Une épidémie de diarrhée s’est déclarée, mardi 3 juin, dans les cachots du commissariat de police de Ruyigi. Les détenus criaient à la dysenterie. Un médecin a été vite dépêché et le calme est revenu, alors que l’Aprodh dénonce un nombre élevé de locataires.
« C’est insupportable. Impossible de vivre dans ces conditions », se lamentent les personnes détenues dans le commissariat de Ruyigi. Depuis la veille, six d’entre elles souffrent de diarrhée. Pour leurs camarades d’infortune, c’est un supplice de plus. Dans une petite chambre de 2m sur 3m avec 7 ou 8 personnes dedans, on est sûr de sentir l’odeur. Les détenus paniquent et craignent la dysenterie. «L’urgence est de les soigner avant qu’ils nous contaminent.», s’exclament-ils.
Alertées, les autorités policières se mobilisent. Les détenus sont sortis à l’air libre. Un médecin est dépêché pour les examiner. Il diagnostique une simple diarrhée. Les détenus poussent un ouf de soulagement. En retournant dans leurs cellules, ils se lancent des boutades sur leur peur apparemment infondée. « Ils ont seulement eu peur, mais il n’y avait pas de danger », souligne l’adjoint du commissaire provincial.
Une chaine pénale non respectée
«Les engagements de la chaîne pénale ne sont pas respectés surtout au niveau du parquet », martèle Félicien Birorimana, représentant local de l’Aprodh. D’après lui, on remarque souvent un nombre élevé de détenus dans ce cachot du commissariat. A titre d’exemple, poursuit-il, il y avait 29 personnes incarcérées dans l’avant-midi de ce mardi 3 juin. «Normalement, le commissariat est un lieu de transit. C’est incompréhensible qu’une personne y passe toute une semaine voire plus alors que son dossier a été clôturé.»
Selon lui, c’est ce qui arrive aux détenus transférés au commissariat en provenance des cachots de différentes communes de la province Ruyigi. Pour Félicien Birorimana, la faute est du côté du parquet de Ruyigi qui accuse une lenteur dans l’instruction des dossiers.
Le représentant local de l’Aprodh fait savoir que cette situation a des conséquences néfastes pour le prévenu. Suite à l’exigüité des lieux et au nombre de détenus dans la cellule, certaines personnes incarcérées contractent de nombreuses maladies comme la malaria, les maladies liées au manque d’hygiène, les maladies respiratoires… et recourent souvent à l’automédication. Cela est très dangereux. De plus, ils n’ont pas de quoi manger surtout ceux qui viennent des communes éloignées du chef-lieu de la province. «Etant en prison, par contre, ils bénéficient des services d’un médecin et de la nourriture. Le parquet doit faire un effort pour le bien des détenus.» Interrogé, le procureur de la République à Ruyigi, Isaac Sabuwanka, a promis de s’exprimer ultérieurement.