«La population burundaise augmente à un rythme alarmant. Elle est passée de plus de 8 millions en 2008 à environ 12 millions en 2018», a fait savoir Nicolas Ndayishimiye, directeur de l’Institut des statistiques et d’études économiques du Burundi (Isteebu).
Il est intervenu ce mercredi 11 juillet à l’occasion de la Journée mondiale de la population. Selon lui, une augmentation de plus de 3 millions d’habitants en une période de 10 ans devrait inciter la population à l’éducation reproductive. «Cette discipline devrait répondre au souci du planning familial du gouvernement.»
Faustin Ndikumana, président de la Parcem, l’ONG militant pour le changement des mentalités, soutient que le Burundi fait face à un danger imminent d’explosion démographique.
La population s’accroît à environ 3%. Plus de mille enfants naissent chaque jour. Le taux de fécondité est de 6 enfants par femme. Il parle d’une densité de 350 habitants par km2.
Selon cet activiste de la société civile, les conséquences sont légion et fâcheuses. Il parle notamment de l’exiguïté des terres : «L’espace cultivable est passé de 1,5 ha en 1960 à 0,12 ha par ménage en 2015».
Pour lui, cette démographie est d’autant plus préoccupante dans la mesure où les jeunes croupissent dans le chômage : «Plus de la moitié de la jeunesse burundaise sont chômeurs et le taux de croissance économique va decrescendo». Il recommande au gouvernement de penser à une politique claire de planification familiale.
«L’évaluation du planning familial est positif »
Richmond Tiemoko, représentant du Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) au Burundi, se dit satisfait de l’état de la limitation des naissances : «Les résultats des enquêtes démographiques sur le planning familial sont positifs». Les femmes mariées pratiquant volontairement le planning sont passées de 9% en 1987 à 29% en 2016.
M. Tiemoko tient à ajouter tout de même un hic : «Il est des besoins non satisfaits». 31% de femmes souhaitent la prévention des grossesses, sans succès et cela pour diverses raisons.
Le représentant du Fnuap cite notamment l’indisponibilité des services de qualité pour la contraception. Il ajoute également la crainte de la discrimination sociale, l’opposition du conjoint et l’absence de communication sur la vie sexuelle.
«Nous voudrions satisfaire tous ces besoins. Cependant, nous n’en sommes pas capables seuls», a-t-il indiqué. M. Tiemoko appelle tous les Burundais à s’investir pour la réussite du planning familial. «Avec le concours de chacun, on aura investi dans le bien-être des femmes».