Ils se disent doublement pénalisés. Après avoir perdu leurs biens dans l’incendie qui a consumé une grande partie du marché de Kamenge, certains commerçants qui avaient loué des kiosques au bord des avenues se retrouvent frappés par la campagne de démolition de constructions anarchiques.
Ces commerçants de la zone Kamenge sont dans le désarroi, ils ne savent plus à quel saint se vouer. La vie de certains d’entre eux est un véritable cauchemar, ils parlent de malédiction.
En mairie de Bujumbura, l’opération de démolition des constructions anarchiques qui a commencé en commune de Mukaza s’est étendue dans des quartiers populaires.
La zone de Kamenge, en commune de Ntahangwa n’a pas été épargnée. Objectif : donner un nouveau visage à la ville de Bujumbura, curer les caniveaux et la rendre propre.
Il est 11 heures, le soleil tape fort. Les rues grouillent de monde, les véhiculent, les motos et les vélos doivent slalomer pour éviter tout accident dans un bruit assourdissant de klaxons, de moteurs et de crissement de pneus. Pour traverser la route, les gens doivent à se faufiler aux milieux de ces engins mobiles.
De part et d’autre de l’axe principal, un autre spectacle : tout kiosque en bois ou en dur et toute maison d’habitation ne respectant pas les normes de l’urbanisme est démoli. D’autres constructions ont été marqués d’une croix rouge.
Certains commerçants déjà éprouvés par l’incendie du marché de Kamenge en octobre 2020 ne savent plus où mettre la tête. Selon ces derniers, démolir leurs boutiques, c’est remuer le couteau dans la plaie, une plaie encore béante.
Ils se lamentent d’être doublement touchés. Certains ont vendu leurs marchandises à vil prix aux commerçants qui exercent leurs activités dans des maisons qui remplissent les normes exigées par l’administration.
Ceux qui n’ont pas trouvé des preneurs ont dû demander à leurs voisins de leur venir en aide en conservant les marchandises qui étaient encore dans les stocks.
Ils craignent que certaines marchandises atteignent leur date de péremption. Ils sont inquiets des mauvaises conditions de stockage, suite à l’exiguïté de l’espace emprunté. Ils craignent aussi le vol de leurs articles.
Rencontré au quartier Mirango II au nord de la ville de Bujumbura, Bukuru n’en revient pas. « Je ne comprends pas pourquoi on a démoli mon kiosque à moins d’une année d’un incendie qui a ravagé toutes mes marchandises. C’était le moment de nous remettre. Nous nous retrouvons maintenant dans la rue », se désole-t-il dans un message entrecoupé de silence.
Ces commerçants disent qu’ils payaient régulièrement les taxes communales. Selon eux, il est impensable de vivre une telle situation. « Au moins, la mairie de Bujumbura devrait attendre la fin des travaux de réhabilitation du marché de Kamenge. Pourquoi cette urgence ?», s’interroge un commerçant dont le kiosque a été démoli non loin de la paroisse Guido Maria Conforti de Kamenge, dit « Kwa Buyengero ».
Après l’incendie du marché de Kamenge, ses occupants se sont dispersés. Certains ont pu trouver des boutiques à louer et d’autres, moins chanceux, ont profité des espaces sur les bordures des avenues pour y installer leurs étals afin de subvenir à leurs besoins après cette tragédie.
Il y en a parmi ces commerçants qui ont trouvé des places dans d’autres marchés. Ils demandent au gouvernement de les appuyer afin de pouvoir sortir de cette impasse.