Au lendemain de la démission de l’émissaire Michel Kafando, Iwacu a recueilli ce jeudi 31octobre les points de vue de plusieurs leaders de partis politiques.
Cette démission a été officialisée à l’issue de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU tenue ce mercredi 30octobre. Dans son discours, M. Kafando a rappelé «la persistance d’un climat d’intolérance politique dans le pays et de multiples atteintes aux libertés publiques». Il s’est cependant félicité «du dialogue inter-politique» initié par le ministère de l’Intérieur.
Zénon Nimubona du parti PARENA a estimé que cette démission s’inscrit dans une longue tradition de conflits entre les instances de l’ONU et le parti CNDD-FDD qui n’aurait jamais voulu que l’ONU exerce son rôle d’arbitre dans le processus de paix et de sécurité au Burundi : «Ce pouvoir prend prétexte de la souveraineté nationale pour exclure ou pousser à la sortie tous les envoyés spéciaux de l’ONU. Donc, c’est normal que s’étant senti entravé dans l’exercice de ses fonctions, M. Kafando ait pris la décision de partir».
Du côté de l’UPRONA, Abel Gashatsi a dit que le désormais ex-émissaire de l’ONU n’a pas rempli sa mission objectivement : «Le parti UPRONA a toujours dénoncé les rapports biaisés de l’ONU notamment sur la situation des droits de l’Homme au Burundi. Pas étonnant qu’à chaque rapport publié, le peuple se pressait dans la rue certains samedis pour exprimer son indignation». Il a souligné qu’un envoyé spécial de l’ONU doit être en odeur de sainteté auprès des autorités du pays pour exercer efficacement sa mission.
Pour Tatien Sibomana de la Coalition des indépendants «Amizero y’abarundi», le diplomate d’origine burkinabé a baigné dans une conjoncture défavorable : «Un État peu coopératif qui n’a cessé de lui mettre les bâtons dans les roues, une communauté internationale passive et l’isolement du Burundi à l’échelle internationale à la suite de la crise de 2015». Selon lui, M. Michel Kafando n’a bénéficié d’aucun soutien extérieur pour agir, même de l’ONU dont il était l’émissaire : «Sans appui, ses efforts étaient depuis longtemps voués à l’échec»
Le représentant du Burundi aux Nations Unies, Albert Shingiro, a garanti l’existence d’une «sécurité totale» au Burundi, les violations des droits des humains seraient un mythe. Pour preuve, il parle d’«un nombre élevé de réfugiés qui rentrent». Il a également assuré une bonne préparation et tenue des élections prochaines de 2020. Il a conclu son propos en appelant à «une appréciation objective de la situation au Burundi» de la part du Conseil de Sécurité.