L’équilibre ethnique dans les institutions et l’administration est prévu par les Accords d’Arusha. Mais cet équilibre s’avère plus difficile à respecter scrupuleusement lorsqu’il s’agit des corps de défense et de sécurité. Jérémie Kekenwa, président de la commission permanente du Sénat chargée des questions institutionnelles, juridiques et des droits et libertés fondamentales.
{Quelle est l’origine de cet équilibre ethnique et quel est son objectif ?}
<doc4631|right>L’équilibre ethnique dans les institutions tient sa source de la Constitution qui reprend, en grande partie, les dispositions contenues dans l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi. Les participants à cet accord ont constaté que le problème burundais était politique mais avec une forte connotation ethnique. Il s ont donc proposé que l’équilibre ethnique soit pris en compte au niveau des administrations et institutions. L’objectif était d’assurer la représentativité de toutes les composantes burundaises soient représentées dans les institutions.
{Peut-on dire que ces équilibres sont toujours respectés ?}
Mettre en place ces équilibres dans un pays comme le Burundi, qui a connu d‘importants bouleversements, est un long processus, mais il y a beaucoup d’avancées. Dans certaines institutions, comme l’Assemblée Nationale et le Sénat, ces équilibres sont entièrement respectés, à raison de 60% de Hutu, 40% de Tutsi, 30% de femmes et des Twa coptés.
{Comment ces équilibres sont-ils prévus dans les corps de Défense et de Sécurité ?}
Au niveau de ces corps, l’équilibre fixé par la Constitution s’applique du sommet à la base. Et le ministre qui a en charge la défense nationale doit provenir d’une ethnie différente de celle du ministre qui a la police dans ses attributions. Il faut également savoir que les membres de ces deux corps doivent être, de la tête à la base, à parité de 50% entre hutu et tutsi.
{Certains considèrent que cet équilibre est aujourd’hui un échec à la PNB, qu’en dites-vous ?}
Il y a beaucoup d’opinions sur ce sujet. En 2008, une enquête du Sénat a démontré que les équilibres dans ces corps sont respectés à 95%, et nous nous référons à ces résultats. La situation a certainement changée, entretemps, et une autre enquête, commencée en avril de cette année, est également en cours pour vérifier l’état de cet équilibre dans les administrations et les corps de Défense et de Sécurité. Mais les résultats n’ont pas encore été publiés.
{La récente nomination au poste de secrétaire permanent au ministère de la Défense et des Anciens Combattants entre-t-elle dans cette optique de respect de l’équilibre ethnique ?}
Les nominations des secrétaires permanents sont faites au sein des ministères pour une meilleure organisation du travail. Mais il n’est pas fait mention d’un secrétaire permanent au ministère de la Défense dans la Constitution. Il se retrouve parmi le personnel du ministère qui doit respecter les 50% exigés par la Constitution.