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« Demain, nous marcherons quand même »

05/05/2013 Commentaires fermés sur « Demain, nous marcherons quand même »

Le 19 février, des journalistes sont dispersés à coups de gaz lacrymogènes. Ils manifestaient pacifiquement pour demander la libération de leur confrère Hassan Ruvakuki.

<doc7176|left>Mardi 19 février. Le monde médiatique s’est donné rendez-vous en plein centre ville de Bujumbura pour une marche manifestation pacifique. Ils réclament la libération d’Hassan Ruvakuki. Depuis le 15 janvier dernier, tous les mardis, ils manifestent.
Ce jour-là, ils sont nombreux et certains portent des T-shirts à l’effigie de leur confrère incarcéré. Après le rassemblement près de « La Clôche d’Or » à côté de la station service Engen, ils débutent leur marche vers 8H30. Direction le bureau du Parquet général de la République.

Arrivés au niveau de l’ambassade du Royaume de Belgique, des pick-up policiers arrivent à toute vitesse. Des policiers forment une ligne et les bloquent : « Nous avons été interceptés par les policiers qui nous ont intimé l’ordre de nous arrêter. Ce que nous avons fait », indique un des journalistes qui était sur les lieux. »

Une violence gratuite

Dans la foulée, un des policiers, probablement un officier donne l’ordre d’appréhender Innocent Muhozi, directeur de la radio télévision Renaissance. Ils le font monter dans un 4X4 policier. Les journalistes observent sans broncher. Finalement, Innocent Muhozi sera relâché 15 minutes plus tard.

Pendant ce temps, les policiers en ligne ordonnent aux journalistes de rebrousser chemin. Ceux-ci s’exécutent. Arrivés au niveau de la station Engen là où ils s’étaient rassemblés initialement, les policiers encerclent les journalistes. Une première explosion de grenade lacrymogène survient. Les journalistes courent. « On allait retourner à nos postes quand la police s’est attaquée à nous, à coups de gaz lacrymogène et de matraque », s’étonne un journaliste. C’est la débandade. Certains versent des larmes. D’autres n’arrivent plus à respirer.

Plus grave. Pendant que des journalistes fuient, certains policiers n’hésitent pas à tabasser ceux qui sont tombés par terre comme de vulgaires bandits. La scène est chaotique et rappelle certaines images violentes comme en Égypte. Les passants, sous le choc n’en reviennent pas. « Pourquoi user d’une telle force alors que les journalistes n’ont opposé aucune résistance ? », se demande un passant. Visiblement, l’intention est d’intimider les journalistes et de les empêcher de continuer à réclamer la libération de leur confrère.

Et pour cause, le porte-parole de la police ne tarde pas à traiter cette marche manifestation d’illégale. « Faux ! », rétorque Alexandre Niyungeko, président de l’union des journalistes burundais (UBJ). « Même en cas d’illégalité, ce n’est pas avec des gaz lacrymogènes qu’il fallait nous le faire savoir. »

Par ailleurs poursuit-il, depuis le 15 janvier les journalistes ont fait savoir via les radios qu’ils organiseraient ces marches manifestations tous les mardis jusqu’à ce que leur confrère soit libéré. Pour lui, cela constitue une information. Et de conclure : « S’ils veulent une lettre officielle, nous le ferons, pas comme une demande d’autorisation mais comme une simple information. »
Et si l’autorité habilitée leur réserve une fin de non recevoir, le président de l’UBJ rétorque : « Nous marcherons quand même. »

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