mobiles, ces groupes peuvent multiplier les coups. Or, le Burundi a plus que jamais besoin de la paix pour son développement, pour attirer les investisseurs.
Par ailleurs, au Burundi, est-ce que toutes les voies ont été épuisées pour prendre les armes ? La guerre est quand même une voie "ultime", désespérée. Il faut créer des conditions pour qu’aucun Burundais ne se sente en danger ou exclu au point de prendre les armes. Que cessent les exécutions sauvages, les emprisonnements arbitraires, les menaces de toutes sortes. C’est le seul moyen de ne plus "enfanter" et légitimer ce genre de mouvement. Les hommes prennent les armes quand ils n’ont plus rien à perdre.