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Culture

Débat sur la presse au Burundi, à Bruxelles : « Plus de dix agressions de journalistes depuis le début de l’année »

17/09/2013 3

Le 4 juin, le président Nkurunziza promulguait la nouvelle loi sur la presse. Quel bilan en tirer, cent jours plus tard ? Les journalistes sont-ils encore libres d’informer malgré de sévères restrictions maintes fois dénoncées, y compris par des pays partenaires du Burundi ? Le débat avait lieu à Bruxelles, le 12 septembre, en présence de représentants des autorités belges et du secteur des médias burundais.par notre correspondante Laurence Dierickx


L’initiative émane de plusieurs ONG – l’Institut Panos Paris, Amnesty International, 11.11.11. et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) –, dont la plupart avaient déjà participé à la manifestation contre la loi qu’elles qualifient de liberticide, le 31 mai dernier, devant l’ambassade du Burundi en Belgique. Cyprien Ndikumana, coordinateur national de l’Institut Panos Paris au Burundi, Alexandre Niyungeko, président de l’Union burundaises des journalistes (FIJ), et Innocent Muhozi, directeur général de Télé Renaissance et président de l’Observatoire de la presse du Burundi (OPB), sont là pour témoigner d’une situation qu’ils vivent au quotidien.
Deux représentants des autorités belges font également partie du panel : la sénatrice socialiste Marie Arena et l’envoyé spécial du Ministère des affaires étrangères pour la région des Grands Lacs, Franck De Coninck. Dans le public, on dénombre notamment des journalistes, des défenseurs des libertés de la presse et d’expression, des membres de la diaspora burundaise, ainsi que l’ambassadeur du Burundi en Belgique.

« Une tension accrue au sein de certains groupes de militants zélés »

Pour Cyprien Ndikumana, la presse burundaise joue « un rôle nécessaire et important. Il n’y aurait pas de paix sans les médias. Leur force repose sur quatre piliers : leur professionnalisme, leur liberté de ton – il n’y a pas de sujet tabou –, la solidarité entre les professionnels des médias, et le soutien constant que leur apporte la population». Il citera également une étude – toujours en cours – menée auprès des journalistes burundais. « 83% estiment que les atteintes à la liberté de la presse constituent une menace et, cela, avant de parler des problèmes de moyens, qui constituent une autre menace. »

« On ne peut pas dire que les journalistes subissent une pression systématique », témoigne Innocent Muhozi, qui revendique « le droit d’inquisition » de la presse. « Ce qui nous inquiète, c’est qu’on ressent une nervosité accrue au sein de certains groupes de militants zélés. Cette nervosité résulte de propos tenus par certains responsables ministériels lors des débats qui eurent lieu au moment du vote de la loi sur la presse. Depuis le début de l’année, il y a eu plus de dix agressions de journalistes. Nous sommes inquiets car la campagne électorale (pour les élections présidentielles de 2015) n’a pas encore commencé. »
De son côté, Alexandre Niyungeko s’attachera à démontrer pourquoi la nouvelle loi sur la presse est inconstitutionnelle. C’est pourquoi il espère son annulation par la Cour constitutionnelle, qui examine une demande en ce sens introduite par l’UBJ. Celle-ci a également saisi la Cour de justice de la communauté africaine.

Lors du débat, la sénatrice socialiste Marie Arena et l’envoyé spécial du Ministère des affaires étrangères pour la région des Grands Lacs, Franck De Coninck ©Iwacu
Étaient présents la sénatrice socialiste Marie Arena et l’envoyé spécial du Ministère des affaires étrangères pour la région des Grands Lacs, Franck De Coninck ©Iwacu

Deux projets de lois qui inquiètent

Sur le plan international, on retiendra que, dans le cadre des relations bilatérales entretenues de longue date entre la Belgique et le Burundi, le sénat belge a examiné, le 18 juin dernier, une proposition de résolution concernant la préparation des élections de 2015 au Burundi. Le texte demande notamment « de soutenir les projets favorisant le pluralisme des médias et garantissant la libre expression des journalistes ». Et il souligne clairement « la donnée défavorable » que représente la nouvelle loi sur la presse.
Le président d’Amnesty International Belgique, Philippe Hensmans, clôturera l’après-midi de débat en partageant d’autres inquiétudes à propos de deux projets de loi « imminents » – l’un porte sur les manifestations sur la voie publique et réunions publiques, l’autre sur les associations sans but lucratif. Eux aussi risquent de porter de graves atteintes à la liberté d’expression. Une situation en étroite surveillance, bien au-delà des frontières du Burundi.

Lire aussi :
> Loi régissant la presse : l’UBJ prend la relève, après l’arrêt de la Cour constitutionnelle
> « Nous avons introduit le recours dans l’espoir que la Cour nous donnera raison »
> La nouvelle loi sur la presse attaquée en inconstitutionnalité devant la Cour Constitutionnelle

Forum des lecteurs d'Iwacu

3 réactions
  1. bornto

    Personne pour défendre le législateur burundais. Pourtant Léonidas (et alliés) a démontré qu’il en était capable. Ce n’est pas juste de juger sans reconnaître au prévenu le droit de se justifier. Et surtout quand on porte la plainte chez le COLONisateur. Quelle bassesse ! Nous avons quand même des institutions souveraines.

  2. Hans

    Et le score est de 1 pour la liberté de presse et 0 pour le Régime Nkurunziza. Le match continue.
    Komera

  3. MWARO

    la loi sur la presse est un couteau au cœur du burundais opprimé par les actes posés par le pouvoir. Tu la Ferme, je veux tuer, dilapider les biens publiques

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