Durant ces cinquante années, la coopération sino-burundaise s’est focalisée sur la santé, l’éducation, l’énergie et l’agriculture. Commémoration ce 21 décembre du cinquantenaire avec, notamment, une exposition-photo a été organisée pour commémorer cet anniversaire.
« Quinze missions médicales, neuf équipes d’experts artisanaux et deux groupes d’experts agricoles envoyés en Chine dans le cadre des relations diplomatiques », a révélé Yu Xuzhong, ambassadeur de la République Populaire de Chine au Burundi. 1.400 Burundais de différents domaines y ont suivi une formation de courte durée. Chaque année, ajoute-t-il, une vingtaine de jeunes Burundais bénéficient de bourses du gouvernement chinois et une trentaine de stagiaires militaires poursuivent leurs études en Chine. « Cela constitue une réserve de ressources humaines qualifiées pour l’avenir du Burundi et une forme de messagers de l’amitié entre nos deux pays », se réjouit-il tout en soulignant que la Chine n’a cessé d’augmenter ses aides au Burundi. Il cite la construction de l’Hôpital Mpanda, de l’Ecole Normale Supérieure (ENS) et l’amélioration du bien-être de la population. D’autres projets sont en chantier : la construction des centrales hydroélectriques, du Palais présidentiel, d’une Ecole technique et professionnelle et du réseau métropolitain, etc. Au niveau culturel, il évoque la création de l’Institut Confucius de l’Université du Burundi et la Chine Radio International au Burundi.
Joyeux, il revient sur l’assistance technique et matérielle lors de la célébration du cinquantenaire de l’Indépendance du Burundi. La présence du ministre Chinois de la Culture Monsieur Cai Wu à cette fête commémorative et sa décoration par le président Nkurunziza sont des signes éloquents des relations au bon fixe.
Selon lui, l’exposition-photo permet de passer en revue les grands événements de l’histoire de ces deux pays. Et de conclure : « Le peuple chinois, se trouvant actuellement sur un nouveau point de départ historique, est plus que jamais déterminé à œuvrer main dans la main avec le peuple frère burundais pour bâtir, par un développement commun, un avenir radieux qui profite à la prospérité et au bonheur de nos deux pays et de nos deux peuples ».
« Nous avons encore besoin de vous »
Les autorités de l’ENS s’engagent de garder jalousement les dividendes de cette coopération. Néanmoins, l’appui chinois reste indispensable. Fréderic Bangirimana, directeur des services académiques, demande la concrétisation de la promesse liée aux équipements de laboratoire. Une occasion de solliciter le début de la 3ème phase concernant la construction des ateliers et des résidences du personnel. Un autre problème soulevé : les deux principaux portails sont déjà hors usage compliquant ainsi l’accueil des visiteurs de marque. « Leur remplacement est une urgence et nécessite votre implication. »
Il souligne que l’ENS souhaite nouer des relations de jumelage et de partenariat avec les universités et écoles chinoises en vue d’améliorer les échanges via la mobilité des enseignants et étudiants. Présent à cette occasion, Laurent Kavakure, ministre des Relations extérieures apprécie l’état de la coopération sino-burundaise. Il demande à ce pays ami de rester près des Burundais afin de les aider à sortir du sous-développement.
Rappelons que c’était le 21 décembre 1963 quand le Burundi a décidé d’établir ses relations diplomatiques avec la République Populaire de Chine, faisant ainsi du Burundi un des premiers pays africains à coopérer officiellement avec la Chine nouvelle.
même pour réparer le PORTAIL, nous avons besoin d’une aide chinoise, vous trouvez pas cela honteux pour une université!! et un pays indépendant!
Après la 2ième guerre mondiale, si la reconstruction de l’Europe a été possible avec l’injection de moyens matériels et financiers à travers le fameux Plan Marchall et surtout l’exploitation des ressources des pays encore sous domination coloniale, elle a d’abord et avant tout été l’œuvre et le résultat de travail dur des citoyens de chaque pays que pour la plupart j’ai eu l’opportunité de visiter et de parcourir mais surtout aussi en lire l’histoire.
La pauvreté n’est pas une fatalité et nous devons exorciser la mentalité d’assisté. Même nos vaillants ancêtres l’avaient compris et codé: « amazi masabano ntamara imvyiro!
Nkiri umwana niho numva abaririmba ngo « Amajambere azova he? Azova muri twebwe ntazova mu banyamahanga ». None n’amajanyuma ni uko nyene! Gufashanya ni vyiza mugabo gusabiriza biragatsindwa!
« Lewis model » ou « Dual-sector model » de developpement pour le Burundi?
1. Le developpement de la Chine au cours de ce « demi-siècle » est un cas d’ecole du modele de developpement preconise par Sir Arthur W. Lewis (1915-1991).
(voir « China reaches turning point as inflation overtakes labor », http://www.bloomberg.com, 11 June 2010).
2. En 2009, il y avait 85 millions d’ouvriers chinois dans l’industrie manufacturiere (qui demande beaucoup de main-d’oeuvre/labor intensive manufacturing).
Par consequent, en une periode d’environ 30 ans, la Chine a pu transferer environ 25% de ses masses paysanes vers l’industrie manufacturiere.
(voir: Justin Yifu Lin: « Epilogue. The path to a Golden Age of industrialization in the developing world »).
3. Selon le jury qui a attribue le prix Nobel d’economie (1979) a Sir Arthur W. Lewis (Princeton University, Etats-Unis d’Amerique) et a Theodore W. Schultz (Univesity of Chicago, Etats-Unis d’Amerique):
« Lewis est un pionnier de la recherché en economie du developpement…accordant une attention particuliere aux problemes des pays en voie de developpement ».
4. Selon « Lewis model » ou « dual-sector model » que l’economiste a presente en 1954 dans « Economic development with unlimited supplies of labor », Manchester School of Economic and Social Studies, vol. 22, pp. 139-191,
« Dans les pays en voie de developpement coexistent un secteur traditionnel (l’agriculture et les activites informelles), avec un surplus de main-d’oeuvre, et un secteur moderne (les industries capitalists) fonctionnant sur le mode capitaliste: le profit permet de financer l’investissement….Les profits generes par le secteur moderne creent la croissance et l’accumulation de capital qui financent l’expansion… ».
(voir « Arthur Lewis (economiste), http://www.wikipedia.org).
5. Le developpement (eventuel?) du Burundi se prete bien au « Lewis model », puisque l’agriculture burundaise est toujours decrite en ces termes:
« Le secteur primaire (surtout l’agriculture) representait 41,2% du produit interieur brut (PIB) en 2012 et 38% du PIB en 2011. Des methodes traditionelles et l’erosion du sol ont reduit la productivite /reduced production capacity au cours des annees, avec de serieuses consequences sociales et economiques pour une population vulnerable, dont plus de 80% dependent de ce secteur agricole pour leur survie… »
(voir « Burundi: African Economic Outlook, 2012 », http://www.africaneconomicoutlook.org).
6. Je crois avoir entendu (debut du mois d’octobre 2013?) sur une radio burundaise (sur la toile) l’intention d’etablir une zone franche d’exportation (ZFE) a Gatumba (Province de Bujumbura Rural).
Ce serait un bon?/ petit? pas dans la bonne direction.
Merci.
Chaque pays a son propre chemin à parcourir. Au-delà de tout apport matériel ou financier qui ne devrait pas être notre principale préoccupation, comme avec tout autre pays, la coopération mutuellement bénéfique avec la Chine devrait aussi et surtout être vue dans la perspective de la trajectoire de ce pays pour arriver où il est aujourd’hui.
Hier surpeuplé et arriéré, la Chine a su utiliser ses ressources humaines comme moteur de progrès interne pour atteindre son statut de puissance incontournable sur la scène mondiale.
C’est surtout grâce au travail dur dans la paix et la sécurité de ses citoyens que cela a été possible. Mais il ne faut pas perdre de vue les domaines tels que les libertés fondamentales où ce pays a encore du chemin à parcourir.
Concevoir cette coopération et la limiter à son apport financier ou matériel revient à la tronquer de son potentiel et limiter sa portée dans le cadre d’une inévitable lutte d’influence géopolitique où les pays ont d’abord et avant tout d’avantages d’intérêts que d’amis.