Par Libère Nitunga
Notre article sur le déficit énergétique a suscité une réaction intéressante. L’auteur démontre que l’installation de poteaux électriques préconisée par la Regideso n’est pas forcément une solution. Vous en pensez quoi ? Le débat reste ouvert.
J’ai noté que l’on parle notamment de “remplacer les poteaux en bois (qui causent parfois des coupures électriques lorsqu’ils tombent) par les poteaux métalliques dans le but de booster le taux d’électrification ».
Si on ne fait pas attention il y a des risques d’arriver à l’effet inverse à celui escompté. Un poteau en bois coûte environ 250.000 FBU en monnaie locale. Et un poteau métallique devrait couter 4 ou 5 fois plus, aux alentours de 1.250.000 FBU, en devises.
En termes de rentabilité financière : avec le même budget, on donnera de l’électricité à moins de gens. Le prix devrait monter parce qu’il faudra amortir les installations sur moins de consommateurs, toutes choses égales par ailleurs. Mais par contre la durée de vie du poteau métallique est plus longue. Le calcul de Taux de Rentabilité interne du Projet – TRI devrait montrer si, compte tenu de tous ces éléments, il est rentable ou non de faire ce changement.
En termes d’analyse économique, les 1.250.000 pour un poteau métallique seront déboursés en devises. Non seulement ils mettront une pression supplémentaire sur la balance de payement, mais en plus ils iront enrichir les acteurs économiques du « reste du monde ». Cela comprend le coût de fabrication dans le pays d’origine : les machines, le personnel, les impôts et taxes de toute nature, le transport jusqu’au Port de Bujumbura, etc.
Par contre dans les 250.000 pour un poteau en bois, la part en monnaie locale est prépondérante. Ils seront donc essentiellement recyclés dans le circuit économique national.
Ainsi ils vont servir à payer les impôts et taxes locales de toute nature dans le chef du vendeur, rémunérer ceux qui ont planté, coupé, traité, transporté ce poteau. A leur tour ils vont s’acheter une bière à la fin de la journée, payer le minerval de leur enfant, payer la dime à l’église, payer leur facture d’eau et d’électricité à la même Regideso, etc. Qui à leur tour, etc.
Donc ici aussi le taux de rentabilité interne permettrait de mettre tous ces éléments en balance et donner une indication sur l’intérêt de faire le projet du point de vue de l’économie nationale dans son ensemble.
Donc le confort réel certes, de l’utilisation des poteaux métalliques, peut avoir des effets inattendus, directement et indirectement. Il est vrai que c’est un traiteur de poteaux en bois qui parle, mais pas seulement : Diplôme d’Etudes Financières Economiques et Bancaires.
J’ai déjà eu à lire des études de rentabilité économique et financière, qui sont parmi les outils de décision les plus importants en termes de projets.
Donc des compétences locales existent en la matière.
Note de la rédaction
Le raisonnement est intéressant. Mais l’auteur oublie le coût écologique. Pour avoir ces poteaux de bois, il va falloir couper encore des arbres, dans un pays déjà menacé par la déforestation. Iwacu espère une réponse à cette préoccupation
Mais cher Nsengimana Eric, il faut aussi se souvenir qu’on a qu’une seule usine de cimenterie. Et cette dernière ne parvient même pas à couvrir le marché intérieur actuel, d’où le prix officiel est 24.500fbu mais sur le marché, tu le trouveras clandestinement à 30.000fbu. Je crois que ça sera pas la meilleure solution aussi.
Le souci écologique peut être satisfait par la plantation d’arbres. Les poteaux sont faits d’eucalyptus. Or il y a des espèces qui ont été développées dans la région (Afrique du Sud, Ouganda …), et qui atteignent la taille nécessaire après seulement 5 ans. Il faut donc engager différents acteurs, notamment le service chargé des forêts, et des instituts de recherche (ISABU ?).
Je réagis du Rwanda , il serait interessant d envisaged les poteaux en ciment. Ça se fait ici et ça semble robuste mais je n ai aucune idée quant à la rentabilité.
Merci
L’article est intéressant, soulever la question écologique est un point de vue aussi important, mais nous pouvons facilement comme pays planter les arbres stratégiquement en quantité importante pour faire face à la question écologique. Qu’en est il de procéder à l’approche de câbles enterrés?