Le président élu Evariste Ndayishimiye a signé ce samedi dans le livre d’hommages au président décédé. Après, il a expliqué que la mort du président Pierre Nkurunziza répondait à un plan de Dieu.
Dans la matinée de ce samedi 13 juin, le président élu, le Général-Major Evariste Ndayishimiye, était attendu à la présidence de la République Ntare Rushatsi pour apposer sa signature dans le registre d’hommages au président disparu Pierre Nkurunziza. Des officiels et des ténors du parti au pouvoir étaient présents. L’attente du futur locataire du palais présidentiel de Kiriri va durer presque une heure.
A 8h50’, le cortège du président élu a fait son entrée à la présidence de la République Ntare Rushatsi sise à Gasenyi. En veste et pantalon tout noirs, le Général Evariste Ndayishimiye est apparu en compagnie de son épouse, Angélique Ndayubaha. Visages abattus, les époux Ndayishimiye se sont tout de suite dirigés devant le portrait du président défunt pour observer une minute de silence. Un moment suivi par un hommage au président Nkurunziza dans le livre d’or prévu à cet effet.
Dans le discours qu’il a tenu à la suite de sa signature dans le livre d’Or, Evariste Ndayishimiye a appelé au calme et à la retenue en ces jours de deuil national. « La sérénité doit présider un moment pareil parce qu’il est évident que la période que nous traversons aujourd’hui relève d’un plan divin », a-t-il fait savoir sur un ton très posé, devant un parterre plongé dans un silence de mort.
Pour le président élu, le chef d’Etat décédé ne laisse pas une nation orpheline derrière lui. « N’ayez pas peur car le Père de la Nation ne nous a pas laissés orphelins. Nous sommes une famille composée d’adultes, qui savent distinguer le bien mal ». Et d’affirmer que « c’est Dieu qui l’avait placé à la tête du pays pour que le Burundi guérisse de ses blessures. Il lui a ordonné de faire ceci et cela, ensuite lui a dit qu’après avoir accompli sa tâche, il allait partir et laisser en place un successeur ».
Le président Nkurunziza comparé au Christ
Dès lors, celui qui dirige toujours le parti Cndd-Fdd fait un parallèle entre le président Nkurunziza et le Messie. « Même Jésus-Christ, avant de quitter ce monde, constatant que ses disciples allaient s’enfoncer dans le désarroi, a choisi Simon-Pierre et lui a confié la charge de guider son peuple ».
Pour illustrer la grandeur du président disparu, ‘’l’héritier’’ a convoqué une autre figure majeure de la bible. « Rappelez-vous quand Jésus a emmené avec lui Jean et Pierre pour prier au sommet de la montagne. A ce moment-là, Moïse et Elie leur sont apparus et se sont manifestés à leurs côtés. Vous voyez bien que Moïse est au ciel et que Dieu passe souvent par lui. Et pour notre Moïse à nous, vu tous les bienfaits dont il a fait preuve pour ce pays, il doit aussi être sûrement auprès de Dieu, et demain, vous verrez Dieu passer par lui pour nous apporter du réconfort ».
A l’égard de ceux qui tiennent des propos malveillants sur la mort du ‘’Guide suprême’’, le Général-Major élu président a recommandé la prière comme arme à leur encontre. « Là où il y a Dieu, il y a aussi Satan. C’est pourquoi il y a des gens qui veulent vous opposer les uns aux autres, qui se disent qu’un moment pareil tombe à point nommé pour voir leur objectif atteint. C’est pourquoi je vous demande de prier beaucoup pour que nous triomphions sur eux. »
Et de témoigner d’un chef d’Etat qui a trouvé l’occasion de faire ses adieux. « Il a eu le temps de nous dire au revoir, ce qui, du reste demeure assez exceptionnel. Il a présenté aux Burundais les nouveaux dirigeants et leur ont demandé d’avoir confiance en eux afin de demeurer en paix ».
Une invitation « prophétique » à Buye
Le Général Ndayishimiye n’a pas été avare en détails sur la façon de dont le président Nkurunziza s’était préparé à son destin final.
« Il nous a appelés un jour ma femme et moi pour nous bénir. Dans sa prière, il a demandé à Dieu de nous transmettre la force qu’il lui avait donnée. Après, il nous a demandé de partir pour démarrer la campagne à l’intérieur du pays, nous spécifiant qu’il ne savait pas si nous allions nous revoir ! »
Il a souligné à quel point ‘’le Guide suprême du Patriotisme’’ s’était largement investi dans son encadrement. « On a tellement échangé sur la manière de gérer le pays. Je ne peux pas dire que j’ai autre chose à découvrir. Il a étanché ma soif de réponses à toutes mes questions car nous avons tenu plusieurs séances d’échange. Il m’a même confié la parole de Dieu qui m’accompagnera. En fait, c’était vraiment comme si on n’allait plus se revoir ».
Au moment où le Général-Major Evariste Ndayishimiye clôturait son propos, quelques dizaines de personnes se pressaient encore à la Présidence de la République en vue d’apposer leur signature dans les six registres géants prévus à cet effet.
Dans sa décision rendue publique ce vendredi 12 juin, la cour constitutionnelle a statué qu’au regard de la loi, une présidence intérimaire n’était pas nécessaire dans les circonstances actuelles et a annoncé la prestation de serment anticipée du président élu Evariste Ndayishimiye « le plus tôt possible ».
Pour rappel, c’est le mardi 9 juin que le gouvernement a annoncé le décès « inopiné » du président Pierre Nkurunziza survenu dans la journée du lundi 8 juin, à la suite d’une « crise cardiaque ».
Alphonse Yikeze et Félix Haburiyakira