Jeudi 26 décembre 2024

Économie

Des balayeuses laissées-pour-compte

Depuis septembre dernier, des balayeuses réclament leurs salaires. La mairie de Bujumbura signale avoir payé leur employeur, la coopérative Women cleanig Group.

Des balayeuses nettoyant l’avenue de la JRR.

Sur le Boulevard du peuple Murundi, il est 11h. Sous un soleil de plomb, N.T, employée de la coopérative Women cleanig Group, s’appuie sur un panneau publicitaire, un vieux mouchoir jeté sur sa tête. Ruisselante de sueur mélangée et couverte de poussière, cette quadragénaire peine à raconter sa vie pénible : « Je viens de passer quatre mois sans toucher mon salaire. Mes trois enfants ont abandonné l’école, faute de pouvoir payer les frais de scolarité.» Elle s’indigne que, depuis septembre dernier, elle n’a pas payé son loyer et partant ne peut plus subvenir aux besoins de sa famille. Larmes aux yeux, elle confie que son fils cadet est malade, depuis deux jours. « Je n’ai pas les moyens pour le faire soigner.» Les autres, poursuit-elle, vont bientôt mourir de faim. Cette veuve souligne que cet emploi est sa seule source de revenu.

N.T. fait savoir qu’elle habite dans la zone Musaga. Faute de moyens, elle se rend à son travail à pied.
Elle indique qu’elle passe toute la journée sans rien mettre sous la dent. « Nous ne pouvons même pas avoir de l’eau à boire !»

Cette femme pointe du doigt la directrice de cette coopérative pour ne pas avoir versé leurs salaires de quatre mois sans aucune raison.

La mairie décline toute responsabilité

Il est 11 h 30, devant l’hôpital prince Louis Rwagasore. G.F., une veuve assise sous un manguier, la tête dans les bras, ne sait à quel saint se vouer. Elle semble affamée et déshydratée. Originaire de la zone Kinama, elle est mère de cinq enfants. « Mes enfants se sont habitués à ne manger qu’une fois par jour.»

Elle impute la responsabilité de cette situation à la mairie de Bujumbura : «Comment la mairie ne parvient pas à contraindre cette coopérative de nous payer ?»

Malgré son quotidien intenable, elle reste optimiste : « Même si je ne suis pas payée, je me présenterai toujours au travail, même pendant deux ans.» Un jour, assure-t-elle, la justice me rétablira dans mes droits.

En outre, ces femmes font savoir qu’elles n’ont jamais touché la totalité de leurs salaires. « Nous touchons soit 30000, 45000 ou 55 000 Fbu alors que notre salaire est 75 000 Fbu ». Et d’ajouter qu’elles n’osent protester par crainte d’être arrêtées par les policiers.

Ces balayeuses, veuves pour la plupart, confient également que, depuis début 2017, il y a eu des retards dans le paiement de leurs salaires. Signalons que cette coopérative regroupe plus de 250 femmes.

Candida Kazatsa, la chargée de communication de la mairie de Bujumbura, rejette la responsabilité sur la coopérative Women Cleaning Group : « La mairie ne doit rien à la coopérative Women cleaning group. Nous l’avons déjà payée.»
Nous avons contacté la coopérative Women cleaning group, en vain.

Forum des lecteurs d'Iwacu

23 réactions
  1. juju

    Gacece l’infatiguable, j’espere que tu investis autant d’energie et de temps a aider concretement ton pays. Serieusement le pays va mal et nul ne devrait s’amuser avec ca car ce n’est pas drole.

    • Gacece

      @juju
      Pourquoi est-ce que je devrais aider le pays? Le pays ne m’a jamais aidé! J’aide ma famille et c’est suffisant pour moi.
      Si un jour j’en éprouve l’envie, je ferai de mon mieux.

  2. Rurihose

    Gacece
    Expliques moi pourquoi ce qui se fait au Burundi ne peut être comparé avec d’autres villes?
    On n’a pas parlé de Vienne ni Oslo.
    Mais Kigali, la capitale d un pays sous développé et surpeuplé comme le Burundi.
    Uwutamaramara ntakira

    • Gacece

      Si je dis « Ne comparez pas », cela veut dire qu’il y a eu comparaison! J’ai ajoutez pourquoi. C’est mieux de donner des solutions applicables à Bujumbura. Et non à Kigali!

      Chaque endroit dispose de moyens, de ressources et de façons de faire différents. Je ne sais pas comment ils font au Rwanda, mais je doute qu’ils fassent recours à des balayeuses.

      Si Bujumbura laisse tomber ces coopératives et sous-traite avec une compagnie qui utilise des balayeuses mécaniques et des aspirateurs motorisés, ces dames perdent leurs emplois.

      C’est entre autres une des solutions possibles, mais…

      Est-ce cela que vous souhaitez vraiment?

      • John

        @ Gacece, Kigali n’est pas loin, juste 4 heures de route de Bujumbura . La mairie de la ville n’a qu’a y envoyer son equipe en voyage d’etudes pour s’inspirer de son modele qui en fait la ville la plus propre du continent. Ce nest pas necessaire d’utiliser des balayeuses et autres engins mecaniques puisque ces dames peuvent bien s’en occuper tout en gagnant leur vie. A condition bien sur qu’elles soient regulierement payees.

        • Znk

          John,
          La ville la plus propre du continent! Pourquoi pas la plus propre de l’univers!
          Mais il faudra laisser un peu de moyens aux autres villes du pays, car Kigali (tout en restant le nombril du Rwanda) ne devrait pas absorber les 13 millions de rwandais. Ils se sentiraient un peu à l’étroit.

          • John

            @Zink je peux malheureusement repondre a la preoccupation . Je te suggere d’aller visiter ces autres villes pour voir si oui ou non elles sont aussi propre que Kigali . Je pense aussi que toute entite devrait se battre pour etre premiere de sa region , de son continent ou du monde. C’est pourquoi il existe des mecanismes et des institutions qui font du classement et publient des rapports. De tels rapports boostent l’image de l’entite ou du pays , ce qui a des retombees positives. Si Kigali peut un jour se classer 1ere du monde dans ce domaine on devrait l’encourager et la feliciter. Si la belle Bujumbura peut lui emboiter le pas, ce serait un bel atout pour les deux pays, en termes touristiques par exemple. Nest il pas bon d’essayer? Allez.,,, a nos Marques!!!!!!

      • Rurihose

        Sans blague Gacece,
        Uriko uvuga ko utazi que les rues de Kigali sont nettoyées par de braves femmes?
        Ne t’en fais pas les patrons qui vous payent pour écrire des balivernes le savent.
        Ils savent même comment les rwandais font pour avoir une corruption minime mais ils préfèrent imiter les zairois pour s’enrichir et détruire le pays

        • Gacece

          Hors sujet! On parle de Bujumbura!

  3. Bundes

    @Gacece
    Ntavyo udusigurira mutama Gacece urazi ko atakigenda! La Mairie est bel et bien responsable et le resultat est là ! Genda urabe aho I Kigali ingene hasukuye !!

    • Gacece

      @Bundes
      J’aimerais bient être d’accord avec vous, mais dans ce cas nous serions par conséquent deux à avoir tort!

      Si on veut avoir des résultats qui ont un impact positif, il faut responsabiliser tout le monde. Normalement, une coopérative est censée être une mise en commun des ressources des ses membres pour avoir de meilleures conditions de fonctionnement. Peu importe le domaine. C’est-à-dire que les membres, y compris ceux qui sont désignés pour la gestion et l’administration de la coopérative, doivent être traités sur un même pied d’égalité.Et à moins de me tromper, ce n’est pas le cas ici. Et ce n’est pas la faute à la Mairie, c’est la faute à la coopérative.

      Pour ce qui concerne la Mairie, mon commentaire est là et clair.

      Quant à Kigali, tant mieux pour eux! Mais… Bujumbura n’est pas « à » Kigali!

      Ne comparez pas et n’accusez pas! Sinon on appelle cela du « chialage » dans la place où je me trouve!
      Proposez des solutions!

      • Nduwimana

        Quel genre d’autorité. Pourquoi le maire rejette la responsabilité sur le groupe cleaning. Alors qu’il devrait fhaire justice a ces veuves qui cris dans le desert passées des mous et des mois et il rejette la responsabilite au lieu de sauver ce qu’il devrait sauver. Nkaho wosanga uwo ategerezwa kubahemba arincuti uiwe la mairie est complice de ce retard inexplicable.

      • Meursault

        @Gacece
        Vous ne faites que du « chialage » dans tous vos commentaires!
        Le silence de la mairie devant l’inhumaine attitude de la cooperative cleaning group montre qu’il ya quelque chose qui cloche de sa part.Autrement,je ne vois pas pourquoi la mairie n’interviendrait pas pour dire à cette cooperative de payer ces mamans qui passent des journées entières au soleil sans même un sous pour se payer de l’eau à boire alors que la mairie a toujours versé la totalité de l’argent du contrat.
        Mais comme la mairie appartient à la macabre administration dd il faut toujours dire que son laisser-aller(ou son silence-complice) est la meilleure politique à soutenir et à encourager.En tout cas,comme défenseur d’une idéologie abjecte et traitre « intellectuel » de la cause du peuple burundais on a rarement vu pire que Gacece!

    • Nduwimana

      Quel genre d’autorité. Pourquoi le maire rejette la responsabilité sur le groupe cleaning. Alors qu’il devrait fhaire justice a ces veuves qui cris dans le desert passées des mous et des mois et il rejette la responsabilite au lieu de sauver ce qu’il devrait sauver. Nkaho wosanga uwo ategerezwa kubahemba arincuti uiwe

      • Nduwimana

        Ubusuma burangwa murico gihugu tuxoza tuxoburandurana nimizi.

        • Gacece

          @Nduwimana
          Je ne sais pas si vous avez lu l’article au complet, mais il est indiqué que les salaires de ces « membres » de cette coopérative ont été décaissés par la Mairie et encaissés par la coopérative.

          Donc, ce sont les responsables de cette coopérative qui ne versent pas aux membres de la coopérative leurs salaires depuis plusieurs mois.

          Vous devriez plutôt dire à ces dames de puirsuivre ceux qui retiennent leurs salaires devant les tribunaux.

          Pour ce qui est de Mairie, relisez mon commentaire ci-dessus.

          • Gacece

            ^*correction : « ci-dessous ».

        • SINDAYIGAYA

          Muzoza ryari gancuti? Uri umuti wamenyo basi!

          • Gacece

            @SINDAYIGAYA
            Seulement pour ceux qui « montrent les dents »! Vérifier ce que cela veut-dire.

  4. Kimeneke

    Ibiba muburundi nikibiba kwa shetani ndabarahiye quel anarchie!!!

  5. KABADUGARITSE

    Les responsables municipaux ne devraient pas ignorer qu’une mauvaise sous-traitance nuit aux résultats des prestations. Ou alors s’agirait-il d’une magouille à laquelle est associée la Municipalité.-

  6. Gateka Alain

    QUELLE HONTE!!!!!!!
    Je ne connais pas le dossier dans le fonds mais ce qui est sûr c’est qu’il ya des gens qui ne sont pas payés alors qu’ils ont préstés. La déclaration universelle de droits de l’homme est claire à ce sujet » Article 23″ toute personne à droit à une rémunération équitable…….. »
    Quelle honte ? Comment le système de gouvernance en place peut-il s’accommoder de cette situation et continuer à agir comme si de rien n’était « Business as usual »? Nous intérpellons les députés de la Mairie de Mukaza de se saisir de cette question.Monsieur le Maire trouvez-vous normale cette situation?Sinon remettez en cause votre contrat qui vous lie à ce sous-traintant.
    Nous crions et nous nous indignons sur l’esclavage en Lybie alors qu’elle est chez nous et de manière flagrante.Est-ce que nous n’avons pas honte,quand nous nous présentons en grandes pompes devant les caméras célébrants des journées officielles ça et là alors que le citoyen lamda bamucunye bufuni na buhoro.Où est la décence ,messieurs,mesdames les politiciens?

  7. Gacece

    Si on veut avoir des résultats différents de ceux qu’on a d’habitude, il faut employer des méthodes différentes.

    Il est clair, si ce que la Mairie dit est vrai, que le problème se trouve du côté de l’administration de cette coopérative.

    Mais la Mairie a aussi l’obligation morale de confier des contrats de services à des organisations qui traitent bien leurs employés.

    La Mairie a l’autorité et le pouvoir nécessaires pour exiger des responsables de cette coopérative qu’ils versent les salaires à leurs membres, sous peine de rompre toute relation, tout contrat ou entente de services les liant.

    J’en avais parlé avant. Il semble que personne à la Mairie n’a suivi l’actualité concernant ce cas. Ils continuent de rejeter la responsabilité à leurs sous-traitants alors qu’ils pourraient eux-mêmes poser des gestes pour améliorer les conditions de travail de ces braves et vaillantes dames.

    Pourquoi ne pas ouvrir un canal de communication (un numéro de téléphone) pour permettre aux personnes de porter plainte contre un employeur ayant un contrat avec la Mairie? Ceci leur permettrait d’être proactifs, c’est à dire régler des problèmes avant qu’ils prennent de plus grandes proportions.

    Cela leur éviterait également de devoir apprendre à travers les médias.qu’un problème existe quelque part.

    Aidez-vous et le ciel vous aidera les amis!

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Que la compétition politique soit ouverte

Il y a deux mois, Iwacu a réalisé une analyse de l’ambiance politique avant les élections de 2020 et celles à venir en 2025. Il apparaît que la voix de l’opposition est presque éteinte. Il n’y a vraiment pas de (…)

Online Users

Total 1 666 users online