La lourdeur des procédures de dédouanement et le système de taxation sont les principaux défis relevés par certains commerçants. Ce qui est contesté par l’OBR.
Au port de Rumonge, les commerçants sont fâchés. Les frais de dédouanement sont énormes : « Nous ne comprenons pas de quelle manière nos marchandises sont taxées. Nous ne bénéficions même pas des avantages de l’intégration à l’East African Community(EAC) », déplore un des commerçants. Il explique que même les produits made in EAC qui devraient être exonérés des droits de douane sont taxés : « Le riz que nous amenons de la Tanzanie est taxé comme s’il vient de l’Inde. Même s’il est accompagné d’un certificat d’origine. » Selon des informations recueillies au même port, les importations auraient sensiblement diminué avec l’arrivée de l’Office Burundais des Recettes : « Auparavant, les lundis, on pouvait trouver ici quatre ou cinq bateaux en train d’être déchargés. Mais aujourd’hui, il n’y a que deux», déplore F.N., un autre commerçant. Il n’hésite pas de révéler qu’actuellement certains de ses collègues ont fui vers la République Démocratique du Congo: « Le système de taxation n’est pas aussi dur du côté d’Ubwari.» Les services des douanes à Rumonge en sont aussi conscients. « Nous sommes très concurrencés par le Congo. A Ubwari, le contrôle des marchandises qui entrent n’est pas rigoureux», précise le président du bureau des douanes. Et d’ajouter que les mêmes commerçants préfèrent la RDC pour faire entrer beaucoup de bénéfices : « Là-bas, les marchandises coûtent énormément chers et en plus s’achètent en dollars. »
Même son de cloche au port de Bujumbura
Les chauffeurs des camions transportant des marchandises restent longtemps à la gare routière. « Nous pouvons passer une semaine ici sans que nos camions soient déchargés. Or, ailleurs, dans les autres pays de l’EAC, le déchargement prend deux ou trois jours seulement », indique un chauffeur ougandais. D’après lui, ce sont les procédures de dédouanement qui traînent. Des taxes non justifiées aussi. « Les opérations de l’OBR ne sont pas correctes. Il applique des taux sans tenir compte de nos factures », se désole une dame rencontrée sur les lieux. Elle explique que pour connaître la valeur de leurs marchandises, cet office tient compte du prix de vente pratiqué sur le marché local : « Or, le prix auquel nous achetons nos marchandises à l’étranger est de loin supérieur à ce prix du marché interne ! » Le dédouanement n’est pas aussi rapide, d’après cette dame : « Avec un dossier complet, les procédures de dédouanement peuvent me prendre deux jours. Sans oublier que nos certificats d’origine sont des fois rejetés, disant qu’ils sont falsifiés.» Elle ne comprend pas pourquoi cet office ne vérifie pas dans le pays d’origine l’authenticité de ce document : « Pourtant, au Rwanda, on le fait ! »
L’OBR nie toute responsabilité
Face à tous ces problèmes, le directeur des ports et frontières, Joas Katanga, n’est pas du même avis : « Ce n’est pas l’OBR qui fait traîner le dédouanement des marchandises. Si le dossier n’est pas complet que voulez-vous qu’on fasse ? Ou si le commerçant manque les frais de dédouanement ? » Pour ce directeur, son office ne tarde pas le dédouanement : « Si un commerçant a sur lui un dossier complet, les opérations ne nous prennent que 30 min. Et d’ailleurs nous nous sommes donné l’objectif de ne pas rentrer sans terminer le dossier déjà déposé la journée.» Par ailleurs, M. Katanga fait savoir que l’entrée du Burundi dans l’EAC a permis d’importantes importations. Il les évalue en termes de recettes encaissées : « En 2009, les recettes ont été de plus de 150 milliards de Fbu et en 2010, nous avions plus de 200 milliards de Fbu. Et ces montants proviennent des taxes sur les importations. C’est-à-dire que le volume de marchandises a sensiblement augmenté. » Bien plus, le directeur Katanga rappelle quelques mesures prises pour donner plus de facilités aux importateurs. Il s’agit notamment de la déclaration simplifiée informatisée pour rendre rapide le dédouanement, la réduction de certaines étapes qui rendaient lourdes les procédures de dédouanement (ex : suppression d’une escorte qui devait suivre le commerçant de la frontière jusqu’au port de dédouanement), etc. Malgré toutes ces performances, des défis restent, selon toujours Katanga. C’est entre autres l’éducation au civisme fiscale : « Ce ne sont pas les services rendus par l’OBR qui frustrent les commerçants. Ces derniers sont plutôt contre le paiement des taxes.» Et de préciser que l’informatisation dans leurs services est encore enviée.