Le secrétaire général du Comesa, Sindiso Ngwenya, a notifié, lundi 21 mai, au ministre burundais du Commerce, la délocalisation à Lusaka du 20 ème Sommet des chefs d’Etat qui devait se tenir à Bujumbura du 1er au 10 juin. Motif : Des circonstances imprévues. Chez les hommes d’affaires, c’est la déception totale.
Les hôteliers sont les premières victimes de cette délocalisation. Au total, 44 hôtels de la capitale avaient été sélectionnés pour héberger les différentes délégations venues de 19 pays du Marché commun de l’Afrique Australe et de l’Est (Comesa).
Mille deux cents trente chambres étaient prévues dont 120 chambres « junior suite », 790 « single rooms », et 320 « double rooms ». Selon les tarifs de ces différentes chambres, les frais d’hébergement par jour s’élèvent à 128 952 dollars américains(USD). Mais, comme le sommet devrait durer 10 jours, les hôteliers auraient pu encaisser 1 289 520 USD, soit 2, 3 milliards de francs burundais, au taux de change officiel du 30 mai 2018.
A l’hôtel Club du lac Tanganyika, cent dix chambres avaient été réservées pour 22 400 USD par jour. Au bout de dix jours, l’hôtel aurait gagné 224 000 USD, soit plus de 400 millions de francs burundais au taux de change officiel.
Selon une source interne à l’hôtel, 30 stagiaires avaient été recrutés pour renforcer le personnel permanent dans les préparatifs de cet événement. Cet hôtel devrait également assurer la restauration de tous les participants.
Même son de cloche à Martha Hotel. D’après un des responsables de l’hôtel, la délocalisation de ce sommet est un coup dur. Trente chambres avaient été réservées à cet hôtel pour héberger les participants à ce sommet. Au bout de dix jours, les frais d’hébergement étaient estimés à 79 500 USD. En plus des frais d’hébergement, souligne-t-il, les participants au sommet devraient également dépenser pour leur consommation.
Selon cet hôtelier, la tenue de grands évènements internationaux à Bujumbura est une aubaine pour le secteur hôtelier et touristique, aujourd’hui en pleine crise économique.
Déception et désolation
Selon un des responsables de l’Hôtel Source du Nil qui a requis l’anonymat, la délocalisation du sommet du Comesa à Lusaka est une perte énorme pour le Burundi. Elle entraînera un manque à gagner à son établissement de plus de 41 mille USD. 61 chambres avaient été réservées.
Ce responsable indique, par ailleurs, que son hôtel avait acheté de nouveaux équipements pour améliorer la qualité du service et se conformer aux exigences des organisateurs du sommet. Jusque mercredi 30 mai aucun participant au sommet n’avait confirmé sa réservation.
Les hommes d’affaires et les industriels ne sont pas en reste. Avec la tenue du sommet du Comesa à Bujumbura, ils auraient pu signer des contrats soit de fourniture, soit de collaboration ou même de coopération en matière de transfert des technologies avec des entreprises opérant dans le Comesa. Des hommes d’affaires venus d’autres pays de la communauté pourraient être intéressés pour investir au Burundi.
Malgré la notification, les préparatifs en vue du sommet des chefs d’Etats se poursuivent à Bujumbura, comme si de rien n’était. Au moment où nous mettons sous presse cet article, des centaines de véhicules de l’Etat censés transporter, le moment venu les délégués, ont été réquisitionnés. Aujourd’hui, ils sont stationnés sur le parking de la présidence de la République du Burundi, depuis une semaine. Des pancartes ont été aussi installées dans toute la ville et les rues embellies aux couleurs des Etats membres. La route menant à l’aéroport international de Bujumbura est décorée de drapeaux des pays membres du Comesa.
Philippe Nzobonariba, porte-parole du gouvernement a indiqué, la semaine dernière, qu’en cas de délocalisation du sommet, c’est le Comesa qui perdra. Ezéchiel Nibigira, ministre des Affaires étrangères a qualifié la délocalisation de manque de respect à un Etat souverain.