Mardi 11 septembre, les parlementaires se réunissent à l’hémicycle de Kigobe. Ils débattent le deuxième rapport de la Commission d’enquête des Nations Unies sur la situation des droits de l’Homme au Burundi du 5 septembre. Ce dernier a accusé Bujumbura de graves violations des droits de l’Homme dont les exécutions sommaires, la torture, les violences sexuelles et les arrestations arbitraires. Trois ministres y participent pour éclairage. La radio nationale transmet en direct les discussions. Le gros des parlementaires rejette « un rapport biaisé qui ternit l’image
du pays. »
Contre toute attente, un député indépendant, Fabien Banciryanino, élu dans la circonscription de Bubanza va aux antipodes de ses collègues. Il semble abonder dans le sens de la Commission. Il dénonce entre autres les exactions commises à Gihanga, les enlèvements, les exécutions sommaires à Mpanda. Il dit disposer des preuves, donc il assume.
Subitement, une avalanche de menaces à peine voilées tombe sur sa tête. D’abord à l’hémicycle par les ministres, puis au niveau des réseaux sociaux. Pour une opinion, il est voué aux gémonies. Le député, lui-même, sortira des audio où il exprime des inquiétudes quant à sa sécurité.
La situation de Banciryanino a suscité des questions sur le courage qui doit guider un parlementaire quand il défend sa population. L’action du député ne se limite pas au seul fait de voter des propositions de loi. Il contrôle aussi le gouvernement, défend les intérêts des administrés de sa circonscription sur le plan national. Par ailleurs, dans un débat parlementaire, les députés mènent des discussions avec des avis, idées, réflexions, opinions plus ou moins divergentes.
D’habitude, un représentant du peuple jouit de la liberté de parole. Certes, il est soumis au régime disciplinaire prévu notamment par le Règlement, mais il ne peut être poursuivi, arrêté ou emprisonné en raison de paroles prononcées lors d’une séance de l’Assemblée. Fallait-il qu’il se taise alors qu’il affirme détenir des preuves ? Au lieu de lui faire des remontrances, les ministres présents devraient les lui demander pour prendre des mesures visant à décourager, arrêter de tels abus.
L’Exécutif doit comprendre qu’il ne doit pas s’entendre sur tous les points avec le Législatif. Ainsi quand ils se rendent à l’hémicycle, les ministres devraient être tenaces, car c’est un milieu qui ne ménage pas, ne fait pas de cadeaux.