Sept écoliers de l’école primaire de Muremera, commune Giheta, ont été mordus par un chien errant. Après plus d’une semaine, trois seulement ont pu être soignés ; mais là aussi la dose est insuffisante. Le traitement antirabique manque dans les structures de santé de Gitega et les parents des quatre autres enfants sont inquiets. <doc2426|left>Mercredi, le 23novembre à la sortie des classes, des écoliers rentrent chez eux. Un chien surgit d’un petit bois qui jouxte l’école, aboyant et canines sorties, comme le confirme Dieudonné Manirakiza, l’un des victimes. Le cerbère fonce vers les plus petits qui prennent aussitôt la fuite. « Je ne sais pas s’il nous a attaqués pour se défendre, car nous faisions beaucoup de bruits à la sortie. Quand nous l’avons aperçu, il fonçait déjà droit vers nous. Pris de panique, nous avons commencé à courir dans tous les sens en criant. C’est pendant ce moment-là qu’il a attaqué ceux qui étaient isolés », raconte cet écolier de 4ème année. Jérémie Irankunda, de 3ème année à la même école, est lui aussi dans ce groupe qui a été attaqué. Mordu au niveau de la cuise droite, il reste immobilisé chez lui ; car il ne peut pas marcher sans l’aide de quelqu’un. Comme ses compagnons, il n’a encore bénéficié d’aucune injection antirabique. Sa mère, Joséphine Ntibaruhisha, dit avoir remué ciel et terre pour soigner son fils mais en vain. « L’hôpital de Kibimba disposait du sérum pour trois personnes seulement. Si nous avions les moyens, nous serions allés à Bujumbura ou à Gisozi où on nous l’a indiqué», explique-t-elle. Pour le moment, elle prie Dieu que ce chien dont personne ne connaît l’identité ne soit pas enragé. « Chaque matin, quand je me lève je me dirige directement dans la chambre de mon fils pour vérifier s’il n’a pas déjà montré les signes de la maladie. Me voisins m’ont dit que ceux qui sont mordus par le chien enragé aboient dès le 15ème jour. Que Dieu épargne mon fils de cette maudite maladie ! » Ces parents qui ont cherché désespérément le traitement ne décolèrent pas. Ils ne comprennent pas comment un hôpital peut manquer de sérums antirabiques, ne serait-ce que pour parer à toute éventualité. La soirée de l’attaque, ils se sont d’abord dirigés vers l’hôpital régional de Gitega. Là, les infirmiers de garde leur auraient signifié d’aller à Kibimba ou à Gisozi. Ce n’est que deux jours après que les trois plus chanceux ont trouvé le médicament à Kibimba. Les quatre autres sont rentrés bredouilles. La colère de Vénérant Ntunguka, chef de colline Muremera, tient beaucoup de ces longs trajets qu’il a effectués pour rien depuis le jour de cette attaque. « Ce soir-là, j’ai accompagné les blessés à Gitega, le lendemain nous étions au chef-lieu de la commune Giheta pour chercher l’administrateur. Même à Kibimba, les médecins nous ont indiqué de revenir au cours de la première quinzaine du mois de décembre », précise-t-il. Mieux vaut prévenir que guérir Selon le médecin vétérinaire provincial de Gitega, vacciner l’animal est beaucoup plus efficace que soigner une personne mordue. « Le vaccin annuel d’un chien coûte entre 5000Fbu et 6000Fbu ; tandis qu’un sérum antirabique pour une personne est autour de 25000Fbu. Alors le patient doit impérativement avoir cinq injections, je ne crois pas que cette somme soit abordable pour tous les habitants », suggère Dr Daniel Nyabenda. Pour lui, l’important est de vacciner le chien avant qu’il ne soit pas atteint car si les premiers signes cliniques se manifestent, le chien ou la personne mordue devra inévitablement mourir. L’option de vacciner l’animal contre la rage est aussi préconisée les autorités communales. Pour Alexis Manirakiza, administrateur de Giheta, la population est déjà avertie de tuer tous les chiens errants. « Nous avons intimé l’ordre à toute personne qui a un chien chez lui de l’attacher et le faire vacciner. Si elle continue de faire sourd oreille, et que son animal cause des dégâts, son maître en payeront les dommages», a-t-il annoncé. Des attaques périodiques Dans cette commune Giheta, les habitants racontent avoir vu leurs chèvres égorgées surtout pendant cette période où il y a beaucoup de champs de maïs. Aux collines Muremera et Rwingiri, certains évoquent même l’histoire d’un cultivateur à qui ces cerbères ont dépecé la bouche. Vénérant Ntunguka, chef de colline Muremera, affirme qu’il est difficile de faire la chasse à ces chiens errant, pendant la journée, car ils se cachent dans les champs. « Ils se manifestent pour attaquer, sinon personne ne pourrait soupçonner leur présence. Comme nous avons déjà constaté que leurs attaques sont devenues fréquentes, nous allons mobiliser la population pour organiser des battues et les éliminer surtout les samedis pendant les travaux communautaires.» Balthazar Misago, de la même colline, reconnait dit avoir abattu son chien quand il a remarqué qu’il ne pouvait plus le contrôler. Et de conseiller à ses voisins de faire autant s’ils ne sont pas capables de les faire vacciner. « C’était pour me protéger des amandes que j’aurais payé s’il avait mordu »,a-t-il avoué ce père de famille qui jure de ne plus garder un chien chez lui.