Les enceintes des bureaux de la mairie de Bujumbura sont mouvementées ce lundi 1er avril. Plus d’une centaine d’individus, des femmes essentiellement, ont investi la cour de cet établissement depuis le bon matin. Ce sont les employés de la mairie chargés de la salubrité de la capitale, des balayeuses pour la plupart, venues pour le sit-in, après quatre mois sans salaire.
Ils sont dans le désarroi. Assis devant les bureaux, vers 9h et demie, ils sont mélancoliques…Finalement, peu après, ils bénéficieront d’un entretien avec une équipe de la mairie. Des représentants sont désignés. Une demi-heure plus tard, certains rentrent, d’autres restent sur place en groupes.
«La mairie nous demande de rentrer, elle va nous régulariser demain», rapporte l’une des représentants devant des regards désespérés. «En fait, elle soutient qu’elle avait beaucoup de dossiers à traiter». Apparemment, la réponse de la mairie n’est pas rassurante.
Ce rapporteur les appelle à retourner au travail. Ils restent dubitatifs, hésitants, inquiets. Petit à petit, ils se constituent en groupes. Certains en dehors des enceintes de la mairie, à l’avenue de l’Université. D’autres à l’intérieur. Ils veulent parler aux journalistes.
«Cette réponse ne tranquillise pas. Le motif avancé ne tient pas», fait savoir une femme, la cinquantaine, tout en ajoutant: «Qui dit qu’elle va honorer cette promesse ?» Aussitôt, une femme vient l’interrompre. «Rentrez s’il vous plait ! Ce ne sont pas les journalistes qui vont débloquer vos salaires».
Ensemble avec trois autres, elle va de groupe en groupe, interdit tout rassemblement, veuille à ce qu’il n’y ait pas d’interview. «Ils [les services de la mairie] nous ont toujours menacés chaque fois que nous tentions d’évoquer nos plaintes sur les médias», murmure une jeune femme.
Effrayés, ils se volatilisent un à un. Mais un homme, quadragénaire, tient debout, s’exprime sur les micros, au grand étonnement de ses collègues qui craignent pour lui. «Nous voulons nos salaires. Et c’est pathétique que pour les avoir, nous fassions toujours des sit-in», lâche-t-il, affirmant néanmoins ne pas être à mesure d’en estimer le montant. «Nous ne savons pas à quel montant exact s’élève notre salaire. Ils nous donnent celui qu’ils veulent».
Interrogée, Candide Kazatsa, chargée de la communication au sein de la mairie de Bujumbura, s’est refusée à tout commentaire.
Ces employés se comptent à plus de 36o. Ils déplorent les retards répétitifs de leurs salaires depuis 2017. Pour rappel, les balayeuses avaient organisé un sit-in en août 2018 dernier, dénonçant des impayés de 4 mois. Six mois auparavant, en février 2018, elles avaient aussi protesté contre des arriérés salaires pour 5 mois.