Ils ont obtenu leurs diplômes, il y a de cela 9 mois. Mais ils sont au chômage. Ce phénomène est tout à fait nouveau au Burundi.
<doc2822|left>« J’ai mon cachet dans un tiroir depuis six mois. J’attends sagement», se plaint un médecin, frais émoulu de la faculté de médecine. Pour ce jeune généraliste, difficile d’imaginer le chômage dans la filière médicale, au Burundi. « Dans l’histoire de notre pays, c’est la première fois qu’un médecin passe des mois sans travail.»
D’après lui, sur plus de 120 lauréats de la promotion 2010 de la faculté de médecine de l’université du Burundi, seule une quinzaine a été embauchée dans le secteur public. D’autres, plus chanceux, ont trouvé du travail dans le privé : «La majorité est au chômage. Tout simplement, il faut former selon les besoins. »
Pour un autre jeune médecin, le problème se situe ailleurs. Le Burundi n’a pas assez de médecins par rapport au nombre d’habitants : 0,28 médecins sur 1000 habitants. Le standard de l’OMS est le rapport 1/650, un médecin pour 650 habitants.
Problème de budget au ministère de la Santé ?
Les premiers lauréats de la promotion 2010 ont soutenu leurs thèses en mai 2011. Ils indiquent néanmoins que leurs dossiers de demande d’emploi se trouvent déjà au ministère de la Santé publique : « Nous ne savons même pas que tous ceux qui ont postulé seront retenus car il y aurait un problème de budget. »
Non seulement le ministère tarde à les embaucher, mais ils ne parviennent pas à se faire caser ailleurs en attendant. «Auparavant, les jeunes médecins qui n’avaient pas été engagés directement dans le public pouvaient attendre en exerçant dans le privé. »
Ces jeunes réfutent l’opinion selon laquelle ils ne veulent pas être affectés à l’intérieur du pays surtout dans les coins les plus reculés: « Nous sommes des médecins, notre vocation est de soigner les malades de tous les milieux pas seulement des villes. Par ailleurs, personne ne nous l’a proposé. »
Le recrutement, un long processus
Interrogé à ce sujet, énervé, le directeur de la Santé Publique réplique avant de raccrocher au nez: « Ce n’est pas aux médias de demander pourquoi ces jeunes médecins n’ont pas de travail. Ils n’ont qu’à venir faire des réclamations au ministère ! D’ailleurs le recrutement est un long processus. Qu’ils patientent, ils auront une réponse dans les prochains jours » lance Liboire Ngirigi.
Même si le recrutement est un processus, des questions subsistent: pourquoi des plaintes cette année alors que ce n’était pas le cas avant ? Est-ce un signe avant-coureur d’une saturation de l’offre en matière d’emploi dans le secteur ? Difficile d’y voir clair quand ces jeunes médecins restent cloîtrés chez eux alors que les hôpitaux, surtout ceux de l’intérieur du pays, accusent une carence de personnel qualifié.