A l’issue d’une conférence qu’il a tenue ce vendredi 28 juillet dans les enceintes de l’Université du Burundi, le politologue et enseignant à l’université affirme que le Burundi n’a plus connu des élections démocratiques depuis 2010.
Interrogé sur son choix d’étude des processus électoraux post-Arusha, le professeur Banshimiyubusa avance pourquoi ces derniers ont un intérêt particulier pour un spécialiste. « J’ai préféré examiner les élections post-Arusha parce que les processus électoraux de 2005 et les suivants auraient dû être une mise en application du cadre démocratique tracé par l’Accord d’Arusha ».
Selon lui, le scrutin de 2005 devait être un processus électoral qui installe les bases de la démocratie, celui de 2010 un processus électoral de consolidation de la démocratie et celui de 2015 et les suivants des processus électoraux de normalisation d’un régime démocratique. « Aujourd’hui, nous n’y sommes pas du tout. Pire, nous ne sommes pas encore capables d’organiser des élections sincères ! », tranche ce professeur en sciences politiques.
Pour le conférencier, les élections de 2010 et les suivantes n’avaient rien de démocratique. « En réalité, en tant que citoyen passif, je dirais que les élections ont été démocratiques. Mais en tant que spécialiste des processus électoraux qui fait des analyses sur des critères vérifiables, notamment le terrain et les acteurs, les règles du jeu et les juges des arbitres électoraux, à partir de 2010, nous n’avons pas pu connaître des élections démocratiques. Cela, je le dis et je l’assume ». Applaudissements dans la salle.
Une socialisation politique anti-démocratique
Denis Banshimiyubusa juge que la responsabilité de cette situation n’incombe pas uniquement au parti Cndd-Fdd qui est aux commandes depuis 2005. « Il y a une responsabilité des partis politiques d’opposition parce que les partis d’opposition sont de la même société que les partis au pouvoir. Ils ont la même socialisation politique. Ils ont les mêmes comportements que les membres du parti au pouvoir. Donc, ils ont eux aussi une responsabilité ».
Et d’illustrer son constat. « Par exemple, un jour, j’animais un atelier où il y avait des responsables des partis politiques. J’ai constaté qu’autant les responsables du parti au pouvoir ou de la coalition de partis qui lui sont affiliés, autant les responsables de l’Opposition, personne ne voulait connaître la loi électorale. Chacun cherchait juste à savoir comment obtenir tel ou tel autre poste. Donc, l’Opposition a la même responsabilité en la matière car ils ont la même socialisation ».
Le politologue se prononce également contre la mise en place d’un code électoral à la veille de chaque scrutin. « A chaque élection, il y a un nouveau code électoral qui est élaboré à la va-vite. Est-ce que les acteurs vont maîtriser ce qui se trouve dans ce code électoral ? Apparemment non ! Pourquoi avoir un code électoral à chaque élection ? Pourquoi pas un code pour 50 ans ? »
Tenue dans les enceintes du Campus Mutanga (Université du Burundi), cette conférence avait pour thème : ‘’Les enjeux et l’esprit des lois électorales au Burundi post-Arusha’’. Elle a vu la présence et la participation d’étudiants, de chercheurs, de professeurs d’université, d’acteurs politiques et de la Société civile.
Enseignant à l’Université du Burundi, l’ancien président de la CENI, Paul Ngarambe, avait aussi répondu présent à cette activité et a partagé son expérience sur les élections de 2005 qu’il a présidées.